Test Blu-ray : L’homme de guerre + État d’urgence (Dolph Lundgren)

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Après Jean-Claude Van Damme, qui a eu droit à trois « bi-packs » Blu-ray chez Metropolitan Vidéo en 2016/2017, c’est aujourd’hui au tour de Dolph Lundgren, autre icône incontournable du cinéma d’action des années 90, d’avoir les honneurs d’une double sortie en Haute Définition, consacrée à L’homme de guerre (1994) et État d’urgence (1997).

On espère que ce bi-pack permettra de réhabiliter un peu la carrière de Dolph Lundgren aux yeux du public français, qui reste encore aujourd’hui -et malgré sa grande taille (1m96)- un peu dans l’ombre d’autres « action stars » des années 80/90. C’est dommage, car il compte parmi les plus intéressants d’entre elles, grâce notamment à sa capacité à incarner, comme Schwarzenegger avant lui, d’implacables « méchants » transcendant littéralement des films parfois faiblards (Rocky IV, Universal soldier, Johnny Mnemonic…), ce que d’autres stars telles que Steven Seagal, Sylvester Stallone ou encore Chuck Norris n’ont encore jamais osé faire.

Par conséquent, les 20 premières années de la carrière de Dolph Lundgren ne sont pas forcément très bien représentées sur support Blu-ray : seuls Rocky IV, Le scorpion rouge, Punisher et Universal Soldier étaient à ce jour disponibles en Haute-Définition. Quatre films sur la trentaine de longs-métrages que le géant suédois a tourné entre 1985 et 2005. On remercie donc à nouveau très chaleureusement Metropolitan Vidéo pour cette remarquable initiative !

 

 

L’homme de guerre


États-Unis : 1994
Titre original : Men of war
Réalisation : Perry Lang
Scénario : John Sayles, Ethan Reiff, Cyrus Voris
Acteurs : Dolph Lundgren, Charlotte Lewis, BD Wong
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h43
Genre : Action
Date de sortie cinéma : 12 juillet 1995
Date de sortie DVD/BR : 12 septembre 2017

 

 

Ne supportant plus son retour à la vie civile, Nick Gunar, un ancien mercenaire, accepte à contre-cœur un contrat très spécial : convaincre, par la force si nécessaire, les habitants d’une île paradisiaque de céder leurs terres et ses richesses à une multinationale. Nick réunit autour de lui d’anciens compagnons de combat entraînés et investit l’île. Mais au contact des indigènes de ce paradis perdu, le suédois entrevoit une nouvelle vie et renonce à sa mission. Son équipe de mercenaires ne l’entend pas ainsi et une guerre impitoyable éclate…

 

 

État d’urgence


États-Unis : 1997
Titre original : The peacekeeper
Réalisation : Frédéric Forestier
Scénario : Stewart Harding, Robert Geoffrion
Acteurs : Dolph Lundgren, Michael Sarrazin, Roy Scheider
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h38
Genre : Thriller, Action
Date de sortie DVD/BR : 12 septembre 2017

 

 

Depuis que le Président des États-Unis lui a confié la responsabilité de l’arsenal nucléaire américain, le commandant Frank Cross est devenu un des membres les plus importants de l’armée et la cible d’une redoutable organisation terroriste. Celle-ci est parvenue à lui dérober la mallette contenant les codes secrets et menace Washington de destruction nucléaire si ses exigences ne sont pas respectées… A commencer par le suicide télévisé du Président. Cross a peu de temps pour agir et aucun droit à l’erreur…

 

 

Les films

[4/5]

Un peu méconnu, souvent oublié au cœur de la (riche) filmographie de Dolph Lundgren, L’homme de guerre est pourtant l’un des derniers films mettant en scène le géant suédois en tête d’affiche à être sorti dans les salles françaises. Durant ses premières minutes, mettant en scène l’impossibilité pour les « hommes de guerre » du titre de trouver un moyen de se réinsérer au cœur de la société américaine, le film de Perry Lang évoque fortement Rambo : la musique de Gerald Gouriet y est pour quelque chose, évoquant fortement la mélancolie du thème de Jerry Goldsmith, de même que le personnage du colonel Merrick incarné par Kevin Tighe, fonctionnant en écho avec celui du colonel Trautman (Richard Crenna) dans la saga Rambo. Mais la base scénaristique du film écrite par John Sayles part rapidement dans une toute autre direction…

