Le Voyou
France, Italie : 1970
Titre original : –
Réalisation : Claude Lelouch
Scénario : Claude Lelouch, Pierre Uytterhoeven, Claude Pinoteau
Acteurs : Jean-Louis Trintignant, Danièle Delorme, Charles Gérard
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 2h00
Genre : Policier
Date de sortie cinéma : 20 novembre 1970
Date de sortie DVD/BR : 10 mars 2022
Simon, condamné pour le kidnapping d’un enfant, parvient à s’évader de prison. Il trouve une planque et reprend contact avec sa maîtresse, Martine, et ses anciens complices. Il cherche un moyen de se venger de Gallois, le père de l’enfant, qui n’est pas vraiment blanc-bleu dans cette histoire…
Le film
[3,5/5]
« Tou-dou-doum, Tou-dou-doum, Tou-dou-doum, Tou-dou-doum, Le voyouuu !!! Tou-dou-doum, Tou-dou-doum, Tou-dou-doum, Tou-dou-doum, Le voyouuu !!! Na-na-na-na-na-na-na-na, Na-na-na-na-na-na-na-na, Le voyouuu !!! » Impossible, si vous avez vu Le voyou de Claude Lelouch, de ne pas garder en tête la petite musique de Francis Lai, que vous chantonnerez à coup sûr bien après la fin du film, pendant une journée, voire même deux ou trois. Si les symptômes persistent, on vous conseille cependant de consulter sans trop attendre.
Au moment de sa sortie en 1970, Le Voyou n’est « que » le dixième long-métrage de Claude Lelouch. Pourtant, depuis l’immense succès d’Un homme et une femme en 1966 (4,2 millions d’entrées), le cinéaste est devenu extrêmement populaire auprès du public : ses films réunissent alors régulièrement des millions de français dans les salles. De la même façon, son nom était presque déjà un élément du langage courant : les spectateurs ne vont plus forcément voir le nouveau film de tel ou tel acteur, mais vont voir « le Lelouch », ou « le nouveau Lelouch » – à la manière du Beaujolais, le Lelouch nouveau se savourait à l’époque environ une fois par an. Même l’affiche du film de 1970 jouait sur ce nouveau rendez-vous, en annonçant fièrement que Le Voyou était « le premier policier de Lelouch ».
Conscient du peu d’engouement entourant le cinéaste de nos jours, l’éditeur Metropolitan Vidéo opte quant à lui pour la méthode de la « Double-Punchline » sur la jaquette de ce nouveau Blu-ray : outre celle que l’on vient de citer, le dos du boîtier nous propose en effet une deuxième punchline. Celle-ci prendra la forme d’une citation Quentin Tarantino, qui n’a jamais été avare en petites phrases, et qui affirme que Le Voyou, « c’est Pulp Fiction avec 25 ans d’avance ». Hé ouais les gars. Si bien sûr on n’affirmera pas ici que le film de Claude Lelouch a conservé l’impact et le punch du film de Tarantino, on comprend en revanche que le cinéaste américain ait pu voir des similitudes entre les deux films : Le Voyou est en effet un polar qui par moments pourra rappeler le lauréat de la Palme d’Or 1994, principalement à travers sa tonalité gentiment décalée, mais également grâce à son intrigue, relativement complexe, et à son montage, encore plus complexe.
Les flashbacks / flashforwards sont nombreux et fréquents, et Claude Lelouch brouille volontairement les pistes en s’arrangeant pour ne pas rendre les transitions forcément évidentes au premier regard : toute l’histoire du Voyou nous est racontée « façon puzzle », avec une certaine intelligence d’ailleurs, et cette façon de jouer avec les codes du cinéma s’avère souvent franchement réjouissante. L’ensemble est d’autant plus amusant que Claude Lelouch conserve tout de même une main ferme et sûre sur ce qu’il nous raconte, autant que sur la manière dont il nous le raconte, et que l’intrigue dévie de façon régulière vers la comédie pure. D’ailleurs, Jean-Louis Trintignant faisait preuve d’un joli timing comique, qui fut assez peu utilisé au fil de sa carrière. Le reste du casting, composé entre autres de Christine Lelouch, Charles Gérard, Danièle Delorme et bien sûr du toujours excellent Charles Denner, contribue également à la réussite du film.
Le Blu-ray
[4/5]
Le voyou vient tout juste d’apparaître en Blu-ray sur les linéaires de vos revendeurs préférés, grâce à Metropolitan Vidéo, qui semble bien décidé à reprendre le flambeau de Marco Polo Productions, qui avait entrepris en 2015 de nous proposer une poignée de films de Claude Lelouch au format Haute-Définition avant de finalement lâcher l’affaire. Comme d’habitude avec Metropolitan, ce nouveau classique a bénéficié d’une restauration très soignée, et affiche aujourd’hui une forme insolente malgré les années. L’image est d’une belle stabilité, le grain d’origine est scrupuleusement respecté, le piqué est d’une étonnante précision et les contrastes pointus accentuent l’impression de profondeur de l’ensemble ; seuls les plans « à effets » (fondus enchaînés, mentions écrites…) marquent naturellement un peu d’avantage les effets du temps – néanmoins, ils constituent des points de comparaison qui rendent le travail de restauration sur le film d’autant plus perceptible et remarquable. Une réussite totale. Côté son, le film de Claude Lelouch est proposé dans un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 propre et clair, restituant parfaitement les dialogues et la musique du film signée Francis Lai. Vous savez, « Tou-dou-doum, Tou-dou-doum, Tou-dou-doum, Tou-dou-doum, Le voyouuu !!! » Au rayon des suppléments, l’éditeur nous propose la traditionnelle bande-annonce.