Le coup de sirocco
France : 1979
Titre original : –
Réalisation : Alexandre Arcady
Scénario : Alexandre Arcady, Daniel Saint-Hamont
Acteurs : Roger Hanin, Marthe Villalonga, Patrick Bruel
Éditeur : TF1 Studio
Durée : 1h42
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie cinéma : 18 avril 1979
Date de sortie DVD/BR : 29 mai 2018
Paul Narboni se souvient de son enfance heureuse à Oran en Algérie avant de quitter le pays suite aux événements de 1954. Avec sa famille, il arrive alors à Marseille avant de monter à Paris. Epicier, son père Albert va devoir s’adapter à ce nouveau pays. Paul est alors adolescent : c’est le temps des premiers amours. La famille rencontre d’aimables gens qui se révéleront être des escrocs. Ensemble, ils vont malgré tout s’intégrer peu à peu et s’habituer à leur nouvelle vie…
Le film
[3,5/5]
« La vérité, si Pagnol avait été pied-noir, il aurait écrit Le coup de sirocco ! »
Pour être tout à fait honnête, il fut difficile à l’auteur de ces lignes de ne pas limiter sa critique à ces quelques mots, certes expéditifs, mais traduisant parfaitement les qualités et les défauts du premier film d’Alexandre Arcady. Ce ne fut donc que sous la contrainte d’un rédac’ chef soucieux de proposer toujours plus de contenu détaillé aux lecteurs de critique-film.fr que décision fut prise de développer un peu l’évocation de ce film, qui remporta en son temps un beau succès dans les salles françaises (1,4 millions d’entrées) et imposa Alexandre Arcady comme l’une des valeurs sures du cinéma français durant la décennie 80, tout en propulsant l’inconnu Patrick Bruel en haut de l’affiche.
Si l’on doit le récit de l’exode de cette famille pied-noir originaire de Tadjira au romancier Daniel Saint-Hamont (qui deviendra une figure incontournable du film policier français des années 80), on ne pourra s’empêcher de penser à la fraicheur candide des romans de Marcel Pagnol. La faute probablement à un récit nous narrant les souvenirs d’enfance d’un jeune homme vouant une admiration sans borne à sa famille et en particulier à la figure paternelle, incarnée à l’écran par un truculent Roger Hanin qui n’avait à l’époque pas encore endossé les frusques du commissaire Navarro. Cette chronique tendre et douce-amère sera également portée par le talent de Marthe Villalonga, qui nous ressert son personnage de mère juive possessive qui l’avait rendue célèbre dans Un éléphant ça trompe énormément (Yves Robert, 1976), ainsi que par le tout jeune Patrick Bruel, dont il s’agit du premier rôle au cinéma.
Comme les récits de Pagnol, Le coup de sirocco suit une trame chronologique d’une linéarité désarmante, dont la continuité est assurée par la voix off du personnage de Patrick Bruel – à la différence que la narration du film n’est pas assurée par Bruel mais par Alexandre Arcady lui-même. De fait, le film d’Arcady s’impose comme une succession de petites vignettes censées illustrer telle ou telle année, tel ou tel rebondissement ; le tout manque certes un peu de liant entre les séquences et créera inévitablement quelques longueurs dans le récit. Le film présente au fur et à mesure de son déroulement une galerie de personnages de migrants sympathiques et gouailleurs, tandis que les français « de métropole » sont tous sans exception montrés comme des personnages veules, méprisants, hostiles, voire même carrément de fieffés filous prêts à tout pour profiter des rapatriés.
Néanmoins, Le coup de sirocco dégage comme les récits de Pagnol un charme ensoleillé et une tonalité générale de tendresse en faisant indéniablement un excellent représentant du « feel good movie », à une époque où il n’était pas encore d’usage d’employer cet américanisme flamboyant.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Alors que Le coup de sirocco va bientôt fêter son quarantième anniversaire, TF1 Studio prend les devants et nous livre ici une galette Haute Définition exemplaire. Le film a probablement été restauré en 2K, et si l’on excepte quelques plans malheureux à la définition un peu plus douce que les autres (et la présence de poussières occasionnelles dans le bas du cadre de l’image), l’ensemble affiche une belle pêche, avec un grain scrupuleusement préservé, un piqué accru et des couleurs et des noirs très intenses et soignés. La bande sonore a également bénéficié d’un soin tout particulier, proposant un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 stable, net et relativement dynamique : les dialogues sont parfaitement restitués, même quand plusieurs personnes s’expriment en même temps.
Du côté des suppléments, TF1 Studio recycle tout d’abord (en définition standard) les suppléments déjà disponibles sur le DVD sorti en 2015 : on commence avec un plaisant entretien avec Alexandre Arcady et Patrick Bruel (14 minutes), sur le mode détendu et rempli d’anecdotes plutôt amusantes sur la façon dont le jeune acteur a intégré le casting du film. Cette interview sera suivie d’un entretien avec Alexandre Arcady et Daniel Saint Hamon (19 minutes), durant lequel le cinéaste et son co-scénariste évoquent leurs souvenirs de tournage et quelques anecdotes liées à Roger Hanin et Mathe Villalonga ; Arcady y mettra également en avant son choix de privilégier la direction d’acteurs à la « technique » pure. Enfin, on retrouvera également un commentaire audio d’Alexandre Arcady et Daniel Saint-Hamon sur le film, qui sera l’occasion de réentendre à nouveau des anecdotes déjà évoquées dans les modules d’entretien ou dans le tout nouveau tout beau entretien avec Alexandre Arcady (33 minutes, HD), au cours duquel il évoque de façon plus approfondie la genèse de son film, et la façon dont celui-ci le touche profondément d’un point de vue personnel. Riche et passionnant, il s’agit sans aucun doute du meilleur supplément disponible sur la galette. Et pour terminer, la traditionnelle bande-annonce fermera le bal !