Test Blu-ray : Le Dernier jour de la colère

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Le Dernier jour de la colère

Italie, Allemagne : 1967
Titre original : I giorni dell’ira
Réalisation : Tonino Valerii
Scénario : Ernesto Gastaldi, Tonino Valerii, Renzo Genta
Acteurs : Lee Van Cleef, Giuliano Gemma, Walter Rilla
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h55
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 2 octobre 1968
Date de sortie DVD/BR : 2 avril 2024

Dans la petite ville de Clifton, Scott, le fils d’une prostituée, est le souffre-douleur de la population. Un jour, Talby le pistolero arrive en ville, et tue involontairement un homme pour défendre Scott. Acquitté pour légitime défense, Talby prend alors le jeune homme sous son aile et l’initie afin de faire de lui un redoutable tueur…

Le film

[4/5]

Après avoir officié en tant qu’assistant réalisateur sur les deux premiers westerns de Sergio Leone, Pour une poignée de dollars (1964) et Et pour quelques dollars de plus (1965), Tonino Valerii s’est ensuite lancé dans la mise en scène de plusieurs westerns spaghetti. Entre 1966 et 1973, il se consacrerait ainsi quasi-exclusivement au genre, en signant cinq spagh’ dont le plus connu et le plus réputé est sans aucun doute son chef d’œuvre Mon nom est Personne, avec Terence Hill et Henry Fonda.

Malheureusement pour lui, le succès de Mon nom est Personne a eu tendance à occulter ses autres efforts dans le genre du western italien. Pourtant, dès sa deuxième incursion dans le genre en 1967, Tonino Valerii avait signé avec Le Dernier jour de la colère un excellent représentant du genre. Bien sûr, l’influence du cinéma de Sergio Leone est facilement perceptible à la découverte du film, notamment dans sa construction narrative et dans son style visuel, mais cette influence resterait forte sur tous les westerns réalisés par Valerii durant ses années d’activité dans le genre.

Et l’influence de Leone sur Le Dernier jour de la colère n’empêche en aucune façon à Tonino Valerii de développer une énergie et une atmosphère qui lui sont propres, et qui s’avèrent de plus suffisamment singulières et uniques pour avoir durablement marqué le cœur des amoureux du western spaghetti. Le sens du cadre du cinéaste et son utilisation plus qu’habile du format Cinemascope et de la profondeur de champ sont ainsi tout particulièrement remarquables.

Ainsi, sur la plupart des plans dramatiquement importants du Dernier jour de la colère, il serait absolument impossible de changer le format sous peine de perdre des informations capitales. Cela n’a l’air de rien, mais cette façon de penser son cadre en prenant systématiquement en compte l’horizontalité écrasante du format n’est pas si fréquente. En effet, de nombreux westerns se contentaient d’utiliser le Scope afin de souligner la beauté sauvage des paysages de l’Ouest qu’ils nous donnaient à voir, et n’utilisaient finalement qu’assez peu les particularités du format quand il s’agissait de mettre en scènes les personnages proprement dits.

Le face-à-face formé à l’écran par Lee Van Cleef et Giuliano Gemma est extraordinaire, et les deux acteurs – qui deviendraient tous deux de véritables légendes du western spaghetti – s’avèrent absolument fantastiques dans le rôle de ces deux cow-boys qui réalisent que, malgré leur admiration mutuelle, ils ne pourront jamais tout à fait se faire confiance. Tous deux sont présentés au spectateur d’une façon plus complexe qu’elle n’en a l’air, et tous deux seront amenés à tuer au fur et à mesure que l’intrigue du Dernier jour de la colère évolue, mais les raisons qui les poussent à tuer sont radicalement différentes.

Une grande partie de l’intrigue du film est précisément consacrée à l’exposition de ces raisons, qui accentuent le contraste entre les deux personnages et influent sur l’évolution de leur relation. L’ascendant qu’a le personnage de Talby (Lee Van Cleef) sur celui de Scott (Giuliano Gemma) au début du film finira donc par s’étioler, au fur et à mesure que les motivations de Frank se dévoileront. Et s’il n’a rien de foncièrement original, le dernier acte du Dernier jour de la colère s’avère un véritable modèle d’efficacité. La construction dramatique de l’ensemble est encore renforcée par la bande originale du film, signée Riz Ortolani. Si elle n’est peut-être pas aussi audacieuse que celles que le grand Ennio Morricone a composées pour les premiers westerns de Leone, elle soutient l’action de façon absolument brillante, et contribue à faire de ce Dernier jour de la colère un incontournable du genre. Pour terminer, on notera que le film de Tonino Valerii a connu une seconde exploitation en France, en 1977, sous le titre On m’appelle Saligo, qui sera par la suite réutilisé pour l’exploitation en VHS.

