Les Enquêtes du département V – L’Effet Papillon
Danemark, Allemagne : 2021
Titre original : Marco effekten
Réalisation : Martin Zandvliet
Scénario : Anders Frithiof August, Thomas Porsager
Acteurs : Ulrich Thomsen, Zaki Youssef, Sofie Torp
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 2h05
Genre : Policier, Thriller
Date de sortie DVD/BR : 1 juin 2022
Lorsque Marco, un garçon de 14 ans sans domicile, est arrêté à la frontière danoise pour possession du passeport d’un homme disparu, l’inspecteur Carl Mørck et son équipe du Département V sont chargés de l’affaire. En parallèle, une autre enquête révèle que l’homme sur le passeport a été accusé de pédophilie peu avant sa disparition et son dossier a été classé exceptionnellement rapidement… Mais Marco, silencieux et traumatisé, refuse de leur parler et ne tardera pas à fuir ceux qui ont l’intention de le tuer à cause de ce qu’il sait…
Le film
[4/5]
Les Enquêtes du Département V – L’Effet papillon est le cinquième film mettant en scène les personnages de Carl Mørck et Hafez El-Assad, héros de la série de romans de Jussi Adler-Olsen. Après le départ de Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares dans les rôles principaux, ce cinquième opus se devait de réinventer presque totalement la franchise, notamment parce que l’auteur des romans n’avait jamais été particulièrement satisfait des quatre premières adaptations sur grand écran. L’accord avec la société de production Zentropa n’a de ce fait pas été renouvelé, et c’est Nordisk Film qui a hérité de la franchise, et a fait le choix de reprendre la production et la distribution depuis le début.
Les Enquêtes du Département V – L’Effet papillon est donc le fruit de cette nouvelle collaboration, et la cinquième adaptation cinématographique de la série de romans (qui compte à ce jour neuf épisodes). D’entrée de jeu, les cinéphiles ayant lu toutes « Les enquêtes du Département V » parues chez Albin Michel sauront à quel point l’idée de recommencer un cycle en prenant « L’Effet papillon » comme point de départ était casse-gueule : ce roman-là est en effet probablement le plus faible de toute la série, peut-être en raison du fait que le personnage du jeune Marco prenait trop d’importance dans le récit (le titre original est « Marco Effekten », soit « L’effet Marco ») et réduisait les personnages de Mørck et Assad à de simples figurants, subissant l’enquête plus qu’ils ne la menaient réellement.
Peut-être conscients de cet état de fait, et de la façon peu satisfaisante dont le récit aurait introduit les nouveaux interprètes de Carl Mørck et Hafez El-Assad, Ulrich Thomsen et Zaki Youssef, les scénaristes de Les Enquêtes du Département V – L’Effet papillon Anders Frithiof August et Thomas Porsager ont pris le parti de modifier considérablement l’intrigue du roman, en zappant toute la première partie de l’ouvrage, les passages suivant l’arrivée de Marco à Copenhague tout autant que les ramifications du clan de Zola et les histoires de tueurs à gages. Si bien sûr ces modifications pourront paraître un peu déstabilisantes pour les admirateurs de la saga littéraire, d’un point de vue strictement cinématographique, il semble que c’était là la bonne décision, tant elle tend à remettre Carl Mørck sur le devant de la scène.
Le changement de style, visuel autant que narratif, est d’ailleurs assez impressionnant à la découverte des Enquêtes du Département V – L’Effet papillon. Le réalisateur Martin Zandvliet et son directeur photo Aske Alexander Foss font le choix de mettre en scène réalité sale, froide, aux tons gris. Les personnages au cœur de l’intrigue, et en particulier les membres du Département V, affichent des visages usés par la vie et les douleurs du passé, ce qui leur permet de raconter un peu leur histoire sans même avoir à ouvrir la bouche. Les amateurs des romans de Jussi Adler-Olsen seront probablement satisfaits de retrouver dans cet épisode des personnages largement laissés de côté par les films précédents : Rose reprend un peu d’importance dans l’intrigue, même si sa double-personnalité n’est pas à l’ordre du jour. Gordon fait également son apparition, même s’il ne compose finalement qu’une simple silhouette dans les locaux du Département. Hardy réapparait également, même s’il ne vit pas chez Carl, et la psychologue Mona Ibsen est également introduite dans le récit.
Malheureusement, le personnage d’Hafez El-Assad est un peu en retrait par rapport à celui de Carl Mørck, qui s’impose dans Les Enquêtes du Département V – L’Effet papillon comme le véritable héros de l’histoire. Cela dit, l’équilibre entre les non-dits dans la description de l’environnement et des personnages et le talent de Martin Zandvliet pour capturer de beaux moments de vérité forme finalement la base d’un paysage fictionnel assez foisonnant. L’intrigue remaniée par les scénaristes du film est solide, et la distribution est remarquable : Anders Matthesen est parfait dans le rôle de l’homme d’affaires véreux Teis Snap, et le toujours charismatique Caspar Phillipson campe un Rene Eriksen glaçant, avec en prime une scène d’interrogatoire bien éprouvante.
Bien sûr, pour les spectateurs habitués à Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares, la transition nécessitera un léger ajustement, qui créera probablement un petit quart d’heure de flottement avant de parvenir à s’imprégner de l’ambiance et des transformations opérées par le réalisateur Martin Zandvliet à l’univers du Département V. Mais une fois passé ce délai d’adaptation, Les Enquêtes du Département V – L’Effet papillon plongera le spectateur au cœur d’un polar vraiment réussi, qui contribuera à entretenir de grands espoirs pour les prochains films, et en particulier en ce qui concerne le sixième épisode de la saga, « Promesse », qui s’avère peut-être bien le meilleur d’entre tous.
Le Blu-ray
[4/5]
Comme de façon presque traditionnelle maintenant, Les Enquêtes du Département V – L’Effet papillon débarque en France en Blu-ray et DVD sous les couleurs de Wild Side Vidéo. La photo du film, très sophistiquée, bénéficie d’ailleurs d’une image de haute volée. Si le film déclinera le plus souvent une palette de couleurs assez froide, la stabilité de l’ensemble est remarquable, de même que les contrastes s’avèrent très satisfaisants, le film ne lésinant pas sur les éclairages très vifs, notamment rouges. Le niveau de détail est impressionnant, l’image est toujours parfaitement claire, et aucun défaut d’encodage n’est à déplorer : du très beau travail technique. Côté son, la version française et la version originale nous sont toutes deux proposées en DTS-HD Master Audio 5.1, mais le mixage travaillera essentiellement à retranscrire les ambiances de façon subtile et efficaces ; occasionnellement, on aura également droit à un rendu acoustique très agressif, notamment sur les scènes d’action : la scène arrière se fait alors ressentir avec une sacrée intensité. En guise de bonus, l’éditeur nous propose la bande-annonce du film.