Le casse
France, Italie : 1971
Titre original : –
Réalisateur : Henri Verneuil
Scénario : Henri Verneuil, Vahé Katcha
Acteurs : Jean-Paul Belmondo, Omar Sharif, Dyan Cannon
Éditeur : L’atelier d’images
Durée : 2h01
Genre : Thriller, Action
Date de sortie cinéma : 27 octobre 1971
Date de sortie DVD/BR : 7 novembre 2017
En pleine nuit, Azad et ses complices pénètrent dans la villa du richissime Monsieur Tasco dans le but d’y dérober son inestimable collection d’émeraudes. Mais les malfaiteurs attirent l’attention de l’inspecteur Zacaria, un flic sans scrupule prêt à tout pour récupérer les pierres précieuses. Le jeu du chat et de la souris entre ces deux personnages hauts en couleur peut commencer…
Le film
[4,5/5]
Résolument tournée vers le cinéma grand public, la carrière d’Henri Verneuil se divise en deux grosses périodes, liées à une poignée d’acteurs fort différents les uns des autres : Fernandel durant les années 50, puis Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo durant les deux décennies suivantes. La collaboration entre Verneuil et Belmondo fut longue et fructueuse, et s’est souvent vue mise en lumière par la collaboration régulière de Michel Audiard au scénario de leurs films en commun.
Sorti sur les écrans français en 1971, Le casse est un des rares polars tournés par Verneuil à l’époque n’ayant pas été écrits par Audiard – ce sont Henri Verneuil lui-même et Vahé Katcha qui ont signé le scénario du film. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on remarquera très rapidement l’absence d’Audiard au générique : ses films sont généralement très bavards, et ponctué de saillies savoureuses, tandis que Le casse commence par une vingtaine de minutes quasiment muettes. Même durant la suite du métrage, l’accent sera mis sur l’action (cette poursuite en voiture d’une dizaine de minutes !), et mettra de fait l’Art délicat du dialogue au second plan – on ne sait réellement s’il s’agit là d’une volonté manifeste ou d’une certaine « timidité » de la part de Verneuil à passer derrière le plus grand dialoguiste de son époque, mais dans l’absolu, cet attachement à l’action, cette volonté d’aller toujours de l’avant sert plutôt Le casse, qui s’avère au final un des sommets de la carrière 70’s de Jean-Paul Belmondo (allez, avec Peur sur la ville et L’héritier disons).
L’autre élément qui frappera le spectateur à la découverte du Casse, c’est la façon avec laquelle Verneuil étire ses séquences au-delà de toute limite raisonnable, sans jamais cela dit provoquer le moindre ennui pour le public. Et si le cinéaste parvient à réaliser ce petit exploit, c’est grâce à un goût inné pour le « détail », le petit élément non narratif qui fera toute la différence. Dès la première séquence, on dénote un attachement tout particulier aux « gestes » des braqueurs, et le film sera littéralement parsemé d’infimes détails de ce genre, qui relancent toujours l’intérêt du spectateur : le gimmick de Bébel avec sa clope, la poursuite en voiture constamment relancée par des événements extérieurs, le repas grec entre Belmondo et Omar Sharif, les râles dans le micro de la voiture du cirque, l’utilisation très habile des éléments de décor dans la planque de Robert Hossein et Renato Salvatori ou durant la séquence du parc d’attractions, la gifle qui allume et éteint la lumière… La liste est non exhaustive, et on pourrait la rallonger de nombreux autres.
Mais ces détails à eux-seuls ne font pas toute la réussite du Casse. Alliés au casting haut de gamme du film, au sens du cadre de Verneuil, à la sublime photo signée Claude Renoir (Barbarella) et à la non moins magnifique musique de Morricone en revanche, ils contribuent néanmoins à son impact durable dans la mémoire du spectateur, et au plaisir sans cesse renouvelé qu’il aura à le voir et le revoir…
Le Blu-ray
[4,5/5]
C’est à L’atelier d’images que nous devons le plaisir de redécouvrir Le casse sur support Blu-ray. Le format Scope est respecté, et le piqué, les couleurs et les contrastes retrouvent une nouvelle jeunesse, tout en respectant scrupuleusement le grain argentique d’origine. Le gain Haute-Définition est saisissant, et malgré un encodage en 1080i, le master devrait satisfaire le plus grand nombre : les couleurs sont belles et le rendu global ne manque pas de piqué. Côté son, la version française est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine, et s’avère parfaitement claire, équilibrée et confortable, sans le moindre souci à déplorer.
Dans la section suppléments, l’éditeur nous propose plusieurs morceaux de choix : outre la traditionnelle bande-annonce disponible sur le premier Blu-ray, c’est sur une seconde galette que s’imposeront tous les bonus. On commencera avec le « montage international » du film, plus court d’une dizaine de minutes que le montage que l’on connaît : voici une curiosité bienvenue. Elle est qui plus est proposée en Haute Définition, avec une image aussi convaincante que sur le premier disque. Pour les paresseux ou ceux n’ayant pas envie de revoir le film, Jérôme Wybon reviendra dans une featurette d’environ huit minutes sur les différences principales entre les deux montages du Casse.
On continuera avec un bonus très étonnant : un making of d’époque de 48 minutes, tourné pour la RTBF en 16mm et restauré en 2K (en noir et blanc bien sûr). On découvrira donc l’envers du décor et beaucoup d’images prises sur le vif lors du tournage des scènes du cabaret et de la poursuite sur le bus, le tout étant entrecoupé par des entretiens avec des membres de l’équipe (Belmondo, Verneuil, Omar Sharif, Robert Hossein). Un très bon moment !
Enfin, on se plongera dans un entretien avec Rémy Julienne, qui évoque ses souvenirs du tournage, et la mise en place de l’énorme scène de poursuite en voiture du film ; Verneuil et lui avaient comme ambition de faire « mieux que Bullitt ». On terminera avec une galerie de photos ainsi qu’une galerie d’affiches. Cette riche édition comporte également un livret de 16 pages, qui ne nous a pas été fourni par l’éditeur.