Le coffret Blu-ray + DVD

[4/5]

Après une édition DVD sortie chez Seven7 il y a de nombreuses années sur le territoire français, Le Dernier jour de la colère s’offre enfin une édition Haute-Définition digne de ce nom, qui permettra aux cinéphiles français de se débarrasser définitivement de leurs vieilles galettes en définition standard ou de s’en servir comme épouvantails à moineaux. Le film de Tonino Valerii débarque donc ce mois-ci sous la forme d’un très beau coffret Combo Blu-ray + DVD édité par Artus Films, le tout s’imposant dans un superbe Digipack deux volets surmonté d’un fourreau cartonné.

Côté Blu-ray, on sent bien qu’Artus Films tenait à livrer au consommateur non seulement un très bel objet de collection, mais également une édition magnifique s’imposant comme une véritable référence en termes de son et d’image. Et le transfert du Dernier jour de la colère mettra à priori tout le monde d’accord d’entrée de jeu, un master Haute Définition affichant une forme tout à fait resplendissante. La définition et le niveau de détails sont assez bluffants, tout en respectant scrupuleusement la granulation d’origine de la pellicule ; on redécouvre littéralement le film ainsi que la photo spartiate signée Enzo Serafin (Voyage en Italie). Le rendu des contrastes et la gestion des noirs ont également bénéficié d’un soin tout particulier, l’image étonne même par sa propreté et sa stabilité. Point de trace de DNR ou autres bidouilles numériques à l’horizon, c’est du tout bon. Côté son, nous aurons droit à des pistes LPCM Audio 2.0 en VO et VF, qui ne présentent pas le moindre problème : le souffle est quasi-absent, et le tout est parfaitement équilibré, respectant parfaitement la dynamique acoustique d’origine. On notera bien sûr que la version française est présentée dans son doublage d’origine qui s’avère, il faut bien l’avouer, assez suranné et réjouissant, ajoutant peut-être même un petit charme supplémentaire à l’ensemble pour les nostalgiques ayant découvert le film durant leur enfance.

Du côté des suppléments, Artus Films continue sur son excellente lancée, en ajoutant à l’ensemble une valeur éditoriale certaine : on commencera par la traditionnelle présentation du film par Curd Ridel (33 minutes), éternel admirateur de Giuliano Gemma. Il reviendra tout d’abord sur la carrière de Tonino Valerii, sur la rencontre entre Lee Van Cleef et Giuliano Gemma, l’attachement du réalisateur à tourner avec Gemma, et bien sûr sur le succès du film. Il évoquera également d’autres westerns de Tonino Valerii (Texas et Mon nom est Personne) et son giallo Folie meurtrière, Giuliano Gemma (« le plus grand acteur européen aux côtés d’Alain Delon »), les autres acteurs du film et notamment Lee Van Cleef, et reviendra également sur le doublage français du Dernier jour de la colère.

On continuera ensuite avec un entretien avec Ernesto Gastaldi (13 minutes). Le scénariste du film y reviendra sur sa collaboration avec Tonino Valerii concernant l’écriture du film, sur l’obligation contractuelle de citer l’ouvrage de Ron Barker (Rolf O. Becker), un écrivain allemand, ainsi que sur l’amitié qui le liait au cinéaste. Il reviendra également sur la réalisation de Mon nom est Personne, souvent attribuée à Sergio Leone. Il remettra les choses à leur place en révélant que Leone a tourné deux scènes du film, en allongeant l’une d’entre elles d’une façon qui n’était pas prévue par le script. L’essentiel de cette dernière a été conservée au montage par Tonino Valerii, mais Ernesto Gastaldi considère que sa longueur excessive tend à créer un problème de compréhension quant à la raison pour laquelle la Horde sauvage tente de rattraper le train. Il reviendra également sur le fait qu’une discussion téléphonique entre Sergio Leone et Steven Spielberg a peut-être contribué à propager la rumeur selon laquelle Leone avait réalisé le film. On terminera le tour des suppléments avec une galerie de photos, qui sera accompagnée de la traditionnelle bande-annonce.

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