Le 15h17 pour Paris
États-Unis : 2018
Titre original : The 15:17 to Paris
Réalisation : Clint Eastwood
Scénario : Dorothy Blyskal
Acteurs : Alek Skarlatos, Anthony Sadler, Spencer Stone
Éditeur : Warner bros.
Durée : 1h34
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 7 février 2018
Date de sortie DVD/BR : 13 juin 2018
Dans la soirée du 21 août 2015, le monde, sidéré, apprend qu’un attentat a été déjoué à bord du Thalys 9364 à destination de Paris. Une attaque évitée de justesse grâce à trois Américains qui voyageaient en Europe. Le film s’attache à leur parcours et revient sur la série d’événements improbables qui les ont amenés à se retrouver à bord de ce train. Tout au long de cette terrible épreuve, leur amitié est restée inébranlable. Une amitié d’une force inouïe qui leur a permis de sauver la vie des 500 passagers…
Le film
[3/5]
En vieil anar qui se respecte, Clint Eastwood semble bien déterminé depuis quelques années à se construire une filmographie se développant « en réaction » aux canons du blockbuster actuel. Si les studios ne jurent plus depuis une dizaine d’années que par les films de super-héros, le grand Clint a quant à lui décidé de devenir le chantre d’un cinéma ancré de plein pied dans le réel, au cœur duquel l’héroïsme et la bravoure prennent le visage de personnages bien vivants, s’imposant comme les véritables super-héros de notre temps.
Ces super-héros du quotidien, ce sont donc Chris Kyle (American sniper), Chesley Sullenberger (Sully) et aujourd’hui Alek Skarlatos, Anthony Sadler et Spencer Stone, le trio d’américains étant parvenu, en août 2015, à contrecarrer les plans sanglants d’un terroriste à bord du Thalys. Bien déterminé à prouver au monde que l’héroïsme ne requiert pas l’utilisation de pierres d’infinité ou de boîtes-mères, Clint Eastwood a même été jusqu’à prendre le pari de faire jouer les trois protagonistes réels des événements (auxquels s’ajouteront quelques autres passagers ayant réellement voyagé à bord du Thalys ce jour-là) au cœur du 15h17 pour Paris, un film démontant avec soin toute la mythologie du héros telle qu’Hollywood nous la sert habituellement.
Parce qu’en effet, Skarlatos, Sadler et Stone n’ont à priori rien des héros que les studios donnent régulièrement à voir au public : ce sont juste trois types normaux, que l’absence de figure paternelle a contribué à façonner des adultes en perpétuelle lutte avec l’autorité. Pas forcément très brillants dans leurs études ou dans leurs parcours professionnels respectifs (on apprend au début du film que Skarlatos et Stone ont été diagnostiqués d’un trouble du déficit de l’attention durant leur scolarité), ces trois américains élevés dans les plus pures traditions chrétiennes américaines se sont pourtant révélés de véritables héros en 2015, en empêchant un forcené de perpétrer ce qui se serait probablement avéré un véritable carnage à bord du train.
De fait, Le 15h17 pour Paris n’occulte pas la personnalité à priori anti-héroïque de ses trois protagonistes principaux, construisant au fur et à mesure de son récit faisant des allers/retours incessants entre les événements du Thalys et le passé de ses personnages. Au final, le film s’impose donc comme le récit un brin schizophrène des circonstances ayant amené ces trois américains à devenir, en l’espace de quelques minutes, de véritables héros aux yeux du monde entier. A la fois indéniablement fascinant dans sa volonté farouche de reconstitution fidèle et plombé par de nombreux défauts (le principal étant probablement lié au fait qu’Alek Skarlatos, Anthony Sadler et Spencer Stone sont bien loin d’être des acteurs confirmés et charismatiques), Le 15h17 pour Paris s’avère une expérience cinématographique certes très imparfaite mais toujours intéressante, surtout dans la façon habile avec laquelle Eastwood parvient à apporter une dimension « humaine » à des événements maintes fois évoqués dans les médias ces dernières années.
Le Blu-ray
[4/5]
Le Blu-ray édité par Warner bros. nous propose, comme toujours, une expérience visuelle et sonore absolument recommandable : l’occasion idéale pour le spectateur de se replonger dans des conditions optimales au cœur des événements dramatiques ayant pris place à bord du Thalys. Définition au taquet, piqué précis, couleurs et contrastes superbement gérés, l’image est très enthousiasmante et mérite sans peine tous les superlatifs. Côté son, seule la VO est proposée dans un mixage Dolby Atmos –que les amplis non compatibles décoderont en Dolby TrueHD 7.1– qui s’avère redoutablement immersif et d’un dynamisme à couper le souffle (le rendu acoustique des scènes à bord du train est littéralement à tomber par terre), tandis que la VF doit se contenter d’un « simple » encodage en Dolby Digital 5.1, certes ample et efficace, mais ne pouvant tenir la comparaison avec son ainé en HD (d’autant plus qu’elle s’avère, naturellement, artistiquement beaucoup moins puissante).
Dans la section suppléments, la galette nous propose deux featurettes revenant sur la personnalité des trois héros du film, et nous donnant la possibilité de voir et d’écouter Clint Eastwood, qui a visiblement stupéfait ses producteurs en proposant à Alek Skarlatos, Anthony Sadler et Spencer Stone d’incarner leurs propres rôles à l’écran sans en avoir préalablement discuté avec eux.