Les anges gardiens
France : 1995
Titre original : –
Réalisation : Jean-Marie Poiré
Scénario : Jean-Marie Poiré, Christian Clavier
Acteurs : Christian Clavier, Gérard Depardieu, Eva Grimaldi
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h52
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 11 octobre 1995
Date de sortie DVD/BR : 2 septembre 2020
De Paris à Hong Kong, un prêtre et un patron de cabaret se retrouvent entraînés dans une aventure explosive où 40 millions de dollars et la vie d’un petit chinois de cinq ans sont en jeu…
Le film
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Il faut généralement trente longues années afin qu’une comédie française passe du statut de simplement « ringard » à celui, très envié, de « nanar », c’est-à-dire de réjouissant plaisir coupable aux relents délicieusement surannés. Bien sûr, l’art n’est pas systématiquement enclin à répondre à de simples règles mathématiques, et quelques rares films des années 90 / 2000, littéralement triés sur le volet, ont acquis ce statut dès leur sortie dans les salles obscures.
Attention ! On parle ici d’œuvres littéralement triées sur le volet, merveilles impérissables de la comédie franchouillarde tellement WTF qu’elles entrent quasi-immédiatement dans la légende, franchissant avec morgue les portes inviolables du panthéon du Nanar. Jean-Marie Poiré est par exemple parvenu à deux reprises à réussir cet exploit, avec Les anges gardiens (1994), puis avec Ma femme s’appelle Maurice (2002).
Ayant réuni rien de moins que 5,8 millions de français dans les salles en 1994, Les anges gardiens était bizarrement resté inédit en Haute-Définition en France. Une erreur aujourd’hui réparée puisque le film de Jean-Marie Poiré vient de sortir au format Blu-ray chez Gaumont. Voici donc l’occasion idéale pour le cinéphile français de se replonger dans ce festival d’action endiablée et de gros gags franchouillards tous plus désopilants les uns que les autres.
Pendant la promo du film il y a vingt-six ans, Jean-Marie Poiré déclarait le plus sérieusement du monde avoir été influencé par John Woo, faisant probablement référence à la scène d’ouverture du film, se déroulant à Hong Kong. Une façon étrange de justifier l’utilisation d’un montage ultra-cut, enchaînant les faux raccords les plus grossiers, les passages surréalistes de plans larges à des plans (trop) serrés, les changements de focale à tire-larigot et les effets spéciaux les plus gênants.
Mais ce qu’il y a de bien avec Les anges gardiens, c’est que le fond et la forme sont à l’avenant. C’en est presque hallucinant. L’intrigue et les enjeux dramatiques sont aux abonnés absents et les plot-holes sont légion, le seul impératif étant de maintenir ensemble le duo Christian Clavier / Gérard Depardieu, histoire d’enchaîner une série de gags que l’on croirait issus d’un brainstorming chez un groupe de garnements de six, sept ans. Caca, diarrhée ! Ah ! Ah ! boulettes balancées sur le voisin ! Ah ! Ah ! Nichons ! Ah ! Ah ! Accent chinois ! Ah ! Ah ! Accent africain ! Ah ! Ah ! Encore nichons ! Ah ! Ah ! Gros monsieur qui ronfle ! Ah ! Ah !
Voir Les anges gardiens en 1994, c’était déjà hallucinant, foutraque, hystérique. Le revoir en 2020, c’est une expérience de spectateur aux limites de l’entendement. Un truc from outer space, qui te remue de l’intérieur. Qui te change un homme. Tu sors de là tu es comme JoeyStarr dans Polisse, tu craques, tu pleures : « Moi ça reste… Ça me tord, quoi ! Ça me TORD ! ». Revoir Les anges gardiens aujourd’hui, c’est indescriptible. La seule expression – par trop galvaudée – qui pourrait traduire notre pensée est la suivante : « Il faut le voir pour le croire ». Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire.
Le Blu-ray
[4/5]
C’est donc Gaumont qui nous permet aujourd’hui de (re)découvrir Les anges gardiens, ce petit classique presque oublié de la comédie franchouillarde, le Blu-ray débarquant dans la fameuse collection Blu-ray Découverte (aussi appelée Gaumont découverte en Blu-ray). Côté master, l’éditeur a fait du très beau boulot : le film est proposé au format Cinemascope 2.35 respecté, l’encodage est proposé en 1080p, et le master affiche une belle pêche, avec un grain cinéma conservé, doublé d’une définition et un piqué d’une très belle précision, fluctuant cela dit très légèrement d’une séquence à une autre. Les plans nocturnes ou en basse lumière sont admirablement gérés, on applaudit des deux mains, c’est du très beau travail éditorial. Côté son, la version française est mixée en DTS-HD Master Audio 2.0 : le mixage nous propose des dialogues clairs et on ne dénotera aucun souffle parasite disgracieux . L’ensemble est plein de pep’s et remplit au mieux le spectre sonore.
Du côté de la section suppléments, l’éditeur recycle l’excellent making of rétrospectif du film (40 minutes) déjà disponible sur le DVD de 2002, et proposant des entretiens sans langue de bois avec Jean-Marie Poiré, Christian Clavier, Alain Terzian, Françoise Ménidrey et Hughes Tissandier.