Test Blu-ray : L’Exécutrice

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L’Exécutrice

France : 1986
Titre original : –
Réalisation : Michel Caputo
Scénario : Michel Caputo
Acteurs : Brigitte Lahaie, Michel Modo, Pierre Oudrey
Éditeur : Le Chat qui fume
Durée : 1h35
Genre : Policier
Date de sortie cinéma : 15 janvier 1986
Date de sortie DVD/BR : 31 décembre 2022

Inspectrice à la brigade des mœurs de Paris, Martine cherche à inculper Nadine Wenders, patronne d’un night-club, le Cloître, mais surtout à la tête d’un vaste réseau où se mêlent trafic de drogue, tournages de films pornos clandestins et traite des blanches. Pour y parvenir, notre flic de choc pourra compter sur son équipe, qui aura fort à faire dans cette mission, d’autant plus que Madame Wenders bénéficie du soutien de la mafia chinoise et d’une personne haut placée au sein de la police…

Le film

[3,5/5]

Pour ceux qui l’ignoreraient encore, L’Exécutrice est un film policier de Michel Caputo sorti au début de l’année 1986 dans une poignée de salles françaises. Il s’agit du premier film mettant en scène Brigitte Lahaie dans un premier rôle. Actrice spécialisée dans le cinéma pour adultes de 1977 à 1981, elle avait jusque-là régulièrement tourné dans des films traditionnels, dans des films tels que I comme Icare, Le Coup du parapluie, Pour la peau d’un flic ainsi bien sûr que dans le cinéma de Jean Rollin (Les Raisins de la mort, Fascination, La Nuit des traquées…), mais personne avant L’Exécutrice n’avait osé mettre Brigitte Lahaie en tête d’affiche.

Et elle avait fière allure, Brigitte Lahaie, sur l’affiche de L’Exécutrice, le 357 Magnum solidement accroché à la pogne et le blouson de cuir largement ouvert sur une opulente poitrine. L’affiche était conçue pour évoquer le cinéma de Jean-Paul Belmondo, et il est vrai que le film de Michel Caputo se situait à la croisée des chemins entre le cinéma d’action et une certain polar urbain hardcore made in France. Ce type de polar teinté de sexualité et d’affaires de mœurs, largement inspiré des romans de gare signés Gérard de Villiers et ses équipes (SAS, Brigade mondaine). D’ailleurs, le titre du film est une référence directe à L’Exécuteur, une série de romans policiers très populaires dans les années 70/80, créés par Don Pendleton et distribués en France chez Plon avec un bandeau « Gérard de Villiers présente ». Le polar « scandaleux » était mine de rien un genre très florissant en France à l’époque : on pourra noter une poignée de films – aujourd’hui largement oubliés – tels que Brigade mondaine (Jacques Scandelari, 1978), Brigade mondaine : La Secte de Marrakech (Eddy Matalon, 1979), Brigade mondaine : Vaudou aux Caraïbes (Philippe Monnier, 1980), Brigade des mœurs (Max Pecas, 1985), Police des mœurs (Jean Rougeron, 1987), qui permirent un temps aux français de rivaliser avec le poliziottesco en termes d’outrances et d’excès en tous genres.

Le développement narratif de L’Exécutrice fait donc le grand écart entre la bonne humeur et le grand spectacle hérités des films de Belmondo et l’alternance de scènes de violence, de sexe ou de torture qui faisaient le sel de ces bandes policières de série B. De fait, le film de Michel Caputo s’ouvrira sur quelques images de Brigitta Lahaie totalement nue plongeant dans son jacuzzi. Sans transition, on passera ensuite sur une scène de sexe SM light avant d’enchainer avec une scène d’action typiquement « Rémy Julienne », avec Brigitte Lahaie – maintenant toute habillée – au volant d’une Renault 20 poursuivant un trafiquant de VHS porno pirates à travers un champ. La scène se termine par l’intervention d’un hélicoptère tirant sur les malfrats.

La suite de L’Exécutrice sera construite à l’avenant : une scène de sexe, une scène rigolote (avec notamment d’intéressantes interactions entre Brigitte Lahaie et son adjoint Jean-Hugues Lime, un transfuge du Petit Théâtre de Bouvard), une scène glauque, une scène d’action, une scène de sexe, une scène rigolote, une scène de sexe, une scène de sexe, etc. Même si bien sûr il faudra attendre le dernier acte du film pour retrouver une scène d’action aussi percutante que celle de l’ouverture, on ne pourra nier que l’intrigue imaginée par Michel Caputo enchaine les rebondissements. Une intrigue d’enlèvement de gamine succède à une autre, amenant cependant avec elle une poignée d’enjeux narratifs tout à fait différents. La mafia chinoise faisant son apparition à mi-métrage, avec ce que cela sous-tend évidemment de kung fu un peu cheap, des liens entre la mère maquerelle Madame Wenders (Dominique Erlanger) et le commissaire (Michel Modo) se révèlent.

