Le grand chantage
États-Unis : 1957
Titre original : Sweet smell of success
Réalisateur : Alexander Mackendrick
Scénario : Clifford Odets, Ernest Lehman
Acteurs : Burt Lancaster, Tony Curtis, Susan Harrison
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 1h36
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 3 janvier 1958
Date de sortie DVD/BR : 7 décembre 2016
New York. Minable agent publicitaire de Broadway, Sidney Falco sert d’informateur au tout-puissant éditorialiste du journal Le Globe, J.J. Hunsecker, qu’il hait et envie à la fois. Celui-ci le charge d’une basse besogne : briser par un scandale l’idylle nouée entre sa propre soeur Susan et un jeune guitariste, Steve Dallas. Après un premier échec, Falco parvient à ses fins, moyennant chantage…
Le film
[5/5]
Adapté d’une nouvelle d’Ernest Lehman, Le grand chantage est marqué en 1957 par un tournage difficile, rythmé par les prises de bec entre le réalisateur Alexander Mackendrick et son acteur / producteur Burt Lancaster ; le film terminerait finalement sa course par un accueil critique des plus froids doublé d’un cuisant échec au box-office. Pourtant, aujourd’hui, nombreux sont ceux qui s’accordent à penser que Le grand chantage restera probablement le plus grand titre de gloire pour Mackendrick, qui livrait avec ce film un véritable chef d’œuvre.
Formellement époustouflant (le film enchaîne les plans-séquences de façon littéralement brillante), Le grand chantage s’impose comme un spectacle visuel absolument sublime, jouant avec les codes afin de transmettre l’idée de fébrilité, de fièvre qui traverse le métrage, sans pour autant trop faciliter l’immersion du spectateur dans le film, afin que celui-ci puisse garder à l’esprit la charge féroce (mais souvent drôle) de son récit à l’encontre des dérives de la presse people. Ombres, changements d’axes inattendus, utilisation de la musique… Mackendrick utilise tous les moyens mis à sa disposition afin de tenir le public à distance de ces personnages qui s’imposent tous comme autant d’ordures sans déontologie ni morale. Noir, corrosif, Le grand chantage s’impose aujourd’hui de lui-même comme un film quasi-prophétique, dans le sens où il pointait déjà du doigt en 1957 les dérives d’un système qui mènerait à la mort de Lady Di pile 40 ans plus tard.
Le coffret Blu-ray
[5/5]
Wild Side Vidéo nous gâte à nouveau aujourd’hui avec la sortie « événement » du Grand chantage (Sweet smell of success) dans un nouveau coffret exceptionnel venant grossir les rangs de sa déjà riche collection de coffrets « luxe » dédiés à différents films et réalisateurs – il semblerait que peu à peu, Wild Side soit en train de créer une collection que l’on pourrait comparer à la prestigieuse collection « CRITERION » aux États-Unis.
Cette nouvelle livraison comportera donc comme d’habitude à la fois le film sur support DVD et Blu-ray. Le film bénéficie d’ailleurs d’un joli upgrade HD. La restauration a fait place nette, et le Blu-ray nous propose aujourd’hui un piqué précis tout en conservant le grain d’origine et une stabilité exemplaire. La photo nocturne et très urbaine de James Wong Howe est sublimée, la profondeur de champ ne pose pas de souci, bref, le boulot a été fait -et bien fait- pour que nous puissions (re)découvrir le film dans les meilleures conditions possibles. Du côté des enceintes, VF d’époque et VO anglaise nous sont proposées, en DTS-HD Master Audio 2.0, en mono d’origine évidemment. Les dialogues sont clairs, les ambiances plutôt bien préservées, sans souffle. On notera une domination de la version originale, plus naturelle et plus ample.
En plus d’être un bel objet, le coffret édité par Wild Side n’est d’ailleurs pas avare en suppléments et autres contenus inédits : outre un livre de 224 pages signé Philippe Garnier (que nous n’avons malheureusement pas eu le plaisir d’avoir entre les mains), on trouvera donc sur la galette un long entretien avec Philip Kemp, qui reviendra, pendant presque une demi-heure, sur le contexte de tournage d’un film qu’il apprécie visiblement beaucoup. Il se prêtera également à l’exercice du commentaire audio afin de disséquer les choix de mise en scène de Mackendrick sur rien de moins que sept séquences. Enfin, en plus de la traditionnelle bande-annonce, Wild Side nous propose également un documentaire sur Alexander Mackendrick intitulé « The man who walked away », retraçant la carrière de ce cinéaste maudit disparu en 1993, et lui donnant largement la parole.