Le cercueil vivant
Royaume-Uni : 1969
Titre original : The Oblong Box
Réalisation : Gordon Hessler
Scénario : Lawrence Huntington
Acteurs : Vincent Price, Christopher Lee, Rupert Davies
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h36
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 1 juillet 1971
Date de sortie DVD/BR : 20 octobre 2021
Revenus d’un séjour en Afrique, les frères Markham s’installent aux abords de Londres. L’un des deux, Edward, à demi-fou et défiguré par des sorciers africains, reste enfermé dans sa maison. Pour le délivrer, Trench, l’avocat de la famille, met au point un stratagème : droguer Edward afin de le faire passer pour mort, et venir l’exhumer après son enterrement…
Le film
[3,5/5]
Le cercueil vivant est un film produit par la American International Pictures en 1969 dans le but avoué de profiter du succès de la vague de films de Roger Corman adaptés d’Edgar Allan Poe et sortis sur les écrans entre 1960 et 1964. De Poe cependant, les scénaristes du film Lawrence Huntington et Christopher Wicking ne reprendront que le titre, « The Oblong Box » – l’histoire narrée dans la nouvelle d’Edgar Poe n’a en effet absolument rien à voir avec le récit d’épouvante gothique imaginé par les deux auteurs du script, qui reprennent quelques éléments thématiques de « La chute de la maison Usher » et de « L’inhumation prématurée » pour les mélanger à une intrigue teintée de vaudou ayant vaguement tendance à partir dans tous les sens.
Bien décidés à poursuivre dans la voie d’AIP, les distributeurs français ont également tenté de persévérer dans la voie initiée par la production, et ont renommé le film de Gordon Hessler Le cercueil vivant – un titre absolument idiot n’ayant pas plus de rapport avec le contenu du film que le titre original, mais ayant au moins le mérite d’entretenir une certaine confusion avec L’enterré vivant (Roger Corman, 1962). Et bien entendu, dans les années 60, qui disait Edgar Allan Poe disait forcément Vincent Price, acteur qui correspondait le plus parfaitement du monde à l’intensité morbide de l’auteur maudit.
Aux côtés de Vincent Price, on retrouvera également quelques têtes connues, qui contribueront en partie à donner une personnalité vénéneuse au film de Gordon Hessler. Le cercueil vivant met donc également en scène Christopher Lee, ce qui créera forcément un petit surplus d’atmosphère immédiat, liée à la rencontre à l’écran de ces deux légendes de l’horreur. Presque aussi légendaire que les deux acteurs principaux, on retrouvera également au casting la jeune Hilary Heath (Hilary Dwyer), 24 ans, que l’on avait déjà vue aux côtés de Vincent Price l’année précédente dans Le grand inquisiteur de Michael Reeves, et qui le retrouverait également l’année suivante dans Les crocs de Satan du même Gordon Hessler.
Les acteurs livrent d’ailleurs un excellent effort collectif afin de soutenir la mise en scène énergique de Gordon Hessler. Le cercueil vivant explore pour l’essentiel une dynamique d’intrigue et de culpabilité fraternelle prenant place entre Julian (Vincent Price) et Edward (Alister Williamson), ce dernier étant en proie à une malédiction vaudou qui l’a fait hériter d’un visage hideux et qui vit à l’écart du monde. Partant volontiers dans de nombreuses directions, le film virera par la suite au récit de vengeance, cette dernière étant orchestrée par un personnages nanti d’un masque rouge et ne parvenant pas à maîtriser ses pulsions homicides – ce dont le spectateur se rendra compte au détour de quelques digressions amusantes, telles que cette séquence prenant place au cœur d’une auberge pour le moins libérée. Curiosité du fantastique, assez typique de son époque de production, Le cercueil vivant développe donc assurément un certain charme, même si le film n’exploite pas réellement la pleine mesure de son potentiel ; cependant, son casting, ses décors ainsi que la réalisation de Gordon Hessler, pleine de vie, en font un solide « petit » représentant du genre, supportant sans peine les visions répétées.
Le Blu-ray
[4/5]
C’est ESC Éditions qui nous permet aujourd’hui de revoir Le cercueil vivant, qui intègre pour l’occasion sa fameuse collection « British Terrors », qui a su s’imposer au fil des années comme une collection absolument indispensable. Et on ne pourra à nouveau que tirer notre chapeau à l’éditeur, qui nous livre ici un master assez superbe dans son genre. Bien entendu, le film n’a peut-être pas bénéficié d’une véritable restauration, dans le sens où le master présente quelques petits défauts (taches, griffes…), mais le grain cinéma a été respecté, le piqué est précis et les contrastes sont globalement très solides. L’image est par ailleurs d’une stabilité remarquable. Côté son, l’éditeur nous propose de redécouvrir le film en DTS-HD Master Audio 2.0 mono, en VF et VO, sans souffle ni bruits parasites, on notera qu’il s’agit du doublage français d’origine. Les dialogues sont parfaitement clairs, et les sous-titres ne souffrent d’aucun problème notable.
Côté suppléments, ESC Éditions a également indéniablement soigné sa copie, avec tout d’abord un livret inédit de 20 pages signé par l’intarissable Marc Toullec, et qui fera office de making of rétrospectif puisqu’il reviendra sur la production contrariée du film autant que sur sa pérennité. Ce dernier s’accompagnera également d’une présentation du film par Jean-François Rauger (27 minutes). Certaines informations font un peu doublon avec le livret de Marc Toullec, mais le directeur de la programmation à la Cinémathèque française remet habilement le film dans son contexte de tournage, appuyant sur ses qualités et ses défauts tout en élargissant au reste de l’œuvre de Gordon Hessler.