Cette direction, c’est celle du film « de mercenaires », s’attachant à un groupe hétéroclite de personnages, caractérisés de façon si efficace qu’ils en deviennent rapidement attachants. Ainsi, si la nuance peut paraître subtile, L’homme de guerre s’impose d’avantage comme un « film de soldats » que comme un « film de guerre » : on est thématiquement plus proche de films tels que Les douze salopards, Les sept mercenaires, Chiens de guerre ou même Predator, qui empruntait également beaucoup cette voie avec son escadron de mercenaires envoyés en pleine jungle. Et tant qu’on en est à évoquer les films auxquels L’homme de guerre peut faire penser, on citera également L’adieu au roi de John Milius et même Avatar dans le déroulement de son intrigue, très similaire.

D’excellentes références en somme pour un film parvenant sans problème à proposer une certaine profondeur entre deux scènes d’action et les affrontements avec un bad guy de pacotille (le très cabot Trevor Goddard). Et si le film de Perry Lang prend clairement son temps pour installer ses personnages, notamment les habitants de l’île, traités d’égal à égal avec nos soldats, on ne s’ennuie jamais, et L’homme de guerre propose même quelques idées volontiers peut-être pas subversives, mais clairement en réaction contre la politique « impérialiste » américaine. Les héros du film étant de toutes façons des laissés pour compte d’un système qui ne veut pas les voir, le personnage incarné par Dolph Lundgren et les quelques camarades qui le suivent n’auront aucun remords à se retourner contre lui. Si le thème du soldat se retournant contre ses commanditaires est au centre de la carrière de l’acteur suédois (Le scorpion rouge, Universal Soldier, Assassin warrior… mais on voyait déjà les prémisses de cette thématique proche du mythe de Frankenstein – la créature se retournant contre son créateur – dans son tout premier film, le formidable Rocky IV), cette fois et grâce au scénario habile de John Sayles, c’est tout un système que choisit d’affronter Nick Gunar, héros de L’homme de guerre.

Bien sûr, le scénario original a subi quelques modifications, et s’est vu remanier par Ethan Reiff et Cyrus Voris (qui signeraient plus tard les scripts de Kung fu panda et du Robin des bois de Ridley Scott) pour y intégrer d’avantage d’affrontements ; néanmoins, L’homme de guerre trouve tout de même son équilibre, assez inattendu, entre action et réflexion. De fait, les fans d’actioners survoltés peuvent se rassurer : l’action n’est pas en reste, les séquences d’affrontements sont généreuses, et le climax est assez énorme et, surprise, très habilement mis en scène. Perry Lang nous propose en effet des cadres soignés et inventifs, et pas seulement durant les scènes d’action : de nombreux plans sont de toute beauté tout au long du film, l’île est parfaitement mise en valeur et le Cinemascope est littéralement somptueux.

S’il constitue clairement le haut du panier de la carrière de Dolph autant que du film d’action des années 90 en général, on a du mal à comprendre les quolibets et autres moqueries dont L’homme de guerre est régulièrement victime : on se souvient par exemple de Yannick Dahan, qui se moquait du film dans son émission Opération Frisson en 2005, en le qualifiant d’« ouvertement couillon », ou du site Nanarland (pour qui la frontière entre cinéma « bis » et « nanar » est de toutes façons souvent un peu floue), qui le qualifie de « film de guerre ennuyeux à éviter à tout prix ».

 

 

Il y a fort à parier qu’en réalisant Piège de cristal en 1988, John McTiernan ne se doutait pas que son œuvre se révélerait aussi « séminale » dans l’inconscient collectif de l’amateur de cinéma d’action. En effet, dans les quinze années qui ont suivi le chef d’œuvre de McT, les pseudo-remakes et autres semi-plagiats ont commencé à inonder les écrans : aux côtés de la suite « officielle » (58 minutes pour vivre) se sont imposées des démarcations un peu plus bâtardes mais souvent assez fréquentables, d’autant plus quand elles étaient réalisées par des pointures de la série B telles qu’Andrew Davis (Piège en haute mer), Peter Hyams (Mort subite), Albert Pyun (Blast).

