Le prisonnier d’Alcatraz
États-Unis : 1962
Titre original : Birdman of Alcatraz
Réalisation : John Frankenheimer
Scénario : Guy Trosper
Acteurs : Burt Lancaster, Karl Malden, Thelma Ritter
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 2h27
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 26 octobre 1962
Date de sortie DVD/BR : 6 juin 2018
Après deux meurtres de sang-froid, Robert Stroud est incarcéré en isolement à la prison de Laevenworth dans le Kansas. Un jour, il trouve dans la cour un moineau blessé et décide de le recueillir. Il finit par le soigner et l’apprivoiser. Étudiant dès lors sans relâche, il passe maître en ornithologie et devient peu à peu l’homme aux canaries. Jusqu’au jour où son transfert immédiat vers Alcatraz lui est annoncé…
Le film
[4,5/5]
Plus de cinquante ans après sa réalisation, Le prisonnier d’Alcatraz s’est imposé comme l’un des plus grands classiques du « Film de prison ». Genre à part entière, ayant offert au spectateur une sacrée poignée de grands films et séries TV au fil des années, le film de prison ne se démode jamais réellement, dans le sens où si la société évolue, les conditions de vie carcérale en revanche tendent à rester les mêmes malgré le temps qui passe : une cellule reste une cellule, et le dénuement spartiate des décors utilisés pour ce genre de films demeure, à d’infimes détails architecturaux près, très similaire que l’on visionne un film des années 50, 80 ou 2000.
Développant une mélancolie littéralement palpable, Le prisonnier d’Alcatraz impose sans peine son rythme lent, maintenant l’attention du spectateur en soignant particulièrement son ambiance, à la tension sourde omniprésente. Et même si ce récit de la vie de Robert Stroud prend de grandes libertés avec la réalité, le scénario s’avère écrit avec une finesse et une acuité vraiment remarquables, profondément humanistes en un sens. Par exemple, l’évolution du personnage principal (formidable Burt Lancaster) se fait par petites touches menant à une humanisation littéralement bouleversante, et les seconds rôles sont tous réellement intéressants, le récit évitant toute tentation de dériver vers un univers par trop manichéen qui opposerait, comme le feront certains après lui, gentils détenus et matons sadiques. Bien sûr, on pourra cependant arguer que le scénario n’est pas non plus totalement exempt de défauts, surlignant un poil trop didactiquement par le dialogue certaines thématiques ou éléments narratifs – mais cette quête de liberté entre les murs d’une prison s’avère tout de même un sacré beau morceau de péloche.
Enfin, si Le prisonnier d’Alcatraz marque encore autant les mémoires aujourd’hui, c’est également grâce à la mise en scène pour le moins inspirée et maitrisée de John Frankenheimer, qui s’avérait en 1962 au sommet de son Art (il réaliserait en effet cette même année rien de moins que L’ange de la violence et Un crime dans la tête !), et livrait au spectateur un film formellement abouti, visuellement très impressionnant : sens du cadre, travail sur l’espace à travers les perspectives et la profondeur de champ, direction photo sublime avec une construction en clairs obscurs littéralement « quadrillée » de lignes horizontales et verticales… Tout concourt à faire de ce Prisonnier d’Alcatraz une véritable date dans l’histoire du genre.
Le Combo Blu-ray + DVD + Livre
[5/5]
C’est donc évidemment Wild Side Vidéo qui fait le choix de gâter à nouveau le consommateur français avec la sortie événement du Prisonnier d’Alcatraz dans un exceptionnel Combo Blu-ray + DVD + Livre, venant grossir les rangs de sa déjà riche collection de coffrets « luxe » dédiés depuis quelques années à différents films et réalisateurs. Au fur et à mesure et en l’espace de quelques années, Wild Side est donc réellement parvenu à créer une collection riche et pleine de personnalité, comparable au prestigieux label « CRITERION » aux États-Unis : joli tour de force au cœur d’un pays où les chiffres de ventes de la vidéo physique marquent un recul de plus en plus net chaque année…
Cette nouvelle livraison comportera donc comme d’habitude à la fois le film sur support DVD et Blu-ray. Le film bénéficie d’ailleurs en Blu-ray d’un très joli upgrade Haute Définition. La restauration a fait place nette des taches et autres poussières, le master est stable et précis, et cette galette nous propose aujourd’hui un piqué précis tout en conservant scrupuleusement la granulation argentique d’origine. La photo noir et blanc très soignée est littéralement sublimée grâce à une formidable gestion des contrastes, tout semble donc avoir été fait avec le plus grand soin pour que le cinéphile français puisse enfin (re)découvrir le film dans les meilleures conditions possibles. Du côté des enceintes, VF d’époque et VO anglaise nous sont proposées, en DTS-HD Master Audio 2.0, en mono d’origine évidemment. Les dialogues sont clairs, les ambiances plutôt bien préservées, sans souffle. On notera une nette domination de la version originale sur sa consœur enregistrée dans la langue de Molière (qui, malgré les apparences, est également la langue maternelle de nombreux rappeurs ainsi que des membres du casting des Marseillais) : elle s’avère très rapidement plus naturelle, plus convaincante mais également un poil plus ample au niveau du spectre audio.
En plus d’être un bel objet, le coffret édité par Wild Side n’est d’ailleurs pas avare en suppléments et autres contenus inédits : outre un passionnant livre de 200 pages signé Doug Headline (ex-Starfix) nous révélant tout sur la genèse du film ainsi que sur le « vrai » Robert Stroud (le tout étant richement illustré de photos d’archives rares), on trouvera sur le Blu-ray à proprement parler un long entretien avec Richard H. Kline (cadreur du film), qui reviendra, pendant presque une demi-heure, sur ses souvenirs du tournage du Prisonnier d’Alcatraz ainsi que sur certains aspects techniques (il évoque notamment la difficulté de tourner avec des oiseaux et s’exprime sur le choix de Frankenheimer de tourner en noir et blanc). On terminera ensuite avec la traditionnelle bande-annonce du film.
