Test Blu-ray : L’Invasion des morts-vivants

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L’Invasion des morts-vivants

Royaume-Uni : 1966
Titre original : The Plague of the Zombies
Réalisation : John Gilling
Scénario : Peter Bryan
Acteurs : Andre Morell, Diane Clare, John Carson
Éditeur : Tamasa Diffusion
Durée : 1h30
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 19 octobre 1966
Date de sortie DVD/BR : 31 octobre 2023

Dans un village des Cornouailles au XIXème siècle, une présence maléfique rôde à l’heure du diable, un fléau mystérieux qui tue inlassablement. Incapable de trouver la cause de ce phénomène, le docteur Peter Tompson demande de l’aide à son ancien professeur Sir James Forbes. Ils vont découvrir un univers de magie noire et une légion d’esclaves maudits assoiffés de chair et de sang…

Le film

[5/5]

Lorsque L’Invasion des morts-vivants est sorti sur les écrans du monde entier en 1966, les histoires de zomblards – qui pullulent aujourd’hui littéralement dans le cinéma d’horreur – n’étaient pas franchement monnaie courante. Le phénomène La Nuit des morts-vivants n’avait en effet pas encore vu le jour, et de fait, John Gilling et la Hammer Films se posaient de fait en véritables « précurseurs » d’un courant de l’horreur qui deviendrait, quelques années plus tard, un véritable phénomène culturel.

Le scénario du film est signé Peter Bryan, qui avait déjà travaillé avec la Hammer puisqu’on lui devait les scripts du Chien des Baskerville (1959) et des Maîtresses de Dracula (1960). Deux films extrêmement classiques qui ne permettaient en rien de présager qu’il aurait l’occasion avec L’Invasion des morts-vivants de bousculer les normes du cinéma d’horreur de l’époque en imaginant un film qui, certes, respecte en partie les règles tacites de la Hammer, mais qui fait également preuve d’audace et de nouveauté dans la façon dont il amène le grand frisson horrifique au spectateur.

L’intrigue de L’Invasion des morts-vivants se met lentement en place, mais elle est constamment soutenue par la mise en scène de John Gilling, qui parvient à créer une atmosphère solide et efficace. L’ambiance du film possède la saveur gothique typique des films de la Hammer mêlée à un je-ne-sais-quoi de sentiment de chaos, lié à l’utilisation de la magie noire, qui lui confère presque une ambiance de fin du monde du meilleur effet. De fait, la tension monte lentement, de façon sourde, mais sans jamais se relâcher, le film emmenant le spectateur en direction d’un climax assez époustouflant dans son genre.

Le casting est par ailleurs absolument remarquable. En tête d’affiche, on retrouvera avec plaisir André Morell, inoubliable interprète du Dr. Watson dans Le Chien des Baskerville, excellent dans le rôle du professeur obstiné qui se rend rapidement compte que quelque chose de maléfique s’est emparé de ce paisible petit village des Cornouailles. En deux mots comme en cent, L’Invasion des morts-vivants offre au spectateur exactement ce qu’un bon film de la Hammer a à offrir – une atmosphère prenante, un grand soin apporté aux décors et aux effets spéciaux, une pincée d’humour noir – mais parvient à nous offrir un peu plus. Autant dire que l’on touche au sublime !

Le Blu-ray

[4,5/5]

À ce jour, L’Invasion des morts-vivants est uniquement disponible en Blu-ray au sein du coffret Hammer 1966-1969 – l’Âge d’Or, disponible chez Tamasa Diffusion depuis le 31 octobre. Ce coffret est disponible en édition limitée et numérotée à 2000 exemplaires, et nous propose sept films produits par le studio Hammer dans les années 60, dans de superbes versions restaurées. Le coffret contient par ailleurs une poignée de goodies, telles que des cartes reproduisant les affiches originales des 7 films et un livret inédit de 52 pages avec documents, illustrations, photos et affiches. Si vous commandez le coffret sur le site de l’éditeur Tamasa Diffusion, vous pourrez peut-être également recevoir un décapsuleur aux couleurs de la Hammer ainsi qu’un jeu de 3 sous-bocks. Attention, quantités limitées !