De Steven Seagal à Jean-Claude Van Damme, la plupart des « spécialistes » de l’action des années 90 ont dés lors incarné un homme seul déjouant les plans de hordes de terroristes sur-armés : même le petit Wesley a également eu son Passager 57, tandis que le grand Dolph tournait en 1997 ce très fréquentable État d’urgence. Réalisé par Frédéric Forestier cinq ans avant Le boulet, ce film d’action produit par Nu Image constituait le tout premier long-métrage du cinéaste français, qui s’était fait remarquer avec Paranoïa, un court-métrage avec Jean Réno (1993).

Avec le recul, État d’urgence ne détonne finalement pas tant que cela dans la filmographie du cinéaste, dans le sens où le film mêle action et l’humour, et que ceux-ci sont relativement bien dosés. Si à l’origine le scénario proposait encore plus d’idées folles, notamment sur le climax du film, que le budget alloué au projet par Nu Image ne permettait pas de coucher sur celluloïd, ce petit sous-Die Hard comporte au final tout de même bien son lot de séquences marquantes, voire carrément géniales – la poursuite de bagnoles sur les toits des bâtiments, voila une idée inédite et bien jouissive ! De plus, Forestier avait de l’énergie à revendre à l’époque, et la mise en scène s’avère vraiment réussie, et État d’urgence bénéficiait vraiment d’un casting trois étoiles. Dommage cependant que le métrage pèche par un ventre mou en son milieu, un ralentissement dans le mouvement et l’énergie globale d’autant plus frustrant que tous les éléments étaient présents pour en donner pour son argent au spectateur.

Délivrant les scènes d’action avec régularité, État d’urgence amuse franchement par ses invraisemblances énormes et décomplexées (le héros infiltre le gang de terroristes… en enfilant une cagoule !) et son ambiance / design très orienté espionnage old-fashioned, flirtant même vaguement avec le ridicule pour le plus grand plaisir du spectateur (difficile de ne pas rire en voyant le géant Lundgren engoncé dans sa tenue de cosmonaute argentée). Le premier film de Frédéric Forestier vaut donc le déplacement, malgré un manque certain de souffle, de la petite étincelle qui l’aurait rendu vraiment indispensable.

 

 

Le Blu-ray

[5/5]

On ne reviendra pas à nouveau sur l’excellente idée de Metropolitan Vidéo de sortir les films-cultes des années 80/09 sur support Haute Définition dans une série de « bi-packs » regroupant deux films. L’éditeur nous propose donc de (re)découvrir L’homme de guerre et État d’urgence dans leurs formats respectifs et encodés en 1080p. L’image est globalement stable, les copies satisfaisantes, même si des taches, griffes et autres points blancs demeurent sur L’homme de guerre, qui souffre par ailleurs de contrastes un peu aléatoires. Le grain argentique a été préservé, mais sera plus on moins présent selon les séquences. Globalement, le boulot de restauration a été fait avec soin, et que le bond qualitatif par rapport aux éditions DVD antérieures est vraiment saisissant. Autre point très important : L’homme de guerre est proposé en version « uncut » (1h43). Côté son, VF et VO sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine, aux mixages clairs et équilibrés.

Dans la section suppléments, on trouvera deux présentations des films par Jérémie Damoiseau, « LA » référence française sur Dolph Lundgren, qui s’occupe du site dolph-ultimate.com, qui revient sur le contexte de tournage des deux films avec une bonne humeur et un enthousiasme très communicatifs. Mais ce n’est pas tout puisque Métro nous propose également un passionnant entretien avec Frédéric Forestier (30 minutes environ), qui revient sur son « expérience américaine » aux côtés de Dolph Lundgren et des exécutifs de Nu Image. C’est bien rythmé, bourré d’anecdotes et d’images du tournage, sans la moindre langue de bois et Forestier nous permet de plus de découvrir une partie des superbes illustrations et story-boards lui ayant servi à découper son film à l’époque. Un super entretien !

 

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