Le beau-père
États-Unis, Royaume-Uni, Canada : 1987
Titre original : The stepfather
Réalisation : Joseph Ruben
Scénario : Richard Rothstein
Acteurs : Terry O’Quinn, Jill Schoelen, Shelley Hack
Editeur : Elephant Films
Durée : 1h29
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 1 juin 1988
Date de sortie BR/DVD : 12 novembre 2019
Jerry Blake semble en apparence mener une petite vie sans histoire : un travail satisfaisant, une famille soudée… Il a tout. Mais quand un grain de sable vient enrayer la machine, l’homme change radicalement de comportement. La perfection est son obsession…
Le film
[3,5/5]
Gros succès en vidéo à la fin des années 80, Le beau-père est un film plus subversif qu’il n’y parait à priori. Car à la façon d’un film tel que Les griffes de la nuit (Wes Craven, 1984), le film de Joseph Ruben ne joue pas simplement la carte du psycho-killer dérangé tuant les jeunes filles au hasard, mais propose un vrai discours tordu sur les « WASP » ou classes moyennes américaines de l’époque. Il faut dire aussi que le scénario du film a été co-écrit par Donald E. Westlake, écrivain spécialiste du polar de « casse » mais dont les romans affichent parfois une portée sociale assez cynique, qui n’a pas échappée à Costa Gavras par exemple, qui adapterait Le couperet en 2005.
Inspirée de l’histoire vraie de John List, qui tua sa femme, ses enfants et sa mère pour s’installer le plus tranquillement du monde dans une autre famille (les derniers rebondissements ridicules de l’actualité récente pourront également nous remettre en mémoire l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès), Le beau-père imagine donc un tueur dont les pulsions sont guidées par un attachement mortifère aux bonnes vieilles valeurs morales et familiales de l’Amérique conservatrice. Autant dire que le petit pavillon de banlieue, l’indispensable chien, les barbecues entre voisins et la dinde partagée après le bénédicité à l’occasion de Thanksgiving prennent ici une coloration morbide, bien éloignée de l’image de la famille idéale. Le film prend ainsi un malin plaisir à corrompre de l’intérieur les jolies maisons alignées de ces jolis quartiers résidentiels américains, à l’aide d’un psychopathe incarné par un Terry O’Quinn vraiment fascinant.
Et si l’intrigue met certes un peu de temps à décoller, il faudra admettre que l’acteur porte au final à lui-seul 90% de l’intérêt du film tant sa personnalité porte la montée en puissance de cette petite série B sans prétention. Impressionnant, aussi rassurant que réellement flippant, O’Quinn trouve ici le rôle de sa vie, véritable psychopathe faisant froid dans le dos dès qu’il abandonne son sourire de façade. Sa prestation s’impose comme vraiment mémorable, et certaines répliques de la dernière partie du film, telles que « Wait a minute, who am I here ? » ou encore « Next time Jim, call before you stop by », sonneront comme tout particulièrement réjouissantes, rehaussant largement l’intérêt d’un film qui sans lui n’aurait plus du tout la même saveur. D’autant qu’à côté de sa prestation, le reste du casting prend des airs plutôt falots – surtout dans le cas de la jeune Jill Schoelen, 24 ans, et censée incarner une ado de 16 ans…
Globalement plutôt bien rythmé, absolument cohérent dans la carrière de cinéaste de Joseph Ruben (qui signerait pas la suite Les nuits avec mon ennemi et Le bon fils sur des sujets voisins), Le beau-père demeure une excellente petite série B, portée par la prestation irréprochable de Terry O’Quinn.
Le Blu-ray
[4/5]
Comme l’année dernière à la même période, nos amis de chez Elephant Films nous proposent de redécouvrir en ce morne mois de novembre une poignée de pépites de l’horreur en Haute Définition, disponibles au sein d’une vague de sorties consacrée à l’horreur vintage. Voici donc l’occasion pour La nuit des sangsues, La vallée de la mort, La ferme de la terreur, Le beau-père et Le beau-père 2 de ressortir de l’oubli, ce qui permettra qui plus est aux plus jeunes d’entre nous de découvrir quelques classiques du genre un peu retombés dans l’ombre.
Elephant Films a donc récemment eu l’excellente idée de sortir Le beau-père sur support Blu-ray – sa suite, sobrement intitulée Le beau-père 2, que nous aborderons demain, ne sera quant à elle disponible que sur support DVD. Et dès les premiers plans du film, on constatera que le bond qualitatif par rapport à l’édition DVD de 2004 est vraiment saisissant. Le grain d’origine est bien là, le piqué est d’une belle précision, les couleurs sont naturelles et rendent hommage à la belle photo du film. Bref, on est en présence d’un beau master Haute-Définition, même si on constate un léger bruit vidéo durant les quelques scènes en basse lumière. Côté son, c’est la classe également : la VF ainsi que la VO d’origine sont disponibles dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0 relativement frontaux mais parfaitement satisfaisants.
Au rayon des bonus, Elephant Films nous propose de découvrir une large sélection de bandes-annonces des deux vagues de films d’horreur disponibles chez l’éditeur depuis l’année dernière, ainsi qu’une galerie de photos.