Le Comte de Monte-Cristo
France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte
Scénario : Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte
Acteurs : Pierre Niney, Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier
Éditeur : Pathé
Durée : 2h58
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 28 juin 2024
Date de sortie DVD/BR : 6 novembre 2024
Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche, il revient sous l’identité du comte de Monte Cristo pour se venger des trois hommes qui l’ont trahi…
Le film
[4/5]
Le succès dans les salles françaises des Trois Mousquetaires – D’Artagnan (2,7 millions d’entrées) et Les Trois Mousquetaires – Milady (3,34 millions d’entrées) a inévitablement attiré l’attention des producteurs sur l’œuvre d’Alexandre Dumas. Ce carton au box-office a donc permis à Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, scénaristes des deux films, de se pencher sur une énième adaptation du Comte de Monte-Cristo, dont ils assureraient également la réalisation. Grand bien leur a pris : cette version des aventures d’Edmond Dantès mettant en scène Pierre Niney a attiré 9,2 millions de français dans les salles – le plus gros succès jamais remporté dans l’hexagone pour une adaptation du roman.
Le Comte de Monte-Cristo est même parvenu à éclipser le rouleau compresseur Vice-Versa 2, le dépassant d’environ 800.000 spectateurs : cette performance impressionnante s’explique par la combinaison d’une campagne de marketing efficace et d’un bouche-à-oreille positif, mais peut-être aussi et surtout par l’explosion de popularité récente de Pierre Niney qui, à force de multiplier les prestations comiques à la télévision (La Flamme, LOL Qui rit sort, Fiasco…), est parvenu à mettre tout le monde d’accord. Pierre Niney, c’est un peu comme Raphaël Quenard : tout le monde l’adore. Il attire tout autant les cinéphiles sérieux, qui admirent son background théâtral, les amateurs de gaudriole, qui apprécient son humour et sa répartie, les mamies, qui le considèrent comme le gendre idéal, et les jeunes filles, qui le trouvent merveilleusement beau. Pierre Niney était donc le choix idéal pour réunir toute la famille autour d’un bon vieux récit multi-adapté.
Bien entendu, les deux scénaristes / réalisateurs Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte ont pris des libertés avec le matériau original d’Alexandre Dumas, et ce dès la scène d’ouverture, qui nous donne à découvrir un personnage absent du roman, Angèle, qui aura par ailleurs une importance assez capitale dans le récit. Danglars est également ici présenté comme le capitaine du Pharaon, ce qui accentue forcément son ressentiment vis-à-vis de Dantès. La famille Vilefort (femme, enfants) est laissée dans l’ombre et/ou modifiée, et les personnages d’Haydée et André (Andrea Cavalcanti) sont utilisés ici de façon singulièrement différente par rapport au bouquin. De plus, la façon dont Dantès se débarrasse de son trio d’adversaires (Morcerf, Danglars, Vilefort) est différente dans le roman et dans cette version du Comte de Monte-Cristo.
Certains puristes pourront sans doute s’offusquer des modifications apportées au récit, mais comme dans le cas des deux Trois Mousquetaires, ces choix narratifs permettent d’insuffler une nouvelle vie à une histoire tirée d’un bouquin qui faisait presque 2.000 pages lors de sa première publication en six volumes. La modernité de l’ensemble se retrouve également dans la caractérisation des personnages, extrêmement tranchée, à l’américaine, que l’on retrouvait également dans les films de Martin Bourboulon en 2022/2023. Ainsi, Le Comte de Monte-Cristo s’inscrit dans la continuité artistique de ces deux films, créant presque un « univers étendu » autour des romans de Dumas, ce qui est d’autant plus remarquable que le film reprend une partie de l’équipe technique et artistique des deux autres, et notamment le costumier Thierry Delettre, le décorateur Stéphane Taillasson et le directeur de la photographie Nicolas Bolduc.
