Le projet Atticus
États-Unis: 2015
Titre original : The Atticus Institute
Réalisateur : Chris Sparling
Scénario : Chris Sparling
Acteurs : William Mapother, Julian Acosta, Rya Kihlstedt
Éditeur : M6 Vidéo
Durée : 1h23
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 18 mars 2015
Fondé en 1976 par le Dr Henry West, l’Institut Atticus était spécialisé dans l’étude de personnes développant des capacités paranormales : parapsychologie, voyance, psychokinésie, etc… Mais aucun cas étudié jusque-là n’avait préparé le Dr West et son équipe à l’arrivée de Judith Winstead. Au fil des expériences menées sur Judith, il devient évident que ses capacités sont la manifestation des forces du mal et son existence est alors révélée au gouvernement américain. L’armée décide alors de prendre le contrôle du centre de recherche…
Le film
Dans la famille « documenteur », je demande Le projet Atticus. Riche d’un petit buzz mérité lors du dernier festival de Gérardmer, le film choisit volontairement de prendre à revers les amateurs de cinéma fantastique et/ou horrifique. Contournant habilement son petit budget en n’ayant qu’un recours très partiel aux ficelles bien usées du « found footage », le film s’impose rapidement comme un faux documentaire de tout premier ordre, en faisant le choix risqué et payant de délaisser les aspects purement horrifiques de son récit de possession, pour s’attarder au contraire sur la « récupération » des phénomènes paranormaux décrits dans le film par le gouvernement US.
Ce faux documentaire, écrit et réalisé par Chris Sparling (par ailleurs scénariste de l’excellent Buried), décide en effet d’entrecouper les séquences filmées à l’institut Atticus dans le film (pseudo-tournées entre 1975 et 1976) par des témoignages contemporains de divers intervenants liés au drame ayant pris place à l’époque. Quarante ans après les faits, et de ce fait plus réellement pieds et poings liés par le secret d’état, les militaires et autres représentants politiques s’expriment sur ce qui s’est « vraiment » passé au centre Atticus en 76. En d’autres termes, Le projet Atticus est l’occasion pour le scénariste / réalisateur non pas de tourner un simple « shocker » horrifique à la première personne de plus (qui viendrait de toutes façons s’ajouter à la liste interminable des « found footages » et autres faux documentaires ayant vu le jour depuis les cartons au box-office de Blair witch Project et, plus tard, de Paranormal activity), mais bien d’aborder de front les diverses manipulations politico-militaires ayant pris place durant la guerre froide, et inscrivant de fait son film dans la plus pure tradition des films de « complot » ayant fleuri tout au long des années 70.
Un pari qui, il faut l’admettre, était loin d’être gagné d’avance, mais qui permet à ce Projet Atticus d’occuper aujourd’hui une place à part dans le petit monde du film de genre, d’autant plus que d’un point de vue purement technique, la qualité de reconstitution des séquences soi-disant tournées dans les années 70 est purement et simplement bluffante.
Le Blu-ray
[4/5]
Le Blu-ray édité par M6 Vidéo rend pleinement justice au travail sur l’image, les couleurs et les formats qu’a du nécessiter le film. Bien sûr, selon les passages, la définition et le piqué sont plus ou moins accrus, mais il s’agit là d’une des particularités du film. On ignore s’il s’agit d’une volonté des auteurs, mais sur les séquences dites « anciennes », on remarque constamment un net effet de « banding » horizontal, présent sur toute la durée du film, et disparaissant durant les témoignages, contemporains et lumineux, à la définition également plus précise. Côté son, VF et VO sont mixées en DTS-HD Master Audio 5.1, et les effets de surprise vous feront à coup sûr dresser les cheveux sur la tête. Si la version originale reste forcément plus convaincante, le doublage de la version française est soigné.
Dans la section suppléments, on commencera avec une courte série de scènes coupées, pas forcément indispensables. Revenant sur le procès, les origines de l’institut ou encore la thérapie du Dr West, elles s’avèrent soit inutiles soit un poil redondantes avec le reste du métrage, la scène mettant en scène la femme du professeur West étant quant à elle carrément too much. Le second bonus disponible sur la galette est un making of, également très court. On y reviendra essentiellement sur la volonté de « faire vrai » et sur l’interprétation de Rya Kihlstedt. Il est d’ailleurs amusant d’écouter l’ambition du réalisateur Chris Sparling, dont le désir le plus fou est qu’un téléspectateur tombant sur son film en zappant ne puisse pas déterminer qu’il s’agit d’un film, mais qu’il pense qu’il s’agit d’un documentaire. Autrement dit, il a hâte que Le projet Atticus passe sur le câble… Dommage que le making of ne nous en apprenne pas plus sur le boulot de post-production effectué pour « vieillir » les images et différents médias utilisés.