Test Blu-ray : L’homme qui venait d’ailleurs

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L’homme qui venait d’ailleurs

 
Royaume-Uni : 1976
Titre original : The man who fell to Earth
Réalisateur : Nicolas Roeg
Scénario : Paul Mayersberg
Acteurs : David Bowie, Rip Torn, Candy Clark
Éditeur : Potemkine Films
Durée : 2h19
Genre : Science-fiction, Fantastique
Date de sortie cinéma : 6 juillet 1977
Date de sortie Blu-ray : 3 mai 2016

 

 

Thomas Jérôme Newton semble avoir survécu à un crash aérien au Nouveau Mexique. Il se dit britannique et apporte avec lui 9 brevets scientifiques révolutionnaires. Propulsé à la tête d’un empire financier colossal, il manifeste très vite un comportement étrange qui trahira ses véritables origines…

 

 

Le film

[4/5]

La mort inattendue de David Bowie début janvier 2016 a amené beaucoup de cinéphiles à se pencher sur l’empreinte que l’artiste avait pu laisser dans l’histoire du cinéma. Régulièrement aperçu dans des nanars ou films très dispensables (Série noire pour une nuit blanche, Gunslinger’s revenge…), Bowie avait également, en environ 40 ans de carrière au cinéma, côtoyé quelques grands noms du septième Art (Martin Scorsese, David Lynch, Nagisa Oshima, Christopher Nolan…). Mais le rôle de sa carrière, celui qui restera à priori dans toutes les mémoires au sein de sa filmographie, est sans aucun doute celui-ci de Newton dans L’homme qui venait d’ailleurs de Nicolas Roeg.

Réalisé en 1976, c’est-à-dire à une période où Bowie était au top de sa popularité du côté de la musique, L’homme qui venait d’ailleurs entretient d’ailleurs des liens étroits et évidents avec la carrière musicale de la rockstar : comment ne pas dresser de passerelles entre la fable science-fictionnelle et écolo de Nicolas Roeg et des disques tels que Space oddity (1969) ou des chansons telles que Life on Mars (1971) ? Comment ne pas tisser de liens entre Newton et le personnage de Ziggy Stardust, créé par le chanteur en 1972 ?

Mais si L’homme qui venait d’ailleurs ne peut logiquement pas prendre de distances avec la carrière musicale de David Bowie, il n’en reste pas moins également un film indissociable du style déjà bien établi de Nicolas Roeg, un des formalistes les plus fascinants (avec Ken Russell bien entendu) officiant au Royaume-Uni durant les années 1970. On retrouve en effet dans L’homme qui venait d’ailleurs une des grandes obsessions du cinéma de Roeg : celle de la « vision », que l’on avait déjà abordé rapidement à l’occasion de la sortie en Blu-ray de Ne vous retournez pas (1973) en octobre dernier. Dès les premières minutes de son film, le cinéaste amène le spectateur à remettre systématiquement en question ce qu’il voit ; Roeg choisit de le bousculer, de le déstabiliser avec des images proches de l’abstraction ou volontairement mystérieuses, bizarres (autant qu’étranges), en tous cas toujours énigmatiques, jamais clairement identifiables. Fascinant, L’homme qui venait d’ailleurs développe ainsi une réflexion sur l’incapacité de l’être humain à « voir », à discerner les choses, et les différents sens que l’on peut prêter aux images, questionnant par le prisme de la vision les notions de réalité et d’illusion : une idée qui traversera toute son œuvre, comme une remise en question même du médium qu’il utilise pour exprimer son Art. Ce qui ne l’empêche pas non plus d’aborder des sujets un peu moins philosophiques, tels que l’écologie par exemple. Une belle réussite artistique, et un film définitivement atypique, à la fois intrigant et attachant.

 

 

Le Blu-ray

[4/5]

L’homme qui venait d’ailleurs débarque donc en version intégrale en Blu-ray sous les couleurs de Potemkine Films. Le master s’impose d’entrée de jeu, imposant un piqué précis tout en respectant la granulation d’origine du film. La colorimétrie et les contrastes ont été tout particulièrement soignés, même si certaines séquences en basse lumières affichent des noirs un poil bouchés. Côté son, même constat d’excellence avec une bande-son mixée en DTS-HD Master Audio 2.0 clair et offrant un bon équilibrage dialogues / effets sonores, tout en rendant clairement honneur à la bande originale du film, signée John Phillips.

Du côté des suppléments, l’éditeur fait table rase de tous les suppléments existant sur les éditions antérieures, et nous propose un sujet documentaire intitulé David Bowie au cinéma, rythmé par les interventions de Jean-Marc Lalanne (Les Inrocks) et Linda Lorin (Radio Nova). Si captivant soit-il, ce sujet de 25 minutes en forme d’hommage à la rockstar disparue ne se rapporte que très peu à L’homme qui venait d’ailleurs à proprement parler. Dommage !

 

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