Test Blu-ray : Les Barbarians

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Les Barbarians

États-Unis, Italie : 1987
Titre original : The Barbarians
Réalisation : Ruggero Deodato
Scénario : James R. Silke
Acteurs : Peter Paul, David Paul, Richard Lynch
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h28
Genre : Fantastique, Heroic Fantasy
Date de sortie cinéma : 8 juillet 1987
Date de sortie DVD/BR : 5 juillet 2024

La tribu de baladins des Ragnicks est attaquée par Kadar, un seigneur de guerre avide de pouvoir. La princesse Canary ainsi que les jumeaux qu’elle a recueillis, Kutchek et Gore, sont capturés. Les deux jeunes garçons seront élevés séparément et entraînés au combat pour devenir gladiateurs. Kadar a promis à Canary, que ni lui, ni ses hommes ne lèveraient le glaive sur eux. Mais le tyran a un plan machiavélique en tête : laisser les deux frères s’entretuer dans l’arène…

Le film

[3,5/5]

Suite au succès des films d’Heroic Fantasy mettant en scène Arnold Schwarzenegger au début des années 80 (Conan le Barbare en 1982, Conan le Destructeur en 1984, Kalidor en 1985), les producteurs Hollywoodiens se sont mis à écumer les salles de sport afin de trouver le prochain adepte du bodybuilding qui se baladerait en pagne devant la caméra afin d’exhiber ses biscottos huilés au monde entier. Dans le sillage de Marc Singer et Dolph Lundgren, de nombreux culturistes se sont essayés au genre dans des films italiens dérivés de Conan le Barbare (Miles O’Keefe, Bruno Minniti, Reb Brown…), mais aucun n’est parvenu à trouver la renommée qu’un Steve Reeves ou un Reg Park avaient pu rencontrer durant les grandes heures du péplum quelques années plus tôt.

Avec les frères Peter et David Paul, la Cannon Films pensait peut-être avoir trouvé la poule aux œufs d’or, puisqu’il s’agissait cette fois non pas d’un, mais de deux bodybuilders qui se baladeraient en slips de fourrure dans Les Barbarians. Après quelques apparitions au cinéma et à la TV, les jumeaux, souvent qualifiés de « bad boys du bodybuilding », avaient contacté Menahem Golan afin de financer un film adapté de leur vie, et s’étaient finalement vus confier les rôles principaux de cette petite production Heroic Fantasy, qui tentait de proposer une aventure fantastique prestigieuse avec un budget de 2,5 millions de dollars et le réalisateur de Cannibal Holocaust à la barre.

Bien entendu, Les Barbarians se trimballe depuis toujours une réputation de « nanar » premier choix, mais on ne pourra nier que le film de Ruggero Deodato s’avère tout de même une expérience cinématographique assez fascinante dans son genre. En effet, en dépit de ses défauts évidents, le film parvient à combiner la magie à petit budget des production Cannon aux cascades et à l’humour étrange et bas de plafond des frères Paul, qui ne sont en aucun cas des acteurs mais s’engagent à fond dans l’univers loufoque – et même par moments complètement absurde – du film. De fait, Les Barbarians prend régulièrement des allures de gros cartoon live complètement teubé, lorgnant vers le comic-book et le vidéo-clip, mais le rythme de l’ensemble est bien tenu, et le spectateur, partagé entre l’hilarité et l’effarement, ne s’ennuie jamais.

Menahem Golan et Yoram Globus, qui produisaient Les Barbarians pour le compte de la Cannon, n’ont pas vraiment fait de cadeau à Ruggero Deodato, qui fut forcé de déployer pas mal d’ingéniosité afin de parvenir à créer tout un monde fantastique à partir de seulement quelques lieux et décors qui se répètent souvent à l’écran. Le film s’ouvre sur une intéressante course-poursuite, le méchant Kadar (Richard Lynch) et ses sbires mutants poursuivant un convoi de Ragnicks, un peuple de saltimbanques pacifiques, dans le but de leur voler un rubis magique à des fins malveillantes. Les motivations des personnages restent très floues, et le resteront pendant une bonne partie du film, mais la musique de Pino Donaggio donne à l’entreprise un certain souffle, et le montage très original d’Eugenio Alabiso parvient souvent à dynamiser l’action.

Encore enfants lors de la séquence d’ouverture, les jumeaux Kutchek et Gore sont par la suite séparés et envoyés aux travaux forcés, en mode Conan le Barbare, et à l’image du jeune Scchwarzenegger dans le film de John Milius, leur routine quotidienne de musculation leur permet en l’espace d’une quinzaine d’années de devenir Les Barbarians, des hommes à la musculature impressionnante, que Kadar compte bien utiliser comme gladiateurs, son but secret étant de les amener à s’entretuer dans l’arène. Bien sûr, les deux frères se rendent compte qu’ils ont été montés l’un contre l’autre, s’échappent de leur prison et entreprennent d’arranger les choses avec le fameux rubis magique, qui, après tout ce temps est – et d’une façon assez incompréhensible – toujours en possession des gentils Ragnicks.

