Test Blu-ray : Le Monocle noir

3
2015

Le Monocle noir

France : 1961
Titre original : –
Réalisateur : Georges Lautner
Scénario : Pierre Laroche, Jacques Robert
Acteurs : Paul Meurisse, Elga Andersen, Bernard Blier
Éditeur : Pathé
Durée : 1h44
Genre : Comédie, Espionnage
Date de sortie cinéma : 29 août 1961
Date de sortie DVD/BR : 4 février 2015

 

Des hommes nostalgiques du nazisme se réunissent au château de Villemaur, pour y rencontrer un survivant du Troisième Reich. Dans l’assemblée, il y a le commandant Dromard, avec son monocle noir…

Le film

[4/5]

Le film d’espionnage français, plus ou moins légèrement emprunt de comédie, était en vogue dans les années 50/60. A l’image du commissaire San-Antonio imaginé par Frédéric Dard, qui ne tarderait d’ailleurs pas à vivre lui aussi ses rocambolesques aventures sur grand écran, beaucoup d’espions et autres agents des services secrets ou assimilés allaient connaître les joies de la distribution en salles obscures, en occupant la tête d’affiche dans des films plus ou moins romanesques et décalés. C’est dans ce contexte qu’en 1961 on a vu apparaître, aux côtés de Coplan ou OSS 117, les premiers exploits cinématographiques du « Monocle », librement adaptés du roman du Colonel Rémy.

Contrairement au roman donc, Le monocle noir n’est pas un film extrêmement sérieux, mais une comédie utilisant l’espionnage comme toile de fond. En pleine guerre froide, le film de Georges Lautner choisit la distanciation vis à vis de son sujet, et là où des films plus sérieux alimenteraient une tension dramatique grave et une ambiance de fin du monde, Lautner choisit d’en rire, et afin qu’on ne puisse pas le taxer d’une quelconque hypocrisie, ouvre le film avec un avertissement dicté par Bernard Blier, demandant expressément au spectateur de « ne pas prendre trop au sérieux » le film, qui se veut une douce déconnade.

Plus de cinquante après, Le monocle noir ne s’avère certainement pas aussi brillant et drôle que le cultissime Les barbouzes (1964), mais il en constitue une forme de « brouillon », dans le sens où tous les ingrédients du délire à venir sont présents : faux-semblants, mensonges, identités secrètes, triangle amoureux, demeure alambiquée, décalage humoristique omniprésent… La mise en scène de Georges Lautner est, comme toujours, dynamique, instinctive, ne laissant pas au spectateur le temps de se reposer, et les acteurs sont tous remarquables et semblent beaucoup s’amuser. Une belle redécouverte !

Le Blu-ray

[4,5/5]

C’est Pathé qui a eu la bonne idée de sortir une vague de films de Georges Lautner restaurés en 2K début 2015, dont fait partie ce Monocle noir. L’image restaurée est de toute beauté, affichant un grain préservé et un noir et blanc superbe : les contrastes sont fins et affirmés (une volonté du directeur photo Maurice Fellous), et le master semble débarrassé de tous les dégâts infligés par le temps (jaunissement, taches ou autres griffes…). Bref, la restauration est de qualité, et le résultat est extrêmement satisfaisant. Côté son, la bande-son est proposée en DTS-HD Master Audio 1.0, mono d’origine. Les dialogues sont clairs et bien découpés, et la musique jazzy de Jean Yatove est bien mise en avant.

Du côté des suppléments, on trouvera, outre la bande-annonce de rigueur (d’époque, elle s’avère assez amusante), un documentaire rétrospectif d’une vingtaine de minutes signé Jérôme Wybon, et intitulé La naissance du style Lautner. Proposé en Haute-Définition, ce sujet donne la parole à de nombreux intervenants, dont Bertrand Blier, assistant sur le film, qui reviennent sur la genèse du Monocle noir. D’après les propos de Blier, l’atmosphère sur le tournage était détendue ; en complément de ces témoignages, Wybon a également retrouvé quelques formidables images d’archives. On retrouvera donc le colonel Rémy, qui évoque son roman et les différences de ton existant entre ce dernier et le film de Georges Lautner, ou encore un entretien avec Paul Meurisse dans lequel l’acteur explique sa volonté de « saboter » l’œuvre en en faisant délibérément des caisses, car il n’appréciait pas vraiment le scénario du film auquel il était lié par contrat. Force est de constater cependant que le temps a, au contraire, fait des outrances un peu grotesques du jeu de Meurisse une des particularités les plus attachantes du film de Lautner. Un documentaire riche et passionnant.

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