Les Contrebandiers de Santa Lucia
Italie : 1979
Titre original : I contrabbandieri di Santa Lucia
Réalisation : Alfonso Brescia
Scénario : Ciro Ippolito, Piero Regnoli
Acteurs : Gianni Garko, Mario Merola, Antonio Sabàto
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h34
Genre : Policier, Action
Date de sortie cinéma : 28 avril 1982
Date de sortie DVD/BR : 7 septembre 2021
Le capitaine Ivano Radevic enquête sur un trafic international d’héroïne. Pour cela, il n’hésite pas à infiltrer le milieu des contrebandiers napolitains, et se lie avec Don Francesco, un trafiquant de cigarettes. Celui-ci le mènera à Don Vizzini, un parrain de la mafia…
Le film
[3,5/5]
A la façon de Flics en jeans, sorti en Blu-ray chez Artus Films à la même date, Les Contrebandiers de Santa Lucia fait également partie d’une série de plusieurs films, centrée non pas sur un ou plusieurs personnages, mais sur la ville de Naples : Alfonso Briesca lui consacrerait en effet cinq polars entre 1978 et 1981. Très peu connus en France, ces films mettaient tous en scène le chanteur napolitain Mario Merola dans différents rôles de truands, et privilégiaient une approche naturaliste, et même quasi-documentaire, des quartiers populaires de Naples.
Cela n’empêche pas une certaine fantaisie, et celle des Contrebandiers de Santa Lucia prendra volontiers des allures de folklore, notamment à travers le personnage du petit Gennarino, orphelin débrouillard et arnaqueur, que l’on avait déjà pu voir auparavant dans Napoli Violenta, alias Opération casseurs (Umberto Lenzi, 1976), puis dans Napoli Spara, alias Assaut sur la ville (Mario Caiano, 1977), ainsi que dans le premier polar d’Alfonso Brescia consacré à la ville de Naples, à savoir Napoli… Serenata calibro 9 (1978).
S’il s’inscrit globalement dans la veine du poliziottesco all’italiana (le néo-polar italien des années de plomb), Les Contrebandiers de Santa Lucia n’en porte pas moins les stigmates d’un genre en perte de vitesse. Probablement peu confiants dans leur intrigue, très (trop ?) inspirée de The French Connection, ni dans leurs scènes d’action rapiécées de partout à l’occasion desquelles ils détournent une publicité très célèbre des années 70, Alfonso Brescia et ses scénaristes Ciro Ippolito et Piero Regnoli se sentent dès lors obligés de miser sur le mélange des genres pour maintenir en éveil l’intérêt du spectateur.
Cette volonté de manger à tous les râteliers se traduira à l’écran par la présence du comique Lucio Montanaro qui, à l’image de son camarade Alvaro Vitali, était à l’époque un des piliers de la comédie sexy italienne, et faisait s’esclaffer le public rital – et même plus largement européen – avec ses grimaces et son air niais. Mais Montanaro n’est pas le seul argument comique des Contrebandiers de Santa Lucia, qui par moments nous proposera certains gags vraiment inattendus.
On pense en particulier bien sûr à cette scène durant laquelle le personnage de Radevic incarné par Gianni Garko et le jeune Gennarino (Marco Girondino) s’arrêtent devant l’affiche de Lo Scugnizzo, réalisé par Alfonso Brescia la même année, et dans lequel ils jouent tous les deux. Le personnage de Gianni Garko, pointant son nom du doigt sur l’affiche, déclare que « s’il y a Gianni Garko, ça doit être bien », puis c’est au tour d’Alfonso Brescia de passer devant l’affiche en criant que ce film est « sans doute encore une connerie »…
Le mélange de polar et de comédie est finalement tellement curieux que l’on ne s’étonne finalement pas trop que les distributeurs français aient considérablement raccourci Les Contrebandiers de Santa Lucia lors de sa sortie dans les salles en 1982. Quarante ans plus tard, Artus Films nous propose enfin de (re)découvrir le film dans sa version intégrale !
Le Blu-ray
[4/5]
C’est l’excellent éditeur Artus Films qui nous propose donc de redécouvrir Les Contrebandiers de Santa Lucia en Haute-Définition, avec une belle édition Combo Blu-ray + DVD proposée dans un superbe digipack aux couleurs du film. Côté Blu-ray, le master HD, naturellement proposé en 1080p, affiche une belle patate. Riche, précis, proposant une gestion des couleurs et surtout des noirs assez bluffante tout en respectant scrupuleusement la granulation argentique d’origine, le Blu-ray édité par Artus affiche un beau piqué et une belle stabilité, même si quelques plans sont un peu en deçà du reste. Les pistes VF/VO, toutes deux disponibles en LPCM 2.0 et mono d’origine, s’imposent sans peine dans des mixages dynamiques et équilibrés ; on notera que si bien sûr rien n’est meilleur que la VO, la nostalgie nous attire toujours vers ces VF délicieusement surannées ayant bercé notre enfance.
Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord la désormais traditionnelle présentation du film par Curd Riddel (31 minutes). Ce dernier y reviendra tout d’abord sur la carrière d’Alfonso Brescia, avant de s’attarder sur les acteurs, de Gianni Garko à Antonio Sabato en passant par Mario Merole et Lucio Montanaro. Si on peut regretter qu’il n’aborde que très brièvement le film en lui-même, il s’agit tout de même d’une présentation très complète et assez bien rythmée. On terminera enfin avec une courte galerie de photos.