Et en dépit de ses défauts évidents, L’Exécutrice fonctionne néanmoins plutôt bien, le tout étant par ailleurs saupoudré d’une obsession du support VHS qui en fait une espèce de petit cousin lointain de Body Double (Brian De Palma, 1984). Il ne faut pas non plus négliger la valeur ironique du film de Michel Caputo, qui met en scène Brigitte Lahaie, qui a construit l’essentiel de sa carrière dans le X, dans le rôle d’une policière chargée de démanteler un réseau spécialisé dans le trafic de cassettes porno. L’ensemble est d’autant plus ironique que l’intrigue de L’Exécutrice est blindée de scènes de nudité et de sexe totalement gratuites, à l’image bien sûr de la scène d’ouverture, avec Brigitte Lahaie à oilpé dans le jacuzzi. Si la référence de Michel Caputo était le cinéma de Jean-Paul Belmondo, on ne se souvient pas d’avoir vu Bebel se foutre à poil dans un jacuzzi dans Le Marginal ou dans Le Professionnel. Le sens de l’humour de Michel Caputo et de l’intrigue générale de L’Exécutrice est donc absolument indéniable, d’autant que le penchant de Martine (Brigitte Lahaie) à coucher avec un certain type d’hommes (« grand brun timide ») est presque utilisé comme un running gag tout au long du film. On notera également que le personnage de Walter, interprété par Richard Allan (alias « Queue de béton »), peut également prêter à faire sourire, même si son personnage est glauque.

Pour le reste, la photo de L’Exécutrice, signée Gérard Simon (futur chef opérateur du Fils du requin), sera indéniablement l’élément le plus frappant pour le spectateur qui redécouvrira le film de Michel Caputo aujourd’hui. Car si l’upgrade Haute-Définition qui nous est proposé aujourd’hui par Le Chat qui fume ne permettra pas au film de corriger ses fautes de goût, ses baisses de rythme ou d’améliorer le niveau de jeu de certains acteurs, cette édition Blu-ray permettra en revanche de rendre à L’Exécutrice ses lettres de noblesse au point de vue visuel. Certains plans, et notamment ceux mettant en scène Brigitte Lahaie / Dominique Erlanger / Michel Modo dans les murs du commissariat, sont de toute beauté, et contribuent à donner au film une facture formelle finalement assez bluffante, que les spectateurs ayant découvert le film en VHS ou en DVD ces dernières décennies ne pouvaient même pas soupçonner.

Le Blu-ray

[4,5/5]

L’Exécutrice est sorti il y a quelques semaines au format Blu-ray, et est édité par Le Chat qui fume. A ce titre, il bénéficie aujourd’hui d’une édition visuellement très classe, s’intégrant dans la charte graphique de l’éditeur depuis presque dix ans maintenant : le film de Michel Caputo s’offre donc une Digipack trois volets du plus bel effet, surmonté d’un fourreau aux couleurs du film. L’habillage de l’ensemble a été créée par Frédéric Domont. Et comme on l’a dit en fin de paragraphe précédent, pour son arrivée en Blu-ray sous les couleurs du Chat qui fume, L’Exécutrice a bénéficié d’une impressionnante cure de jouvence : le rendu Haute Définition du film est net et sans bavure, et la galette affiche une définition précise, un piqué et un niveau de détail très précis, tout en conservant un grain argentique d’origine assez accentué. Les couleurs sont naturelles et assez belles, et la gestion des noirs et des contrastes est globalement satisfaisante, avec des noirs vraiment boostés qui ne manquent pas de tranchant. Globalement, ce master est donc tout à fait remarquable. Côté son, l’éditeur nous gratifie d’un solide mixage en DTS-HD Master Audio 2.0, s’avérant clair et tout à fait satisfaisant.

Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord un entretien avec Michel Caputo et Brigitte Lahaie (19 minutes). Ils y reviendront sur la genèse du film, son financement ainsi que les différents défis à relever pour ces transfuges du porno. Brigitte Lahaie y évoquera également son implication dans les scènes les plus « physiques » du film, réalisées sans doublure. La conception de l’affiche pas les équipes de René Château sera également évoquée. On continuera ensuite avec une présentation du film par Christophe Lemaire (33 minutes). Comme d’habitude, cette dernière sera teintée d’une très forte nostalgie, notamment lorsque le journaliste belge évoquera les salles parisiennes consacrées au cinéma porno, et la découverte de Brigitte Lahaie. Il reviendra ensuite un peu plus précisément sur L’Exécutrice, sur son casting ainsi que sur l’échec retentissant du film dans les salles obscures. On terminera enfin avec un retour sur un des lieux de tournage du film (qui se trouve être la propriété de Jean-François Davy, producteur du film), toujours en compagnie de Michel Caputo et Brigitte Lahaie (2 minutes). Pour vous procurer cette édition limitée à 1000 exemplaires, rendez-vous sur le site de l’éditeur !

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