Test Blu-ray : Le Prince et le pauvre

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Le Prince et le pauvre

Royaume-Uni, États-Unis : 1977
Titre original : Crossed Swords
Réalisation : Richard Fleischer
Scénario : George MacDonald Fraser
Acteurs : Mark Lester, Oliver Reed, Ernest Borgnine
Éditeur : StudioCanal
Durée : 2h01
Genre : Aventures
Date de sortie cinéma : 2 août 1978
Date de sortie DVD/BR : 31 janvier 2024

Un jeune voleur, pour échapper à la police, escalade un mur et se retrouve face à face avec le prince Edward, dont il est le parfait sosie. Pour une nuit, les deux garçons vont échanger leur vie. Mais il est aussi difficile pour le prince de se retrouver dans la rue que pour le pauvre d’être au palais !

Le film

[3/5]

Le Prince et le pauvre est une adaptation du célèbre roman de Mark Twain, réalisée par Richard Fleischer en 1977, c’est-à-dire à l’ère du « Nouvel Hollywood » et des grandes mutations du cinéma populaire américain, dont les chefs de file étaient Les Dents de la mer (1975) et La Guerre des étoiles (1977). Il s’agit d’un film à grand spectacle comme on pouvait en voir dans les années 50, mais qui débarquait longtemps après la fin de l’âge d’or de ce genre de films, en réaction au succès inattendu des Trois Mousquetaires (1973) et de sa suite On l’appelait Milady (1974). Pour autant, en l’espace de quelques années, le cinéma Hollywoodien s’est complètement métamorphosé, et avec le recul, Le Prince et le pauvre est un film dont on s’explique sans peine l’échec public, dans le sens où on imagine très bien à quel point il a pu paraître profondément anachronique – voire même complètement ringard – au public au moment de sa sortie dans les salles. Et malgré les dates de sorties indiquées par Wikipédia (1er janvier 1978) et Encyclo-Ciné (2 août 1978), on ignore à vrai dire si le film a réellement été distribué sur les écrans français.

Un peu plus de quarante-cinq ans plus tard, il semble important de souligner que Le Prince et le pauvre n’est probablement pas le gigantesque ratage décrié par ci ou par là sur Internet et dans les critiques US de l’époque. Le film nous propose ainsi un casting littéralement éblouissant, le travail de Jack Cardiff sur la photo du film permet à Richard Fleischer de nous livrer un spectacle visuellement très solide, et la musique de Maurice Jarre est absolument remarquable. Rien à redire non du côté de la structure du film, le scénario de George MacDonald Fraser recréant assez fidèlement l’atmosphère et les différentes péripéties du roman de Mark Twain. Cependant, on mentirait en affirmant que Le Prince et le pauvre s’avère une réussite à tous les points de vue, et son plus gros défaut, qui est également une de ses grandes qualités, se situe dans son casting quatre étoiles, ou plutôt dans l’interprétation toute personnelle du roman de Mark Twain que nous proposent quelques-unes des plus grandes stars au générique du film.

On rappelle que Le Prince et le pauvre met en scène, aux côtés du jeune Mark Lester, rien de moins qu’Oliver Reed, Charlton Heston, Ernest Borgnine, Rex Harrison, George C. Scott, David Hemmings et Raquel Welch. Certains d’entre eux ayant la réputation de ne pas être des plus faciles à gérer, on comprend tout de même un peu que Richard Fleischer ait eu des difficultés à canaliser leurs égos ainsi que la « vision » qu’ils pouvaient avoir de leurs personnages. Charlton Heston semble ainsi totalement absent, et totalement détaché des événements qui se trament autour de lui, Ernest Borgnine en fait des caisses comme s’il évoluait dans une parodie de film en costumes, et Oliver Reed est en roue libre, nous livrant une prestation certes spectaculaire mais souvent à côté de la plaque. Quant à Raquel Welch, elle tente tant bien que mal de défendre son personnage, mais ce dernier semble avoir uniquement été ajouté à l’intrigue pour lui conférer une touche de glamour light.

Pour autant, en dépit des difficultés rencontrées par Richard Fleischer pour gérer son panel de stars, il parvient tout de même, avec l’aide non négligeable de Jack Cardiff et grâce à un production design assez impressionnant, à donner à son film un cachet « historique » assez réussi. Ce dernier contribue à faire du Prince et le pauvre un divertissement tout à fait fréquentable, et ce en dépit de son aspect clairement anachronique. A (re)découvrir !

Le Blu-ray

[4,5/5]

Inédit en France sur support Haute-Définition, Le Prince et le pauvre était déjà sorti sur support DVD sur le territoire français en 2009, déjà chez StudioCanal. L’éditeur français nous permet donc aujourd’hui de redécouvrir le film de Richard Fleischer sur galette HD au sein de la collection « Make My Day » dirigée par Jean-Baptiste Thoret. Comme d’habitude avec les films de cette collection, Le Prince et le pauvre s’offre pour l’occasion un packaging assez sublime, très classe, avec un beau digipack agrémenté d’un sur-étui cartonné dont le graphisme a été confié aux bons soins de Vladimir Thoret pour l’agence Cine Qua Non.

Côté master, on est en présence d’une très belle édition Blu-ray : StudioCanal a pris grand soin de restituer le grain d’origine, et surtout, la définition et le piqué sont en tous points remarquables : précis, pointus, affûtés, comme disait Eric Cantona dans une célèbre pub des années 90. Même topo pour les couleurs et la gestion des noirs : c’est du très beau travail, le rendu visuel semble vraiment optimal, avec de belles couleurs et des noirs denses et profonds. En ce qui concerne le son, VF et VO sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, mono d’origine. Les amateurs de versions françaises un peu surannées pourront y retrouver les voix de René Arrieu, Jean Davy ou Henry Djanik.

Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord la traditionnelle présentation du film par Jean-Baptiste Thoret (9 minutes), qui reviendra essentiellement sur la fin de carrière de Richard Fleischer, et sur les films qu’il a tournés suite à l’échec de Mandingo en 1975. On continuera ensuite avec une présentation du film par Nicolas Tellop (44 minutes), qui remettra assez longuement le film dans son contexte de tournage ainsi que dans la filmographie de Richard Fleischer. Il reviendra dans le détail sur à peu près tout ce qu’évoque Jean-Baptiste Thoret de façon synthétique dans sa présentation, et dressera un parallèle intéressant entre Fleischer lui-même et le personnage incarné par Dennis Quaid dans La Force de vaincre (1983). Il reviendra ensuite sur différents aspects du Prince et le pauvre, et évoquera tout autant les défauts que les qualités du film. On terminera enfin par un entretien avec Olivier Assayas (28 minutes), qui reviendra sur le concours de circonstances lui ayant permis d’obtenir un poste d’assistant stagiaire sur Le Prince et le pauvre, tout en nous révélant de nombreuses anecdotes assez amusantes sur la production du film et son tournage en Hongrie. Il y évoquera notamment le cadeau un peu particulier offert par Oliver Reed au jeune Mark Lester pour son anniversaire… Il admettra avoir ressenti sur le plateau le côté profondément anachronique du film, qui ne correspondait pas du tout à ce que sa génération avait envie de voir au cinéma ; cependant, avec le recul, il l’apprécie aujourd’hui à sa juste valeur.

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