Le puits et le pendule
États-Unis : 1991
Titre original : The pit and the pendulum
Réalisateur : Stuart Gordon
Scénario : Dennis Paoli
Acteurs : Lance Henriksen, Stephen Lee, Jeffrey Combs
Éditeur : Movinside
Durée : 1h37
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 26 septembre 2017
Espagne, 1492. L’Inquisition a instauré un sanglant règne de terreur, tortures et meurtres au nom de la religion. Prise dans la tourmente, la femme du boulanger, Maria, est accusée de sorcellerie. Elle comparaît nue devant le grand inquisiteur Torquemada. Subjugué par sa beauté, Maria devient le jouet des tortures sadiques de Torquemada…
Le film
[4/5]
Vaguement inspiré de la très courte nouvelle éponyme d’Edgar Allan Poe, Le puits et le pendule permet au début des années 90 à l’excellent Stuart Gordon (dont l’œuvre -certes inégale- ne se limite pas à Re-Animator et devrait réellement être réhabilitée d’urgence) de signer une série B efficace et bien déviante, qui devrait trouver une place de choix dans le cœur de tous les cinéphiles amateurs de bizarreries de celluloïd. En effet, avec Le puits et le pendule, le cinéaste peut enfin aborder avec « sa » vision si particulière, empreinte de bande dessinée et de pop culture, les dérives de l’Inquisition Espagnole (et de l’inquisition en général), qui avaient déjà permis à une poignée de cinéastes avant lui de livrer de véritables petits chefs d’œuvres du genre horrifique… On pense bien sûr à La chambre des tortures (Roger Corman, 1961), adapté par Richard Matheson de la même nouvelle de Poe, au sublime Grand inquisiteur (Michael Reeves, 1968), ou à des films sans doute un peu moins « majestueux » mais tout aussi attachants, tels que Les diables (Ken Russell, 1971), La marque du diable (Michael Armstrong, 1970) ou même le plus récent Black death (Christopher Smith, 2010).
Malgré les allures de série B décomplexée que prend rapidement le film, Stuart Gordon, visiblement très documenté, aborde son sujet avec beaucoup de sérieux. Bien sûr, certains passages du film pourront passer pour totalement absurdes aux yeux du spectateur contemporain, tels que la séquence d’ouverture durant laquelle le « grand inquisiteur » fait déterrer un squelette de sa tombe afin de lui infliger une série de coups de fouet… Mais ces absurdités que l’on penserait presque issues des sketches du Monty Python’s flying circus n’en demeurent pas moins historiquement exactes. Ainsi, Stuart Gordon reste fidèle à son style de toujours, proche des comics mélangeant allégrement le côté lugubre et l’humour noir à la façon des Tales from the crypt, Eerie, Creepy et autres trésors des années 50/60 : il ose parier sur un équilibre délicat entre les variations de ton, toujours à mi-chemin entre le sourire et le réalisme le plus cru, en passant naturellement par les excès en tous genres, Le puits et le pendule transpirant littéralement le sexe et le sang. Et le tout fonctionne plutôt bien au final, le film jonglant avec cruauté avec une série d’idées folles, portées par un casting qui tire véritablement son épingle du jeu, surtout du côté des « méchants ».
Dans la peau du grand inquisiteur Tomás de Torquemada, Lance Henriksen fait preuve d’une passion et d’une fièvre assez incroyable, donnant l’impression qu’il le jouait comme si sa vie en dépendait. Composant un personnage littéralement halluciné, le crâne rasé et se déplaçant tel un véritable possédé, il porte véritablement le film sur ses épaules. À ses côtés, on retrouvera l’inévitable Jeffrey Combs, acteur fétiche de Stuart Gordon, ainsi que le vétéran Oliver Reed dans une courte apparition.
Le Blu-ray
[4/5]
Le Blu-ray édité par Movinside nous propose une expérience Home Cinéma globalement recommandable : si le film est malheureusement encodé en 1080i, faisant passer le film d’1h37 dans les salles où il a eu la chance de sortir à une durée d’1h32 (cadencement à 25 images / secondes oblige), l’image est d’une belle précision, et on sent, malgré un piqué un poil doux, un indéniable upgrade HD pour un film qui restait de toute façon jusqu’ici inédit en DVD en France. Dans ses passages les plus sombres, on remarquera de nombreux effets de « moiré » sur les arrière-plans et les surfaces unies, mais ce détail apparaitra surtout en cas de rétroprojection sur un écran de grande taille (quasi-imperceptible sur une dalle classique de 120 cm). Globalement, le boulot d’encodage proposé par Movinside rend parfaitement hommage à la photo très soignée du film, signée Adolfo Bartoli (un grand habitué des productions Full Moon). Côté son, les deux mixages (VF/VO) sont proposés en LPCM 2.0 (stéréo), et savent en imposer au spectateur, avec des passages littéralement tonitruants apportant un dynamisme certain à l’ensemble.
Dans la section suppléments, et outre la traditionnelle bande-annonce du film, l’éditeur nous propose une intéressante présentation du film par le mythique ex-rédac chef de Mad Movies Marc Toullec. Si ce dernier lit beaucoup trop ostensiblement un texte disposé un peu trop loin de ses yeux (il bute sur certains mots comme s’il découvrait le texte en le lisant), il nous délivre quelques précieuses anecdotes concernant la production –contrariée– du film.
Le livret disponible à l’intérieur du boitier nous apprend en outre que quatre nouveaux titres vont intégrer la collection « Trésors du Fantastique » au mois de novembre 2017 : on (re)découvrira donc les formidables Prisonnières des martiens (Ishiro Honda, 1957) et Alucarda (Juan López Moctezuma, 1977), qui seront également accompagnés des plus anecdotiques mais très symapthiques The House on sorority row (Mark Rosman, 1983) et Cannibal girls (Ivan Reitman, 1973). On espère pouvoir les chroniquer afin de vous faire partager nos impressions sur cette riche collection !