Test Blu-ray : L’incompris

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1869

L’incompris

Italie : 1966
Titre original : Incompreso – Vita col figlio
Réalisation : Luigi Comencini
Scénario : Leonardo Benvenuti, Piero De Bernardi
Acteurs : Anthony Quayle, Stefano Colagrande, Simone Giannozzi
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h44
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 31 juillet 1968
Date de sortie DVD/BR : 7 juillet 2021

Le consul britannique à Florence vient de perdre sa femme. Ébranlé par le deuil, il partage la nouvelle avec son fils aîné, Andrea, mais choisit de protéger le plus jeune, Milo, en lui faisant croire que sa mère est partie en voyage. Avec l’absence répétée de leur père, les deux jeunes enfants sont quotidiennement laissés à la garde de nounous, au sein d’une vaste demeure familiale. Malgré les jeux qu’ils partagent et leur forte complicité, Andrea et Milo sont divisés par l’attitude de leur père : alors qu’il manifeste toute sa tendresse au petit qui souffre d’une santé fragile, le consul délaisse l’aîné qu’il juge insensible et irresponsable…

Le film

Lors de sa prime présentation au festival de Cannes en 1967, L’incompris fut largement hué par la majorité des critiques de l’époque, qui trouvèrent le film de Luigi Comencini manipulateur, tire-larmes, et même plus largement absolument répugnant, racoleur, complaisant ou dégueulasse dans sa façon de présenter les affres de l’enfance face au deuil et à la solitude. A l’image de son titre, le film de Luigi Comencini était un grand « incompris », victime d’une critique prenant énormément de recul par rapport à ce qui lui était montré, et d’une époque où les mécanismes du « mélo » étaient considérés comme d’infectes façons de faire pleurer dans les chaumières.

Ainsi, le film se trimbala une désastreuse réputation jusqu’à sa « redécouverte » en France onze ans plus tard. En 1978, la sensibilité de Comencini et son délicat rapport à l’enfance – ou plus largement à la perte de l’innocence – avait été repérée par la critique grâce à des films tels que Casanova, un adolescent à Venise (1969) et Les aventures de Pinocchio (1971). Il n’en faudrait pas moins pour que L’incompris soit réhabilité et reçoive enfin un jugement favorable – la nouvelle sortie en France fut ainsi placée sous le signe d’un véritable triomphe critique et public.

Outre le fait de souligner la propension de la critique à retourner sa veste de la plus spectaculaire des manières, cette anecdote concernant L’incompris révèle surtout à quel point le ressenti pourra varier d’un spectateur à l’autre face à cette œuvre singulière, tantôt décrite comme un trésor de délicatesse et de subtilité, tantôt comme un mélo y allant avec ses gros sabots et semblant se délecter de son propre pathos.

Cinquante ans plus tard, rien n’a changé : d’aucuns verront dans L’incompris une peinture de l’enfance esquissée par petites touches pleines de justesse, et formant une œuvre impressionniste sur le deuil et la relation père / fils. A contrario, d’autres y verront d’avantage une peinture à la truelle, misant sur l’​empâtement et les excès. La « vérité » et l’âme du film de Comencini se situe sans doute entre ces deux tendances.

Cela dit, chacun reconnaîtra sans peine que la mise en scène de Luigi Comencini est remarquable, notamment dans la façon dont il filme les deux enfants au centre du récit. Les acteurs sont incroyables de naturel, ce qui appuie la vraisemblance de l’ensemble et certains passages sont réellement touchés par la grâce. Les jeux de regards et les non-dits font partie intégrante de la narration, et par instants, on pourra se laisser transporter par la poésie des images et des sons, tout autant que par le contraste qu’installe Comencini entre le monde de l’enfance et celui des adultes, symbolisé par la mort.

Toute l’appréciation de L’incompris est en fait question de sensibilité. Beaucoup y voient un drame poignant de l’enfance, d’autres en revanche trouveront que, à la manière d’un film tel que Le plongeon (The swimmer, Frank Perry, 1968), tout dans le film de Comencini est trop appuyé pour être véritablement bouleversant et/ou convaincant. En tous les cas, il est bien difficile de déterminer à priori si L’incompris parviendra à faire sauter vos barrières mentales et – surtout – émotionnelles. Néanmoins, s’il y parvient, il y a de fortes chances pour que vous soyez hanté(e) à vie par le regard d’Andrea, le petit garçon au cœur du film.

Le Blu-ray

Dix ans après avoir sorti le film au format DVD, Carlotta Films nous livre donc aujourd’hui L’incompris au format Blu-ray. Et comme à son habitude, l’éditeur français nous propose une présentation Haute-Définition globalement tout à fait satisfaisante. Le master restauré présente néanmoins quelques défauts ; le manque de piqué et de granulation laissent en effet à penser à un léger abus de DNR. Pour autant, les couleurs sont éclatantes et naturelles, de même que les contrastes, et le tout maintient dans l’ensemble un très bon niveau de qualité, très supérieur au DVD de 2011. Niveau son, VF et VO italienne nous seront proposées, dans des mixages DTS-HD Master Audio 1.0 (mono d’origine) au rendu sonore confortable, clair et sans le moindre souffle.

Dans la section bonus, on trouvera tout d’abord une présentation du film par Michel Ciment (24 minutes), au cœur de laquelle le directeur de la publication de Positif reviendra – entre autres – sur l’attachement de Luigi Comencini à l’enfance. On continuera ensuite avec des entretiens inédits avec Piero de Bernardi et Cristina Comencini (36 minutes). Le coscénariste du film la fille du réalisateur y reviendront sur le processus d’adaptation de L’incompris (à l’origine un roman écrit par Florence Montgomery en 1869), et évoqueront l’attachement tout particulier de Luigi Comencini pour cette œuvre. On terminera enfin avec la traditionnelle bande-annonce.

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