L’Homme de la loi
États-Unis : 1971
Titre original : Lawman
Réalisation : Michael Winner
Scénario : Gerald Wilson
Acteurs : Burt Lancaster, Robert Ryan, Lee J. Cobb
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h39
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 21 juillet 1971
Date de sortie DVD/BR : 24 mars 2022
Le shérif Jered Maddox arrive dans la petite ville de Sabbath afin d’arrêter Vincent Bronson et ses hommes. Riche propriétaire terrien, Bronson est accusé du meurtre d’un vieil homme, survenu dans la ville de Bannock, dont Jered est le shérif. Ce dernier demande l’aide de son confrère Cotton Ryan, mais celui-ci est sous la coupe de Bronson. Désormais seul contre tous, Jered Maddox va comprendre que pour faire justice, une étoile de shérif ne suffit pas…
Le film
[4/5]
Injustement méprisé par les amateurs de western et les gardiens du temple du bon goût cinématographique, L’Homme de la Loi fut souvent présenté au public dans une version censurée de la plupart ses plans déviants (gore essentiellement), qui tendait à amoindrir l’impact du film tout autant que sa filiation directe avec le western Spaghetti, qui fut manifestement une influence majeure et incontournable pour le réalisateur Michael Winner. Heureusement, lors de son arrivée sur format DVD il y a quelques années maintenant, le western de 1971 retrouva son intégrité et son style. Cinéaste de l’excès, et de ce que d’aucuns appellent du « mauvais goût », Winner avait en effet mis le paquet avec L’Homme de la Loi, signant de fait un western très à part, volontairement loin des canons et motifs habituels du genre.
Quelques années avant de se lancer à corps perdu dans la saga Un justicier dans la ville avec son ami Charles Bronson, Michael Winner mettait déjà en scène, dans L’Homme de la Loi, un cow-boy entre deux âges prêt à montrer aux plus jeunes qu’il en avait encore dans le slibard. Préfigurant, sur le mode western, les excès et l’intrigue du Justicier, le film met en scène le shérif Maddox, incarné par Burt Lancaster et bien déterminé à venger un vieil homme ayant trouvé la mort accidentellement suite à une soirée de beuverie un peu trop arrosée. Aussi obtus que décidé à se poser comme juge, jury et bourreau pour les hommes qu’il traque au nom de la « justice », Maddox ne tardera pas, par ses méthodes expéditives, à se montrer aussi – et voire plus – dangereux que les hommes qu’il traque sans relâche.
L’Homme de la Loi nous propose par conséquent un spectacle certes moralement douteux, mais ayant l’immense qualité de s’avérer assez jouissif et spectaculaire. Si Maddox n’est pas un personnage sympathique, le zèle dont il fait preuve et l’ardeur qu’il met à la tâche sont assez réjouissants, même si bien sûr, plus l’intrigue avance et moins le spectateur sera en capacité de différencier Maddox d’un simple tueur de sang-froid. Mais il a sur lui le sésame : la plaque de shérif, qui lui confère l’autorité et le prestige, et qui fait de lui L’Homme de la Loi. Peu intéressé par le fait de développer les implications morales, idéologiques ou même psychologiques de son point de départ, Michael Winner joue la carte du spectacle, poussant les curseurs dans un crescendo de violence qui explosera littéralement lors d’un final apocalyptique démythifiant définitivement le héros de western inventé par Hollywood, et assez hallucinant dans son genre de nihilisme et de violence décomplexée.
Quoiqu’il en soit, L’Homme de la Loi s’impose comme un western de pure tension et de pur plaisir. Une partie de l’intérêt du film vient également de la présence d’une poignée de stars vieillissantes, qui jouent ici leurs derniers rôles « virils » avec l’énergie du désespoir, comme si c’était la dernière fois qu’ils le pouvaient avant de se voir cantonnés à des rôles de nobles vieillards. Burt Lancaster dégage une puissance et une tristesse inouïe, et donne à son personnage une dureté inhumaine que peu de comédiens savent traduire sans en faire trop. Robert Ryan est au moins aussi bon que dans La Horde Sauvage, et on n’oubliera pas Lee J. Cobb, Joseph Wiseman, Robert Duvall, Sheree North bien sûr, ainsi que Richard Jordan, qui composent de remarquables seconds rôles. Un excellent western !
Le Blu-ray
[4/5]
Sorti en DVD en 2001 chez MGM, puis en 2014 au sein de la collection « Western de légende » de Sidonis Calysta, L’Homme de la Loi revient aujourd’hui sur le devant de la scène par le biais d’une toute nouvelle édition Blu-ray, toujours chez Sidonis, et toujours bien sûr dans la collection « Western de légende ». Le master est proposé en 1080p, et la restauration est globalement satisfaisante ; le tout est encodé avec soin, et le film de Michael Winner affiche un solide niveau de détail et des contrastes solides, même si les couleurs auraient peut-être nécessité un petit coup de boost. Par ailleurs, l’image ne semble pas avoir subi de filtrage numérique : le grain argentique est parfaitement respecté. Le résultat est donc perfectible, mais les amoureux du film s’en contenteront assurément, rien que pour le plaisir de revoir le film sur grand écran. Côté son, l’éditeur nous propose deux pistes audio (VF/VO) mixées en DTS-HD Master Audio 2.0, propres, sans souffle, proposant une immersion parfaite au cœur du film. On notera qu’un court passage de la version française est proposé en VOST.
Côté suppléments, l’éditeur recycle tout d’abord la présentation du film par Patrick Brion (9 minutes), issue du DVD de 2014. Le créateur du « Cinéma de minuit » y abordera L’Homme de la Loi par le biais de quelques extraits de l’autobiographie de Michael Winner. Un peu plus complète et intéressante, la nouvelle présentation du film par Jean-François Giré (16 minutes) replacera le film dans la carrière de Michael Winner, reviendra sur le scénario du film ainsi que sur quelques-unes de ses caractéristiques formelles les plus évidentes, telles que l’usage un peu excessif du zoom. Il élargira par la suite au reste de la carrière du cinéaste. On continuera ensuite avec un documentaire sur Burt Lancaster (50 minutes), qui reviendra sur la carrière de l’acteur tout en nous proposant quelques informations sur sa vie personnelle. On terminera enfin avec un hommage à Michael Winner (12 minutes), qui a le mérite de proposer une large sélection d’images et d’entretiens avec le cinéaste, de même que les discours de Roger Moore et Michael Caine lors de ses funérailles. La traditionnelle bande-annonce fermera le tour des bonus.