Le feu follet
France : 1963
Titre original : –
Réalisateur : Louis Malle
Scénario : Louis Malle
Acteurs : Maurice Ronet, Jeanne Moreau, Alexandra Stewart
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h48
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 15 octobre 1963
Date de sortie DVD/BR : 4 novembre 2015
Alain Leroy, bourgeois trentenaire et alcoolique, a quitté New York pour Paris afin de suivre une cure de désintoxication. Autrefois mondain abonné aux soirées de débauche, Alain est aujourd’hui las de la vie. Les retrouvailles successives avec ses amis d’antan ne l’aident en rien. Même Lydia, une belle jeune femme avec qui il a passé une nuit, ne semble pouvoir le sauver de son désespoir et de son dégoût…
Le film
[4,5/5]
Le temps qui passe semble n’avoir aucune prise sur le Cinéma de Louis Malle, qui reste encore à ce jour un des cinéastes français dont l’œuvre semble la plus fascinante et la plus riche qui soit. Avec deux nouveaux Blu-ray consacrés au cinéaste sortis en ce début du mois de novembre, Gaumont ne s’y trompe pas et contribue à faire perdurer l’aura du réalisateur d’Ascenseur pour l’échafaud à travers les décennies.
En 1963, Louis Malle signe avec Le feu follet ce qui restera probablement son film le plus noir et le plus mortifère ; à travers les errances sans fin de son personnage principal suicidaire en pleine dépression (formidable Maurice Ronet), recherche la rencontre avec la mort, seule chose qu’il semble encore désirer. Comme incapable de sentiments, Ronet se heurte à plusieurs obstacles dans la vie comme dans le film, qui l’empêchent de communiquer et d’aimer. La mise en scène de Malle, habile, lui permet par exemple de sentir le soleil à travers une vitre avant de se résigner, mais le sépare par le même biais du personnage interprété par Jeanne Moreau, croisé au détour de ses pérégrinations morbides et désenchantées. Toutes les relations du personnage de Ronet aux autres sont placées sous le signe de l’obstacle, et Louis Malle ne cherche pas d’échappatoire au destin de ce type pour qui plus rien n’a de sens et désireux d’aller droit dans le mur.
La mise en scène de Louis Malle développe chez le spectateur une froideur et une sensation d’impuissance, de désillusion face à la vie. Autant dire que Le feu follet, s’il comporte quelques passages amusants, n’invite pas franchement à la bonne humeur et à l’espoir ; cela dit, le public ne pourra non plus oublier de sitôt la fuite en avant vers la mort de ce personnage plein d’un spleen que n’auraient pas renié les grands Romantiques du XIXème siècle, rythmée par les résonances crépusculaires de la musique d’Erik Satie et mise en scène avec une classe et une beauté tout à fait remarquables. Au point même que le film soit souvent considéré par les cinéphiles comme l’œuvre la plus aboutie de la filmographie de Louis Malle, aux côtés du formidable Ascenseur pour l’échafaud.
Le Blu-ray
[4,5/5]
C’est donc Gaumont qui édite, en couplé avec Ascenseur pour l’échafaud, ce très attendu Feu follet sur galette Blu-ray. Comme d’habitude, l’éditeur a soigné sa copie et nous propose un master Haute Définition : si l’on excepte un discret dégrainage sur certains plans et un léger banding horizontal sur les aplats les plus sombres, c’est du tout bon. Les contrastes sont bien gérés, les noirs profonds, et la profondeur de champ est agréablement augmentée. Niveau son, la version française s’impose sans peine dans un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 clair et intelligible en toutes circonstances.
Du côté des suppléments, outre la traditionnelle bande-annonce du film, l’éditeur nous propose de découvrir un nouveau et très riche making of rétrospectif, intitulé « La mort dans l’âme » ; rythmé et passionnant, il réunit les témoignages de Philippe Collin, José-Alain Fralon, Alain Mottet, Jean Pieuchot, Alexandra Stewart et Jean-Charles Tacchella. Un brillant travail éditorial à mettre à l’actif de Gaumont !