Test Blu-ray : Le Robot sauvage

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Le Robot sauvage

États-Unis : 2024
Titre original : The Wild Robot
Réalisation : Chris Sanders
Scénario : Chris Sanders
Voix (VO) : Lupita Nyong’o, Pedro Pascal, Stephanie Hsu
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h41
Genre : Animation, Science-Fiction
Date de sortie cinéma : 9 octobre 2024
Date de sortie DVD/BR : 19 février 2025

Le Robot Sauvage suit l’incroyable épopée d’un robot – l’unité ROZZUM 7134 alias « Roz » – qui après avoir fait naufrage sur une île déserte doit apprendre à s’adapter à un environnement hostile en nouant petit à petit des relations avec les animaux de l’île. Elle finit par adopter le petit d’une oie, un oison, qui se retrouve orphelin…

Le film

[5/5]

Le dernier né des studios DreamWorks Animation, Le Robot sauvage, est adapté d’un roman de Peter Brown, sorti en France en 2017 chez Gallimard Jeunesse, et qui se trouve être le premier d’une trilogie. Étant donné le succès international du film, qui a engrangé 328 millions de dollars de recettes à travers le monde et attiré plus de 1,8 millions de français dans les salles, on peut supposer que les deux autres romans se verront adaptés au cinéma dans un avenir proche. Ce succès devrait logiquement également accélérer la traduction et la sortie des tomes 2 et 3 en France ; à ce jour, seul le premier volume des aventures de Roz alias Rozzum 7134 était disponible en version française.

Visuellement renversant, narrativement audacieux et authentiquement émouvant, Le Robot sauvage a bénéficié de tout le savoir-faire de Chris Sanders, une valeur sûre dans le domaine de l’animation : animateur chez Walt Disney Pictures à partir de 1984, il avait quitté la maison de Mickey en 2007 pour travailler chez DreamWorks Animation. On lui doit notamment la co-réalisation avec Dean DeBlois de Lilo et Stitch (2002) et de Dragons (2007). Du côté du casting vocal, en VO, le doublage du film est assuré par Lupita Nyong’o (Wicked) dans le rôle du robot Rozzum 7134, Pedro Pascal (The Last of Us) dans le rôle d’Escobar le renard (qui a beaucoup d’importance ici que dans le roman dont est tiré le film), mais également par Bill Nighy, Ving Rhames ou Mark Hamill dans des rôles secondaires.

Le scénario du film, également signé Chris Sanders, fait sciemment le choix de s’écarter des recettes traditionnelles du film d’animation. En effet, à l’inverse de la plupart des dessins animés contemporains, au cœur desquels un rythme rapide est privilégié afin de conserver l’attention des enfants, Le Robot sauvage se déroule sur un rythme délibérément lent : si bien sûr l’humour est extrêmement présent, Chris Sanders prend tout le temps nécessaire afin de faire vivre ses personnages, de nous proposer des interactions solides entre eux, et de poser les bases d’enjeux narratifs clairs. Quand bien des films familiaux jouent la carte de la frénésie, Le Robot sauvage se délecte au contraire de la contemplation et du silence, ce qui donnera régulièrement au spectateur le temps d’assimiler ce qu’il voit, ce qui facilite grandement l’immersion au cœur du film.

Bien sûr, la musique joue un rôle essentiel dans Le Robot sauvage, mais elle n’est ni illustrative, ni narrative. Au contraire, le score de Kris Bowers, essentiellement orchestral, contribue surtout à développer et à alimenter le noyau émotionnel de l’histoire, contribuant à créer un sentiment de triomphe face aux succès de Roz et de Joli-Bec, et appuyant l’aspect dramatique face à leurs revers et à leurs échecs, sans jamais verser dans le tire-larmes. Tout cela contribue à faire de ce Robot sauvage un film qui a finalement beaucoup en commun avec l’œuvre d’Hayao Miyazaki qu’avec ses compatriotes américains : son attachement à la nature, son monde familier flirtant parfois avec le fantastique, son rythme languissant qui laisse occasionnellement la place à l’action…

Et bien sûr, il y a le personnage de Roz, alias Rozzum 7134, un robot qui, par nature, ne semble pas sa place dans un monde « naturel », mais qui, au fil des séquences, commencera à s’humaniser. Sa façon de parler change, de même que son apparence extérieure, endommagé et réparé par des éléments de son environnement. Roz commence également à faire preuve d’instinct maternel et de compassion, ce qui dépasse de loin sa programmation d’origine. Plus important encore, et c’est le cœur de l’intrigue du Robot sauvage, à travers Roz, le spectateur fait l’expérience de ce que c’est que d’être parent, d’une manière très condensée mais finalement très réaliste. Volonté de protection, joies et chagrins, désir de faire ce qu’il faut afin d’aider son enfant… Le tout étant suivi par un vide écrasant quand la tâche est terminée et que l’enfant a quitté le nid. Et si dans Le Robot sauvage, tout cela se passe en quelques mois (et en un peu moins de 102 minutes pour le spectateur), l’expérience n’en est pas moins déchirante. Chef d’œuvre.

