Test Blu-ray : Les siffleurs

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2006

Les siffleurs

Roumanie, France, Allemagne, Suède : 2019
Titre original : La Gomera
Réalisateur : Corneliu Porumboiu
Scénario : Corneliu Porumboiu
Acteurs : Vlad Ivanov, Catrinel Marlon, Rodica Lazar
Éditeur : Diaphana
Durée : 1h38
Genre : Policier
Date de sortie cinéma : 8 janvier 2020
Date de sortie DVD/BR : 7 juillet 2020

Cristi est un inspecteur de police de Bucarest désabusé et corrompu. Embarqué malgré lui par la sulfureuse Gilda sur l’île de la Gomera, il doit apprendre le Silbo, une langue sifflée ancestrale dans le but d’aider un groupe mafieux à faire évader Zsolt. En effet, seul ce dernier sait où sont cachés 30 millions d’euros issus du trafic de drogue. Mais c’était sans compter sur la police, à la recherche de ce même butin. Et de l’amour qui va s’en mêler…

Le film

[3,5/5]

Mettant en scène des truands mafieux, un magot caché, un flic corrompu, une Femme Fatale, ainsi qu’une série de rebondissements tournant autour de plusieurs coups fourrés et autres trahisons, Les siffleurs ne serait finalement qu’un petit polar de plus s’il n’introduisait pas dans son intrigue une originalité de choix : le Silbo. Qu’est-ce-que c’est que ça, me demanderez-vous ? Le Silbo (« sifflement »en espagnol) est le langage sifflé des Gomeros, les habitants de l’île de La Gomera aux Canaries. Faisant partie du patrimoine culturel immatériel de cette petite île volcanique, le Silbo est ici repris par Corneliu Porumboiu comme une méthode pour les mafieux roumains de communiquer entre eux sans risquer d’être compris par la police… Un point de départ aussi amusant que poétique, qui donnera naissance à plusieurs scènes d’apprentissage de la langue ainsi qu’à quelques dialogues échangés dans le dialecte local.

A l’image de son implantation géographique, qui balade le spectateur, pas toujours de façon très claire, entre la Roumanie et les îles Canaries, la narration des Siffleurs est modelée « façon puzzle », avec des incessantes allées et venues dans le temps organisées autour d’un découpage par chapitres, chaque chapitre étant plus ou moins resserré autour d’un des personnages de l’intrigue. Si bien sûr le mélange de polar et d’humour permet au réalisateur Corneliu Porumboiu de plaider le clin d’œil à Quentin Tarantino, on admettra tout de même que sa construction labyrinthique n’est pas l’aspect le plus intéressant du film. Au contraire, il pourrait même auprès de certains spectateurs faire l’effet d’une espèce de cache-misère, dans le sens où l’histoire qui nous est narrée par Porumboiu s’avère, en réalité et dès qu’on l’aborde dans le sens « chronologique », assez linéaire, d’autant que les événements se déroulent finalement sur une période assez ramassée.

Cette fantaisie stylistique pourra donc donner l’impression que le cinéaste roumain a voulu à dessein compliquer la donne narrative avec des flashbacks afin de dévier l’attention des trous dans la narration du film. On glisse ainsi sous le tapis le fait que certains gros points d’interrogation demeurent, concernant par exemple l’hôtel Opéra et son personnel, ou l’intérêt de se taper 5300 kilomètres pour aller apprendre le Silbo sur l’île de La Gomera alors qu’il aurait très bien pu l’apprendre à Bucarest. On ne se plaint pas cela dit, les paysages de cette île paradisiaque des Canaries valaient clairement le déplacement si l’on se place d’un point de vue purement cinématographique. Beaucoup moins d’un point de vue narratif.

Et puisqu’on en est à louer les qualités formelles du film de Corneliu Porumboiu, il faut bien l’admettre : Les siffleurs est une petite merveille visuelle. Le cinéaste roumain n’est pas manchot, le soin qu’il apporte à chacun de ses cadres est habile, et son directeur photo Tudor Mircea utilise de façon vraiment très belle les différents décors mis à sa disposition. C’est d’autant plus clair que, malin, Porumboiu souligne l’aspect parfois un peu factice et très artificiel de ses décors en les citant explicitement comme des décors de cinéma. A l’occasion d’une séquence amusante, il apparaitra même à l’écran en se présentant comme un réalisateur à la recherche d’un décor. Du côté des acteurs, on saluera également la performance générale du casting, essentiellement mené par Vlad Ivanov (Cristi) et Catrinel Marlon (Gilda), Rodica Lazar (Magda) et Antonio Buíl (Kiko). Malgré nos petites réserves concernant une narration inutilement alambiquée, les raisons de découvrir Les siffleurs sont nombreuses, d’autant que les polars en provenance de Roumanie ne courent pas forcément les rues…

Le Blu-ray

[4/5]

Après une courte carrière dans les salles probablement écourtée par la crise sanitaire du Covid-19 (85.000 spectateurs en France), Les siffleurs débarque aujourd’hui en Blu-ray, sous les couleurs de Diaphana. Le master Haute-Définition du film rend pleinement justice à la photo du film signée Tudor Mircea, qui nous propose vraiment un trip slalomant de façon brutale entre le voyage sur une île paradisiaque et les bas-fonds de la pègre roumaine. La définition est au taquet, le piqué précis (avec une ou deux baisses de définition sur certains plans néanmoins, mais que l’on pourra probablement imputer aux conditions de tournage), les couleurs explosives et les noirs admirablement denses et profonds. Le film est naturellement proposé au format et en 1080p, bref c’est du tout bon, on peut applaudir des deux mains l’éditeur. Le son est mixé en DTS-HD Master Audio 5.1 et uniquement en version originale, qui est l’unique version du film disponible. Cette dernière alterne entre le roumain, l’espagnol et l’anglais. Le mixage se révèle particulièrement dynamique (la scène arrière est omniprésente et permet vraiment une immersion parfaite), surtout lors des scènes mettant en scène plusieurs personnages.

Côté suppléments, on trouvera une petite dizaine de minutes de scènes coupées, probablement écartées du montage final pour des questions de rythme.

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