Comme dans le cas du coffret Hammer 1970-1976 – Sex & Blood sorti en novembre 2020, on a choisi d’évoquer la sortie de ce coffret majeur en revenant sur chaque film de façon individuelle, dans une série d’articles qui paraîtront dans les jours à venir. Le coffret Hammer 1966-1969 – l’Âge d’Or contient donc sept films, qui étaient tous sortis en France au format DVD en 2005, chez Metropolitan Vidéo, dans la collection « Les Trésors de la Hammer ». Il s’agit des films suivants : Dracula prince des ténèbres (1966), Raspoutine le moine fou (1966), L’Invasion des morts-vivants (1966), La Femme reptile (1966), Dans les griffes de la momie (1967), Frankenstein créa la femme (1967) et Les Vierges de Satan (1968).

Côté Blu-ray, le travail éditorial fourni par Tamasa Diffusion sur les films composant le coffret Hammer 1966-1969 – l’Âge d’Or est d’une solidité à toute épreuve. Même si des taches et autres petits défauts apparaissent de façon occasionnelle, même si les scènes nocturnes et/ou à effets affichent de légères pertes de définition, le grain argentique a globalement été scrupuleusement préservé, la définition est accrue et les couleurs s’avèrent assez sublimes. Les films bénéficient donc indéniablement d’un joli upgrade Haute-Définition, surtout lorsqu’on les compare à leurs équivalents au format DVD. Bref, le résultat s’avère vraiment excellent. Côté son, chaque film du coffret est proposé en VOST uniquement et Dolby Digital 2.0 (mono d’origine). Le rendu acoustique s’avère, dans chaque cas, parfaitement clair, net et sans bavures. On pourra néanmoins regretter la disparition des versions françaises, qui étaient en revanche disponibles sur la plupart des galettes DVD de 2005.

Du côté des suppléments, chaque Blu-ray nous propose, en plus de la traditionnelle bande-annonce, une présentation du film par Nicolas Stanzick, qui s’avère incontestablement « LE » grand spécialiste français de la Hammer, puisqu’il est l’auteur de l’ouvrage de référence Dans les griffes de la Hammer (éditions Bord de l’Eau, 2010). Un deuxième module est présent sur tous les Blu-ray du coffret : il s’agit d’une analyse de séquence par Mélanie Boissonneau, docteure en études cinématographiques, spécialiste de la figure de la « pin-up » au cinéma. Enseignante à l’Université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle et à L’École de la Cité, elle travaille également sur le cinéma d’horreur, le sport au cinéma et les super-héroïnes.

Sur le Blu-ray de L’Invasion des morts-vivants, on trouvera donc tout d’abord une présentation du film par Nicolas Stanzick (« Prémices du Zombie moderne », 36 minutes). Ce dernier commencera en évoquant la figure du Zombie au cinéma, et affirmera que le film de John Gilling constitue une espèce de « chainon manquant » entre les premières représentations du zombie au cinéma – à savoir Les Morts-vivants (White Zombie, Victor Halperin, 1932) et Vaudou (I walked with a Zombie, Jacques Tourneur, 1943) – et la version moderne que nous en proposera George A. Romero en 1968. Il continuera ensuite en évoquant le scénario du film et le faible budget mis à disposition pour réaliser le film, qui était pensé par la Hammer pour être vu en double-programme avec Dracula prince des ténèbres. Pour autant, Nicolas Stanzick reconnaitra non sans une certaine admiration que cette économie de moyens contribue à la redoutable efficacité du film. On terminera avec une analyse de séquence par Mélanie Boissonneau (« Prédateur for ever », 10 minutes), qui s’attardera sur la scène de la rencontre entre les personnages de Sylvia (Diane Clare) et Lord Hamilton (John Carson), placée sous le signe de la chasse et de la relation entre le prédateur et sa proie. Elle s’évertuera à démontrer l’habileté de la mise en scène de John Gilling, qui parvient peu à peu à « coincer » le personnage incarné par Diane Clare dans un coin du cadre. Malheureusement, cette présentation est un peu parasitée par de petits problèmes de mise au point sur certains plans, qui laissent l’intervenante dans une espèce de flou artistique alors que les arbres à sa droite sont parfaitement nets, ainsi que par un vent un peu trop fort qui nous empêche parfois de comprendre distinctement ce qui nous est raconté.

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