Mademoiselle – Version longue
Corée du Sud : 2016
Titre original : Agassi
Réalisation : Park Chan-Wook
Scénario : Park Chan-Wook, Chung Seo-kyung
Acteurs : Kim Min-Hee, Kim Tae-Ri, Jung-Woo Ha
Éditeur : M6 Vidéo
Durée : 2h24
Genre : Drame, Thriller
Date de sortie cinéma : 1 novembre 2016
Date de sortie DVD/BR : 22 mars 2017
Pendant les années 30, dans une Corée sous domination japonaise, Sook-hee est engagée comme domestique au service d’une héritière japonaise, qui vit dans un beau manoir sous la domination de son oncle tyrannique. Mais la jeune femme a un secret : pickpocket experte depuis l’enfance, elle a été embauchée par un escroc qui se fait passer pour un comte japonais. Sook-hee est en effet chargée de l’aider à séduire l’héritière afin de la délester de sa fortune. Mais les sentiments s’en mêlent…
Le film
[4/5]
De tous les films sortis en salles durant l’année 2016, Mademoiselle est sans aucun doute, ex-æquo avec The Neon Demon, celui qui a le plus déchaîné les passions des cinéphiles, enflammant littéralement les réseaux sociaux de cris du cœur et autres odes dédiées à la beauté plastique incroyable du film de Park Chan-wook. Les échos positifs et autres dithyrambes enthousiastes fusaient de toutes parts, au point que l’on s’est un peu étonné au final que le film n’ait réuni que 300.000 spectateurs dans les salles obscures (dont la moitié à Paris). Néanmoins, on reconnaîtra à Mademoiselle un parcours en salles plus honorable que celui du film de NWR (qui n’avait attiré que 139.000 curieux, pour la plupart morts d’ennui ou d’une crise d’épilepsie avant même la fin de la séance).
Sur critique-film.fr, le nouveau film de Park Chan-wook avait divisé la rédaction : d’un côté, nous avions Julien Mathon, créateur et membre historique du site, dont les avis ne souffrent de fait absolument aucune discussion. Il avait découvert Mademoiselle pendant le 69ème Festival de Cannes, en 2016 :
« Adaptation du roman policier Du bout des doigts de Sarah Waters, le dernier film du réalisateur sud-coréen Park Chan-wook (Oldboy) plante sont décors durant les années d’occupation japonaise. On y suit l’histoire d’une riche Japonaise qui va faire face à deux arnaqueurs qui manigancent de voler son héritage. Un thriller haletant dans lequel la tension sexuelle est omniprésente. Une mise en scène impressionnante pour cette pépite visuelle qui allie beauté des décors et beauté des corps. Magique ! »
Face à Julien, Jean-Jacques Corrio reconnaissait au film de très belles images, un bon scénario, mais une trop grande froideur. Voici un extrait de sa critique :
« Lorsqu’on vient de voir Mademoiselle, on a une certitude : il s’agit d’un film sur la manipulation. Une manipulation qui concerne les protagonistes entre eux et une manipulation des spectateurs pratiquée par le réalisateur. Par contre, lorsqu’on sort du film, deux types de réflexion sont envisageables, sans forcément être incompatibles l’une par rapport à l’autre : une réflexion très cérébrale qui va faire appel à Sade, aux écrits libertins des siècles passés, à des notions de maître / esclave, voire même à un désir de réconciliation entre le Japon et la Corée ; une réflexion beaucoup plus terre à terre consistant à se dire qu’on a vu de très belles actrices et de très belles images sur un scénario plutôt habile, mais qu’on s’est surtout souvent ennuyé face à une réalisation très académique, confuse et, finalement, très froide.
Mademoiselle est un film que Park Chan-wook a envisagé de tourner en 3D, ce qui, dit-il, lui aurait permis de mieux faire ressortir le point de vue de chacun des personnages. Des raisons financières ont fini par l’en dissuader et il a tenté d’obtenir l’effet recherché, en collaboration avec Chung-hoon Chung, son directeur de la photographie depuis Oldboy, par les mouvements de caméra et l’utilisation d’un objectif anamorphique. Malheureusement, cela donne un film très académique dont la somptuosité des images, indéniable, et la virtuosité des plans finissent par nuire au récit, montrant des corps d’une grande beauté en contradiction avec leurs personnalités intimes. »
M6 Vidéo vous propose aujourd’hui de trancher et de « choisir votre camp », avec la sortie d’un somptueux Blu-ray, contenant, en plus de la version découverte en salles (2h25), une version longue inédite du film, d’une durée de 2h48. De quoi prolonger le plaisir de ceux qui ont adoré, et donnera l’occasion aux autres de réviser leur jugement…
Le Blu-ray
[4,5/5]
Le test a été effectué à partir du Blu-ray de la version longue du film. On supposera ici que la qualité visuelle (exceptionnelle) et sonore (époustouflante) proposée sur le Blu-ray de la version « courte » du film est la même, mais ce dernier ne nous a pas été fourni par l’éditeur.
Le transfert du Blu-ray « version longue » édité par M6 Vidéo, proposé en 1080p, est tout simplement extraordinaire, proposant un encodage toujours maîtrisé malgré les nombreuses scènes nocturnes, et un piqué d’une précision chirurgicale – les nombreux amoureux du film seront assurément aux anges. Côté son, seule la VO est proposée, dans un flamboyant mixage DTS-HD Master Audio 5.1, dynamique et diablement immersif, agressif par moments, et déployant des basses absolument tonitruantes, surtout lors des passages les plus dingues du film (le disque de la version cinéma contient à priori une VF, également mixée en DTS-HD Master Audio 5.1).
Niveau suppléments, si le dossier de presse indique la présence de bonus, ces derniers doivent se trouver sur le Blu-ray de la version cinéma : la deuxième galette ne contient que le film, dont la durée ne permettait probablement pas d’en ajouter.