Test Blu-ray : Le messager de la mort

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Le messager de la mort

États-Unis : 1988
Titre original : Messenger of death
Réalisation : Jack Lee Thompson
Scénario : Paul Jarrico
Acteurs : Charles Bronson, Trish Van Devere, Laurence Luckinbill
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h31
Genre : Thriller, Action
Date de sortie cinéma : 9 août 1989
Date de sortie DVD/BR : 17 février 2020

Journaliste spécialisé dans les affaires les plus délicates, Garret Smith s’intéresse à un carnage perpétré dans une communauté mormone d’Arizona. Les victimes : les femmes et enfants d’une seule et même grande famille. Si les premières constatations de la police indiquent que les meurtres ont été commis sous prétexte de la religion, Smith n’y croit guère. Au péril de sa vie, il découvre peu à peu que la vérité est ailleurs…

Le film

[3,5/5]

Au deuxième semestre 2019, en plus de plusieurs titres déjà disponibles au sein de la collection « Westerns de légende », Sidonis Calysta a entamé une nouvelle série de Blu-ray / DVD consacrée à Charles Bronson. Après Un justicier dans la ville (1974) et Un justicier dans la ville 2 (1982), et en attendant Les baroudeurs (1970) qui sortira fin mars, on verra donc débarquer en Blu-ray Le cercle noir (1973) et Le messager de la mort (1988) en février. Les amoureux du jeu monolithique de Charles Bronson et des différentes étapes de sa carrière sont donc bien sûr aux anges, même si l’on ne peut s’empêcher de s’interroger sur les raisons poussant l’éditeur français à sortir les films de cette nouvelle collection dans un ordre plutôt que dans un autre. On pourra notamment se demander pourquoi Sidonis Calysta, sous l’égide de leur charismatique président Alain Carradore, a par exemple choisi de mettre en avant Le messager de la mort plutôt qu’un autre film.

On n’entend pas forcément par là que Le messager de la mort ne vaut pas le coup d’être découvert – comme tous les films de Charles Bronson, il est intéressant, et on développera d’ailleurs quelques lignes plus bas les différentes qualités du film de Jack Lee Thompson. Cela dit, et quitte à taper dans la filmographie des années 80 de Charles Bronson, il semble que d’autres films pouvaient être considérés comme autrement plus attendus que celui-ci : on pense par exemple au Justicier de New York (1985), avec Papi Bronson qui nettoie le ghetto au lance-roquette, et au Justicier braque les dealers (1987), dans lequel il éradique avec ses petits poings tout l’approvisionnement en drogues dures de la Côte Ouest. Parallèlement à ces deux monuments, les années 80 ont également permis à Bronson de nous offrir une poignée d’autres petites perles : Le justicier de minuit (1983), avec son serial killer ayant la particularité de se mettre intégralement nu avant de se laisser aller à ses penchants criminels, L’enfer de la violence (1984), avec son pseudo-Dr Mengele sadique louant ses services en Amérique du Sud, ou encore à La loi de Murphy (1986), thriller complètement barré disposant d’une des VF les plus folles et les plus « WTF » de l’Histoire. Tous sont également réalisés par J. Lee Thompson – autant de films surprenants, mettant en scène un Charles Bronson à la soixantaine bien tassée, qui développent sans doute un côté un peu moins « plan-plan » que Le messager de la mort.

Le principal défaut du film de Jack Lee Thompson est en effet de son côté un peu trop routinier, ne permettant jamais réellement à Bronson de casser l’image de « Papy » qu’il trimballait à l’époque. Son personnage de journaliste ne lui permet que peu de mettre en avant ses exploits physiques, à l’exception d’une séquence ou deux, et le rythme du film s’en ressent quelque peu. Il commence pourtant très bien, avec une séquence d’ouverture cruelle et sans concessions. Mettant en scène deux tueurs mystérieux – dont le look rappelle le personnage du « Saint des tueurs » dans la série de comics Preacher – perpétrant un véritable massacre dans une maison isolée, Le messager de la mort en impose d’entrée de jeu avec une photo éthérée du meilleur effet, quasi-Hamiltionienne, qui tranche bien avec la violence de ce qui nous est montré. La suite emmènera le spectateur à la découverte de plusieurs petites communautés de mormons, au centre d’une machination politico-criminelle dont les ramifications seront mises à nu par notre Papi Bronson préféré, qui échappera de peu à un gros accident de camion et affrontera à plusieurs reprises un tueur impitoyable, machine à tuer qui sera anéantie par les poings sexagénaires – mais aguerris – du personnage principal.