Là où Les Barbarians marque des points, c’est en se concentrant sur les frères Paul, qui n’ont certes aucun charisme, mais qui parviennent à développer une certaine présence humoristique tendance gogole. Par ailleurs, la production leur donne amplement l’occasion de mettre en valeur leurs corps sculptés dans la roche, et copieusement huilés pour l’occasion, allant même jusqu’à offrir une scène WTF où l’un des deux frères parvient à éviter d’être pendu en gonflant les muscles de son cou à un point tel qu’il fait exploser son nœud coulant. Les Barbarians fait par ailleurs preuve d’une belle générosité dans le déroulement de son intrigue : si bien sûr le grand frisson épique de l’aventure n’est jamais de la partie, Ruggero Deodato fait tout son possible pour tenter d’apporter un « souffle » à son canard boiteux, notamment par le biais de virées dans des royaumes fantastiques, et notamment à Limetree, une terre sombre gouvernée par un dragon d’apparence vaguement phallique et caoutchouteuse.

Au casting des Barbarians, aux côtés des frères Paul qui monopolisent une partie de l’attention, on notera cependant la présence d’Eva LaRue, future interprète de Natalia Boa Vista, spécialiste des analyses ADN dans Les Experts : Miami. Dans le camp des méchants, outre la présence de l’excellent Richard Lynch (L’Épée sauvage, Invasion U.S.A, Meurtres sous contrôle…), on se réjouira assurément d’une petite apparition de George Eastman (Horrible, Les Nouveaux Barbares, Le Gladiateur du futur…), ainsi que du cabotinage outrancier de Michael Berryman, inoubliable Pluton de La Colline a des yeux version Wes Craven.

Le Blu-ray

[4/5]

Disponible depuis quelques années en DVD mais toujours inédit en Haute-Définition, Les Barbarians débarque aujourd’hui en Blu-ray sous les couleurs de Sidonis Calysta, en parallèle avec un autre film tendance Heroic Fantasy produit par la Cannon, à savoir Les Maîtres de l’Univers. La sortie des deux films a été accompagnée de celle d’un livre de Claude Gaillard intitulé « Barbares : De Conan à Musclor », co-édité par Sidonis Calysta et Pulse, qui revient sur la Conansploitation au cinéma en 256 pages grand format et richement illustrées.

Côté transfert, si le film de Ruggero Deodato n’a peut-être pas bénéficié d’un ravalement de façade intégral, Les Barbarians s’impose néanmoins aujourd’hui dans un master tout à fait convaincant : on est en effet en présence d’une copie solide, lumineuse et propre, aux contrastes soignés et à la colorimétrie impeccable. Le niveau de détail est d’une belle précision et le grain argentique a été préservé de façon maniaque – seuls une petite poignée de plans en basse lumière accuse d’une granulation sans doute un peu excessive, mais l’ensemble est vraiment très beau : de quoi rendre un bel hommage à la belle photo du film signée Gianlorenzo Battaglia, collaborateur régulier de Joe D’Amato. Côté son, la version française d’origine ainsi que la version originale sont toutes deux disponibles en DTS-HD Master Audio 2.0, et dans les deux cas, le rendu acoustique s’avère clair, stable et équilibré, laissant quand il le faut la part belle à la musique de Pino Donaggio.

Du côté des suppléments, on se régalera surtout d’un long entretien avec Ruggero Deodato (43 minutes), qui permettra au maestro italien de revenir – sans langue de bois – sur la genèse et le tournage des Barbarians. Il nous expliquera la façon assez incongrue dont il a hérité du projet à la dernière minute, reviendra sur la personnalité des frères Paul, et surtout la façon dont les événements sur le tournage l’ont incité à orienter la tonalité du film vers la comédie. Entre deux anecdotes amusantes, il se remémorera avec une certaine tendresse la bonne ambiance sur le plateau et évoquera son attachement à Richard Lynch. On notera par ailleurs une poignée d’interventions du directeur photo Gianlorenzo Battaglia. On continuera ensuite avec une featurette d’époque (4 minutes), destinée à la promo du film sur la télé italienne, qui nous donnera un bref aperçu du tournage, avec des interventions de Ruggero Deodato et des frères Paul. On trouvera également un entretien avec Peter et David Paul (8 minutes) enregistré pour l’émission américaine The Midnight Hour sur CBS. Très « bon public » pour ce genre d’émission, ils s’amuseront et feront le show tout en parlant rapidement du film, et de son succès en Égypte. On terminera enfin avec le clip de la chanson « I’m a Wild One » par les Barbarian Brothers (5 minutes), très haut en couleurs, ainsi qu’avec la traditionnelle bande-annonce.

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