Test Blu-ray : Les Tortionnaires du Camp d’amour

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Les Tortionnaires du Camp d’amour

Italie, Espagne : 1980
Titre original : Orinoco, Prigioniere del sesso
Réalisation : Edoardo Mulargia
Scénario : Sergio Chiusi, Gil Carretero, Edoardo Mulargia
Acteurs : Anthony Steffen, Ajita Wilson, Luciano Rossi
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h32
Genre : Thriller, Action
Date de sortie cinéma : 7 octobre 1981
Date de sortie DVD/BR : 4 avril 2023

Au cœur de la jungle amazonienne, le contrebandier Jordan utilise des femmes esclaves pour exploiter une mine d’émeraudes, leur faisant subir les pires sévices. Le révolutionnaire Laredo convoite la mine pour financer sa cause, et entreprend d’attaquer Jordan, comptant sur l’aide des prisonnières…

Le film

[3,5/5]

En presque dix ans de chroniques régulières dans la section vidéo de critique-film, on n’avait pas encore abordé le genre dit du « Women in prison » (ou « WIP »), un sous-genre du cinéma d’exploitation très prolifique dans les années 70. Comme son nom l’indique, le « Women in prison » se déroulent dans un univers carcéral, et plus précisément dans des prisons de femmes, des camps nazis ou des camps de travail en plein milieu de la jungle, où les détenues sont amenées à subir des sévices dégradants. Douches, fouilles au corps, viols, mauvais traitements… Les prétextes pour amener des groupes de femmes à se dénuder sont nombreux, et l’imagination des producteurs dans le domaine des outrages à infliger à leurs héroïnes ne semblait pas avoir de limites.

Les Tortionnaires du Camp d’amour est donc un WIP tourné par Edoardo Mulargia en 1979, en « back to back » avec Les Évadées du Camp d’amour, dont on vous parlait hier. Les deux films ont été tournés, par souci d’économie, dans les mêmes décors avec la même équipe devant et derrière la caméra. On notera cependant quelques petites variations au casting, avec notamment la présence de Stelio Candelli dans le rôle du Capitaine Orinoco, mais également de Luciano Rossi et Attilio Dottesio, que l’on avait déjà vus ensemble au générique de La Mort a souri à l’assassin. Et si le nom de Luciano Rossi ne vous dit rien à priori, il s’agit de cet acteur au faciès étrange qui jouait Hallory, le gardien étrange de La Mort marche en talons hauts, Hans, le sadique aux lunettes noires de La Mort caresse à minuit. Toujours pas ? Si vous êtes né dans les années 80, Luciano Rossi a souvent joué dans les films du duo Bud Spencer / Terence Hill : Sammy dans La Colline des bottes (alias Trinita va tout casser), le gentil Timide dans On l’appelle Trinita, Yankee dans Trinita, prépare ton cercueil ou encore Geronimo dans Deux super-flics. Du côté des actrices, on remarquera surtout la prestation de Maristella Greco, qui bénéficie probablement du rôle le mieux écrit du film et qui sera la seule à ne pas terminer à poil pour une raison X ou Y.

Outre les talents supplémentaires au casting, Les Tortionnaires du Camp d’amour présentera une poignée de différences notables avec le film précédent dans la tonalité de son intrigue, qui est ici nettement plus orientée « aventures exotiques ». En fait, l’histoire du film suivra en partie les codes et motifs habituels du genre « Women in prison », mais se permettra également quelques détours par le film d’aventures, liées au fait que la prison du film est en réalité un camp d’extraction de diamants. De fait, Les Tortionnaires du Camp d’amour ne se concentrera pas sur l’évasion d’une ou de plusieurs détenues, mais par la prise d’assaut du camp par un groupe de révolutionnaires, évidemment mené par Anthony Steffen, qui s’impose, avec Cristina Lay et Stelio Candelli, comme le nouveau héros de ce faux film de prisonnières.