Hérités du polar littéraire (le film est adapté d’un roman de Rex Burns), les ressorts du récit policier et la structure même du Messager de la mort semblent avoir été très influencés par le succès, quelques années auparavant, de l’excellent Fletch aux trousses (Michael Ritchie, 1985). Durant tout le déroulement du film, et tout particulièrement grâce à son background chez les mormons, et alors que J. Lee Thompson et Charles Bronson y restent totalement et imperturbablement sérieux, on ne cesse de se dire que le scénario aurait fait, avec de légers remaniements humoristiques centrés sur la personnalité de Chevy Chase, un excellent deuxième opus à la saga Flecth (« deuxième » car le second épisode officiel, Autant en emporte Fletch, ne sortirait qu’en 1989, soit l’année d’après). Néanmoins, l’ensemble fonctionne plutôt bien, et l’intrigue se déroule sans temps mort, avec quelques occasionnels débordements de violence graphique typique du cinéma de J. Lee Thompson. On est donc en présence d’un Bronson certes mineur par rapport aux « grands » films remplis d’excès en tous genres qu’il a tourné au fil des années 80, mais un honnête divertissement, plaisant et d’une solidité à toute épreuve.

Le Blu-ray

[4/5]

Initialement prévue au mois de novembre 2019, c’est à dire quelques jours à peine après l’arrivée sur support Blu-ray d’Un justicier dans la ville (lire notre article) et Un justicier dans la ville 2 (lire notre article), la sortie du Cercle noir et du Messager de la mort, nouveaux titres de la collection consacrée par Sidonis Calysta à Charles Bronson, a finalement été repoussée au 3 février 2020. Vous pouvez donc sortir votre colt, un doigt de whisky, un petit cigare et faire chauffer le vidéoprojecteur : le grand Charlie est dans la place…

Côté master, la définition du Messager de la mort édité par Sidonis Calysta ne pose pas le moindre problème, on peut même affirmer qu’en comparaison avec le DVD édité par MGM en 2004, il s’agit là d’une totale redécouverte. Le piqué est d’une précision remarquable, les couleurs sont chaudes et naturelles, et le grain cinéma a été globalement préservé (c’est important, surtout si l’on considère que cette granulation un peu « roots » fait partie intégrante du charme de ces bandes d’exploitation des années 80). Fidèle à ses excellentes habitudes, l’éditeur nous propose donc un encodage 1080p sans faille, et on l’en félicite chaleureusement. Côté son, la version française d’origine côtoie donc la VO, toutes deux mixées en DTS-HD Master Audio 2.0 : les deux versions proposent des dialogues clairs. On notera par ailleurs que même si la VF manque un peu d’ampleur, les cinéphiles ayant découvert le film dans leurs jeunes années la préféreront sans doute à la version originale pour de simples raisons de « nostalgie ».

Du côté des suppléments, outre les bandes-annonces de plusieurs films édités par Sidonis Calysta, on trouvera la traditionnelle présentation du film par Patrick Brion (7 minutes). Si la durée de son intervention semble artificiellement gonflée par la présence de deux extraits assez longs, Brion évoque tout de même les qualités plastiques du film, ainsi que son côté juste et l’aspect ramassé de l’intrigue. On terminera avec un documentaire intitulé « Vigilantes, les origines – Une histoire américaine » (38 minutes). Datant de 2003, il s’agit d’un épisode de la série History’s mysteries, qui évoquera le phénomène du « vigilantisme » aux États-Unis d’un point de vue social et historique. La représentation culturelle et cinématographique du phénomène n’y est pas évoquée, et l’ensemble n’entretient qu’un lien fort lointain avec Le messager de la mort, mais le documentaire reste tout à fait intéressant.

Petit problème, assez récurrent chez Sidonis : on notera malheureusement quelques fautes d’orthographe dans les sous-titres.

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