Le Blu-ray

[4/5]

Avec la sortie du Robot sauvage sur support Blu-ray, DreamWorks et Universal font à nouveau la démonstration de leur savoir-faire technique en termes d’encodage Haute-Définition, et nous livrent une véritable galette de démonstration, à la définition et au piqué d’une précision excellente, offrant également des couleurs littéralement explosives et des contrastes soignés. Le rendu est de toute beauté, et en totale adéquation avec le procédé d’animation utilisé, proche de celui utilisé sur des films tels que Spider-Man : New Generation et Ninja Turtles : Teenage Years. Piqué, textures et couleurs sont d’une richesse impressionnante, même sur les plans nocturnes, c’est impeccable, irréprochable, avec des noirs profonds et une profondeur de champ exceptionnelle. Côté son, la version originale propose un véritable feu d’artifice de dynamisme avec un puissant mixage VO en Dolby Atmos, que les amplis non compatibles décoderont en Dolby TrueHD 7.1. Ce mixage fait honneur à l’ampleur et l’ambition du film de Chris Sanders. Les ambiances sont restituées de façon impressionnante, d’un dynamisme et d’une force tout simplement bluffantes. La version française n’est pas en reste, puisqu’elle débarque dans un impressionnant mixage Dolby Digital+ 7.1, qui s’avère souvent tonitruant, tout aussi extraordinaire que la VO en termes de finesse et de précision : un confort d’écoute optimal pour les fans de VF !

Au rayon des suppléments, on commencera avec une scène d’ouverture alternative du Robot sauvage (4 minutes), présentée par le scénariste/réalisateur Chris Sanders. Il s’agit d’une publicité pour les robots Rozzum, qui nous est ici montrée sous la forme d’un storyboard mais avec le son. Cette scène a finalement été déplacée, et on la découvre quasi-telle quelle au milieu du film. On aura également droit à une autre scène coupée (3 minutes), également présentée sous la forme d’un storyboard et présentée par Chris Sanders. Cette scène vaguement redondante explore la nature « surprotectrice » de Roz par rapport à Joli-Bec. On continuera ensuite avec une featurette sur le doublage du film (2 minutes), qui sera presque naturellement suivie d’une rencontre avec les acteurs (7 minutes). Lupita Nyong’o, Pedro Pascal, Catherine O’Hara, Chris Sanders y exprimeront leur attachement au film et évoqueront leur expérience sur ce projet.

Les suppléments suivants reviendront davantage sur la réalisation du Robot sauvage, avec tout d’abord un long sujet consacré qui fera office de making of (10 minutes). Le réalisateur Chris Sanders explique comment il est arrivé à ce projet et comment il s’est familiarisé avec l’animation dessinée à la main. Lui et les membres de l’équipe de production partagent des informations sur la manière dont ils ont tenté d’atténuer l’aspect numérique du film jusque dans ses textures. Une bonne partie du temps est également consacrée à la conception du personnage de Roz, tant du point de vue visuel que du point de vue de la conception sonore. On reviendra ensuite sur le lien avec le livre de Peter Brown (9 minutes). Le romancier y évoque les sources d’inspiration lui ayant servi pour écrire le livre, tandis que différents membres de l’équipe du film reviennent sur livre et ses thématiques, et comment ils ont influencés la tonalité du film. On enchaînera ensuite avec un sujet sur la musique du film (6 minutes), dans lequel le compositeur Kris Bowers explique comment il a abordé la composition de la musique de ce film. Maren Morris évoque également les deux chansons originales qu’elle a écrites pour le film.

Comme souvent avec les Blu-ray des productions DreamWorks, on trouvera également dans les bonus du Robot sauvage une section dédiée aux enfants, avec plusieurs Tutos de dessin (22 minutes) dans lesquels Chris Sanders montre aux spectateurs comment dessiner Roz. Il sera suivi par Genevieve Tsai, qui nous apprendra à dessiner Escobar, Bébé Joli-Bec et Queue-Rose. On aura ensuite droit à un autre tuto afin de fabriquer un cerf-volant Joli-Bec (11 minutes), avec des matériaux que l’on peut trouver dans n’importe quel magasin de bricolage. Enfin, les spectateurs anglophones pourront se tourner vers le Commentaire audio du scénariste/réalisateur Chris Sanders, accompagné pour l’occasion par le producteur Jeff Hermann, la monteuse Mary Blee, du concepteur de production Raymond Zibach, de la responsable de l’histoire Heidi Jo Gilbert et du responsable de l’animation des personnages Jakob Hjort Jensen. Ce commentaire n’est en effet disponible qu’avec des sous-titres anglais, mais il est vivant et très intéressant. Les intervenants y reviendront sur la conception de certaines séquences – telles que la fameuse séquence 2-50 – ainsi que sur le développement des personnages, les écarts par rapport au texte original ou encore l’évolution du projet. Très intéressant !

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