Et le moins que l’on puisse dire concernant Le Comte de Monte-Cristo, c’est vraiment que le film brille par sa qualité visuelle exceptionnelle. Les paysages de la Méditerranée sont capturés avec une précision et une beauté qui rappellent les tableaux de maîtres. Chaque scène semble minutieusement composée pour offrir un festin visuel aux spectateurs. En termes de reconstitution historique, la production n’a reculé devant aucun effort, que ce soit dans les costumes somptueux ou les décors fastueux des châteaux et des villas : c’est tout simplement superbe, et nous ramène clairement aux grandes heures du cinéma de cape et d’épées des années 60 qui captivaient tant nos aînés. Du côté des acteurs, c’est également un sans-faute, avec Pierre Niney bien sûr, qui nous offre une performance saisissante dans le rôle-titre, alliant avec brio la rage et la vulnérabilité de son personnage, mais qui se voit soutenu par une brochette d’acteurs littéralement exceptionnels, parmi lesquels Laurent Lafitte, Bastien Bouillon, Patrick Mille, Anaïs Demoustier, Anamaria Vartolomei ou Vassili Schneider.
Bien sûr, Le Comte de Monte-Cristo cuvée 2024 développe également une intéressante réflexion sur le concept de vengeance, tout autant que sur les conséquences de la vengeance, non seulement sur ceux qui en sont la cible, mais aussi sur l’âme de celui qui la poursuit. Edmond Dantès se transforme en Comte de Monte Cristo pour assouvir sa soif de justice, mais à quel prix ? Le film pose la question de savoir si la vengeance est véritablement une forme de justice ou simplement un cycle perpétuel de douleur et de destruction. Au final, le film d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte vous laissera avec des émotions contrastées, entre satisfaction de voir les méchants punis et une certaine mélancolie face au prix payé par le héros. Carré et efficace.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Le Comte de Monte-Cristo est disponible ce 6 novembre 2024, au format Blu-ray 4K Ultra HD, Blu-ray et DVD, sous les couleurs de Pathé. L’éditeur n’ayant pu nous fournir de version 4K du film, ce test traitera de la version Haute-Définition du film. Cela-dit, étant donné le soin formel déployé par les deux cinéastes et leur chef opérateur Nicolas Bolduc, on ne saura trop vous conseiller, si vous êtes équipé, d’opter pour la version Katka qui, selon toutes probabilités, devrait se révéler une véritable explosion de couleurs. A son niveau cependant, le Blu-ray du Comte de Monte-Cristo édité par Pathé rend également un joli hommage aux ambitions formelles démesurées de l’ensemble. La définition est au taquet, le piqué précis, les couleurs explosives et les noirs admirablement denses et profonds. Le film est naturellement proposé au format et en 1080p, et on notera une préservation du grain argentique : c’est du tout bon, on peut applaudir des deux mains l’éditeur. Côté son, le film nous est proposé dans un mixage Dolby Atmos (doté d’un « core » Dolby TrueHD 7.1) qui s’avère particulièrement dynamique – la scène arrière est omniprésente et permet vraiment une immersion parfaite – surtout bien sûr lorsqu’interviennent les passages les plus spectaculaires du film, ou au contraire ceux basés sur l’utilisation des silences.
Côté suppléments, l’éditeur nous proposera tout d’abord un intéressant making of (28 minutes), qui permettra au spectateur de découvrir l’envers du décor en découvrant notamment des bribes du tournage en studio de la scène d’ouverture sous-marine ou de celles prenant place au Château d’If. On reviendra également sur la conception de la maison du Comte au Palais Brongnart, sur les costumes, le vieillissement des acteurs et, bien entendu, les différents masques d’Edmond Dantès, avec un focus tout particulier sur celui de Lord Halifax. On terminera enfin avec une large sélection d’entretiens avec l’équipe du film (29 minutes), et plus précisément avec Pierre Niney / Laurent Lafitte, Bastien Bouillon / Patrick Mille, Anamaria Vartolomei / Vassili Schneider / Julien de Saint Jean et enfin Matthieu Delaporte / Alexandre de La Patellière. On passera d’un groupe d’acteurs à l’autre dans la bonne humeur, et chacun y reviendra sur l’œuvre d’Alexandre Dumas (seul Laurent Lafitte avouera n’en avoir lu qu’une version condensée), les personnages du récit, les choix d’adaptation, le mélange des genres, les décors, les costumes, etc. Plutôt sympathique !