Le duo Anthony Steffen / Stelio Candelli fonctionne d’ailleurs plutôt bien, l’alchimie entre les deux acteurs est bonne, et c’est bien ce qu’il fallait pour tenir tête à cette tronche en biais de Luciano Rossi, qui incarne ici un directeur de prison un brin déviant, appelé Jordan (Jarden dans la VF), qui aime bien fourrer son fouet dans le vagin de ses prisonnières en compagnie de sa surveillante en chef. A mi-parcours, le scénario des Tortionnaires du Camp d’amour connaît une petite stagnation, en raison du plan de Laredo (Anthony Steffen), qui consiste à s’infiltrer au sein du camp pour le frapper de l’intérieur. Par conséquent, les règles traditionnelles du WIP reprendront un peu leurs droits pour un temps, avec scènes de viols et coups de fouet en pagaille ; le film nous propose également une tentative d’évasion de la part de trois détenues, mais étant donné qu’il s’agit de trois jeunes femmes que l’on n’avait jusque là jamais croisé dans le film, l’issue de leur petite escapade est malheureusement écrite d’avance, et fera vraiment office de « remplissage » en attendant le dernier acte du film et l’insurrection des mercenaires, à qui bien entendu les prisonnières prêteront main forte afin de provoquer la chute de la prison et de son directeur sadique.

Dans l’ensemble, on peut affirmer sans trop de peine que Les Tortionnaires du Camp d’amour s’avère plus convaincant et réussi que Les Évadées du Camp d’amour : il s’agit bien entendu d’un film d’exploitation, mais qui tire plutôt brillamment son épingle du jeu, grâce à un scénario malin et ambitieux qui dépasse le cadre du simple « Women in prison », grâce à des acteurs plus convaincants, mais aussi grâce à des rôles féminins mieux dessinés d’un point de vue psychologique : on pense au personnage de Maristella Greco, remarquable, mais aussi à celui d’Ajita Wilson, qui fume le Peyotl et a des visions de l’avenir. On apprécie également les outrances et autres excès de cruauté du film, qui parviendra peut-être même à vous surprendre à une ou deux reprises par ses rebondissements barges et sans concessions.

Le Blu-ray

[4,5/5]

Après avoir exhumé nombre de trésors oubliés ces dernières années, Artus Films continue son exploration des arcanes du cinéma Bis pour le plus grand plaisir des cinéphiles déviants. Ce mois-ci, ce sont donc deux fleurons du « Women in prison » italien du début des années 80 que l’éditeur est allé repêcher, avec Les Évadées du Camp d’amour et Les Tortionnaires du Camp d’amour. Une excellente nouvelle pour les nostalgiques ayant vu et aimé ces films lors de leur sortie en France il y a un peu plus de quarante ans, et une occasion pour les plus jeunes de découvrir ces deux fiers représentants du WIP dans des conditions inédites.

Car côté Haute Définition, les deux films de cette vague n’ont clairement pas à rougir de leurs prestations techniques : la définition est précise, les couleurs riches et bien saturées, les noirs sont profonds, et la restauration a globalement pris soin de préserver le grain argentique d’origine. Bien sûr, les plans « à effets » (générique, mentions écrites, fondus enchaînés) accusent un peu des effets du temps, mais le reste est d’une propreté et d’une stabilité tout à fait étonnantes. Bref, comme pour Les Évadées du Camp d’amour, la galette Blu-ray des Tortionnaires du Camp d’amour nous propose un rendu HD tout à fait appréciable. Côté son, la version originale ainsi que la version française d’origine sont toutes deux mixées en LPCM Audio 2.0, dans des mixages propres, équilibrés et toujours clairs.

Du côté des suppléments, on commencera par une présentation du film par Christophe Bier (34 minutes). Comme nous, Christophe Bier semble clairement préférer ces Tortionnaires aux Évadées du Camp d’amour, qui, bien qu’il ait été tourné en même temps et dans les mêmes décors que le premier, s’avère plus ambitieux et plus réussi que le premier. Il reviendra enfin sur la carrière d’Ajita Wilson, et reviendra sur la curiosité que constitue Savage Island, film de montage à la Power Rangers réalisé à partir d’images des deux films ainsi que de nouvelles séquences spécialement tournées pour l’occasion, et mettant en scène Linda Blair. On continuera ensuite avec un entretien avec Maurizio Centini (18 minutes), qui reviendra sur ses souvenirs du tournage des deux films, ainsi que sur la personnalité d’Ajita Wilson et sur les exigences particulières d’Anthony Steffen. Il évoquera également l’existence d’une version du film contenant des inserts pornos. On terminera le tour des bonus avec la traditionnelle galerie photos.

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