Le Deuxième acte
France : 2024
Titre original : –
Réalisation: Quentin Dupieux
Scénario : Quentin Dupieux
Acteurs : Léa Seydoux, Louis Garrel, Vincent Lindon
Distributeur : Diaphana
Genre : Comédie
Durée : 1h20
Date de sortie cinéma : 14 mai 2024
Date de sortie DVD/BR : 1 octobre 2024
Florence veut présenter David, l’homme dont elle est follement amoureuse, à son père Guillaume. Mais David n’est pas attiré par Florence et souhaite s’en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy. Les quatre personnages se retrouvent dans un restaurant au milieu de nulle part…
Le film
[3,5/5]
Cinéaste unique en son genre, Quentin Dupieux s’est créé en quelques films un univers étrange, au cœur duquel le spectateur peut difficilement se repérer. Un monde peuplé de personnages bizarres, et dans lequel le quotidien, la science-fiction et une bonne dose d’absurde se mélangent allégrement, créant un décalage doté d’une pointe d’humour à froid. En l’espace de quelques séquences seulement, Le Deuxième acte s’imposera à nouveau comme un parfait représentant de l’univers à la fois familier et totalement fantaisiste de Quentin Dupieux.
Le Deuxième acte commence par l’introduction de ses quatre acteurs principaux, présentés deux par deux alors qu’ils se dirigent vers un restaurant. Le premier duo d’acteurs qui nous est montré est composé de Louis Garrel et Raphaël Quenard, le deuxième de Vincent Lindon et Léa Seydoux. Au fil de leurs discussions, tournées en longs plans-séquences, les personnages briseront régulièrement, et de plus en plus souvent, le fameux « quatrième mur » : Louis Garrel demande à Raphaël Quenard de se limiter à « son texte », et de ne pas tenir de propos sur les homosexuels ou les handicapés, par peur de se faire « cancel ».
L’introduction du film génère donc, par la connivence avec le spectateur, une deuxième couche de Réalité au récit. C’est d’autant plus troublant que leurs discussions font ouvertement écho à la réalité, puisqu’en s’adressant à Vincent Lindon, le personnage évoquera les tics nerveux de l’acteur. Et étant donné qu’un des acteurs nous révèle rapidement son désir d’abandonner le film, Le Deuxième acte prend rapidement des allures de « film dans le film ». Quentin Dupieux pose ainsi ouvertement et implicitement la question au spectateur : comment construisons-nous notre réalité en tant que spectateur ?
Si tous les éléments narratifs se succédant au fil de l’intrigue du Deuxième acte s’articulent plutôt bien, le cinéaste, malin, ne se limitera pas un « film dans le film » ; sans en révéler trop sur le déroulement des événements, on peut affirmer qu’il opte ici plutôt pour le « film dans le film dans le film », voire même pour le « film dans le film dans le film dans le film ». Quentin Dupieux se moque donc du cinéma, et de la façon dont nous percevons la réalité, comme il l’avait déjà fait dans Rubber, Réalité ou plus récemment dans Yannick, même si le point de départ du film était une représentation théâtrale.
Le Deuxième acte joue ainsi sur plusieurs niveaux : il met en scène les « personnages » du film, les acteurs qui jouent ces personnages, les acteurs du film qui interprètent les acteurs du film dans le film, tout cela bien sûr sans oublier les vrais acteurs – ceux de la vie réelle – qui incarnent tous ces personnages dans le film. Vous n’arrivez plus à suivre ? C’est normal, et Quentin Dupieux s’en amuse franchement ; pour autant, le déroulement du film n’est jamais confus, tout coule de source comme si cela était parfaitement naturel. Un excellent moment !
Le Blu-ray
[4/5]
Le Deuxième acte vient tout juste de sortir au format Blu-ray, sous les couleurs de Diaphana. Techniquement très soignée, la galette Haute-Définition rend un joli hommage au petit film de Quentin Dupieux, tout autant qu’à la jolie photo du film, également signée Quentin Dupieux, au même titre que le montage. La définition est au taquet, le piqué précis, les couleurs naturelles et les noirs admirablement denses et profonds. Le film est naturellement proposé au format et en 1080p, bref c’est du tout bon, on peut applaudir des deux mains l’éditeur. Côté son, le film nous est proposé dans un mixage DTS-HD Master Audio 5.1, et se révèle dynamique pile-poil comme il le faut : la scène arrière assure la restitution des ambiances et permet vraiment une immersion parfaite. Les dialogues sont toujours parfaitement clairs, et ce même lorsque plusieurs personnes s’expriment en même temps. Un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 est également disponible, et s’avérera sans doute plus cohérent si vous visionnez Le Deuxième acte sur un simple téléviseur, sans barre de son ou système de Home Cinema.
Côté suppléments, Diaphana nous propose, en plus de la très originale bande-annonce du film, de nous plonger dans un court making of (5 minutes), réalisé par la jeune Coco, une petite fille qui nous donnera à découvrir une poignée de moments volés sur le tournage ainsi que des entretiens avec Vincent Lindon, qui évoquera la façon dont il est arrivé dans le métier, et Raphaël Quenard, qui échangera avec la petite au sujet de l’essai d’Henri Laborit « Éloge de la fuite ».