Test Blu-ray : Les patriotes

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Les patriotes

 
France : 1994
Titre original : –
Réalisation : Eric Rochant
Scénario : Eric Rochant
Acteurs : Yvan Attal, Sandrine Kiberlain, Jean-François Stévenin
Éditeur : Gaumont
Durée : 2h26
Genre : Thriller, Espionnage
Date de sortie cinéma : 1 juin 1994
Date de sortie Blu-ray : 20 novembre 2019

 

À 18 ans, Ariel Brenner est en quête de lui-même. Il quitte sa famille et rejoint en cachette le Mossad, les services secrets israéliens. Après plusieurs années d’entraînement, il se voit assigner sa première mission : dérober les documents d’un atomiste français, Rémy Prieur…

 


 

Le film

[4/5]

S’il est devenu un cinéaste aussi rare que précieux (il faut dire aussi qu’il semble pas mal occupé ces dernières années avec Le bureau des légendes, sa série produite par Canal+), Éric Rochant tournait plutôt pas mal à ses débuts. Après l’énorme succès d’Un monde sans pitié, il a en effet pu enchaîner les projets, et signer six longs-métrages entre 1989 et 2000. C’est probablement l’échec commercial de Total western, son chef d’œuvre absolu (mais également absolument incompris), qui l’aura forcé à espacer d’avantage ses tournages pour le cinéma au début du vingt-et-unième siècle.

Découvert lors de l’édition 1994 du festival de Cannes, Les patriotes est donc le troisième film d’Éric Rochant, et demeure une de ses plus belles réussites. Conçu dans la tradition du récit d’espionnage à la John Le Carré, le film se démarque par un net refus du spectaculaire, et une approche privilégiant clairement le réalisme et la description précise d’une série de personnages et de méthodes (qui passent même avant d’éventuels enjeux socio-politiques), au détriment de l’action et des gadgets qui pullulent, par exemple, dans les histoires mettant en scène le fameux James Bond. Ainsi, 15 ans avant Steven Spielberg et son formidable Munich, Éric Rochant évoquait donc les méthodes du Mossad – les services secrets israéliens – à travers l’évocation de deux « affaires » inspirées de faits réels, même si le cinéaste s’en défend dans un carton au début du film.

Extrêmement riche et documenté, ayant bénéficié d’un budget conséquent et de six mois de tournage (!), Les patriotes s’impose au final comme deux films pour le prix d’un seul, puisqu’il suivra deux intrigues séparées se déroulant l’une après l’autre, et occupant chacune une moitié du film. A elles-deux, elles permettent de disséquer de façon aussi ambitieuse que parfaitement efficace plusieurs facettes des « manipulations » orchestrées par les services secrets de par le monde. Les deux intrigues gravitent autour d’un personnage central incarné par Yvan Attal. A ses côtés, on retrouvera quelques jeunes acteurs prometteurs de l’époque, comme Sandrine Kiberlain ou Emmanuelle Devos, ainsi que d’autres plus confirmés, tels que Jean-François Stévenin, Éva Darlan, Richard Masur (The thing) ou Nancy Allen. Mais aucun de ces nombreux acteurs ne tirera réellement la couverture à lui : tous délivrent un jeu tout en finesse et en retenue, contribuant au réalisme sec du film.

Ainsi, Les patriotes s’avère, encore 25 ans après sa sortie, un excellent thriller, froid et implacable, le cinéaste privilégiant une approche quasiment intimiste, rythmée par le récit d’Yvan Attal en voix-off. Les manipulations et autres coups bas orchestrés au cœur de l’intrigue d’espionnage se mêlent donc aux non-dits et aux frustrations de la sphère privée, accentuant l’aspect psychologique fort de l’ensemble ; la photo volontairement naturaliste de Pierre Novion souligne encore d’avantage l’atmosphère sombre de ce double récit, qui aurait finalement très bien pu constituer deux films séparés. Qu’importe donc au final si le rythme du film est forcément un poil lent, au final, Les patriotes demeure tout de même une très belle réussite, et un film à redécouvrir.

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

Les patriotes débarque aujourd’hui en Blu-ray sous les couleurs de Gaumont, et vient grossir les rangs de la très riche collection « Blu-ray Découverte » de l’éditeur, également appelée Gaumont découverte en Blu-ray. Sauf erreur de calcul de notre part, il s’agit de la trentième vague de la collection, qui s’est rapidement imposée comme absolument indispensable. Le master est proposé en 1080p, et la restauration est vraiment impeccable ; le tout est par ailleurs encodé avec soin, et le film d’Éric Rochant tire régulièrement son épingle du jeu avec un excellent niveau de détail et des contrastes ciselés évitant noirs bouchés et image terne ; ce sont en particulier les gros plans sur les visages des acteurs qui impressionneront par leur précision et leur définition. Bon point pour l’éditeur : l’image ne semble pas avoir subi de filtrage numérique, et possède donc un grain argentique parfaitement respecté. Côté son, la version « multilingue » (français, hébreu, anglais) et la VF sont traitées sur un pied d’égalité, et disposent toutes deux de deux encodages sonores : vous aurez donc le choix de (re)voir le film soit en DTS-HD Master Audio 5.1 – un mixage ample et dynamique, avec une belle spatialisation des ambiances – soit en DTS-HD Master Audio 2.0, option plus cohérente si vous visionnez le film sur un téléviseur sans avoir recours à un Home Cinema.

Du côté des suppléments, on retrouvera une partie des suppléments disponibles sur l’édition DVD « Collector » de 2005 : un passionnant making of rétrospectif (51 minutes) ayant le mérite de proposer des interventions de toute l’équipe impliquée dans le film. Évitant brillamment la langue de bois, ce passionnant documentaire retracera les ambitions de Rochant et la trajectoire du film, mais évoquera également les désaccords et autres problèmes de productions survenus avant ou pendant le tournage. Très intéressant ! On terminera ensuite avec une large sélection de scènes coupées (55 minutes), présentées par Éric Rochant et sa monteuse Pascale Fenouillet, dont le travail sur Les patriotes présentait une particularité notable : le tournage étant étalé sur six mois, elle montait le film au fur et à mesure…

Par rapport à l’édition précédente, il manquera juste l’entretien avec Fréderic Encel, docteur en géopolitique, qui nous proposait de découvrir « le Mossad en 12 leçons », ainsi que le scénario, qui y était disponible en version imprimable.

 

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