L’Amour est une grande aventure
États-Unis : 1989
Titre original : Skin Deep
Réalisation : Blake Edwards
Scénario : Blake Edwards
Acteurs : John Ritter, Vincent Gardenia, Alyson Reed
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h41
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 14 juin 1989
Date de sortie DVD/BR : 6 mars 2024
Ecrivain à succès, Zach Hutton est en panne d’inspiration. Ses consultations avec le psy et son instabilité chronique n’arrangent rien. Le jour où sa femme le menace de divorcer, la quête de Zack commence…
Le film
[3,5/5]
Au début des années 60, Blake Edwards trouvait dans le dernier acte de La Panthère rose une occasion de réinventer la mécanique du vaudeville, avec une longue séquence extrêmement maîtrisée multipliant les personnages, les rebondissements et les ressorts comiques efficaces. Ce que Blake Edwards n’imaginait peut-être pas en 1963, c’est qu’en l’espace d’un petit quart d’heure de métrage mettant en avant le fameux inspecteur Clouseau (Peter Sellers), il poserait les bases de son cinéma pour les trente années suivantes. En effet, à partir de ce film, la carrière de Blake Edwards semblerait définitivement placée sous le signe du burlesque, du comique visuel, du vaudeville sophistiqué, mettant en scène avec le plus grand sens du cadre et de l’espace des personnages gauches, cachés dans des placards ou sous des lits, ou n’étant plus largement pas à leur place, décalés par rapport à leurs contemporains.
L’Amour est une grande aventure s’inscrit dans cette tradition de comédie sophistiquée, ainsi que dans la veine en partie « autobiographique » de la carrière de Blake Edwards – de cette série de films qui, tout au long des années 80, mettraient en scène des personnages se débattant avec des problèmes d’addiction (alcool, sexe…) les rendant profondément toxiques pour leur entourage proche. Le rôle confié à John Ritter dans le film de 1989 est donc assez ingrat dans on genre : si Zach est un homme intelligent, et doté d’un certain talent pour l’écriture, il s’agit également d’un vrai connard, avec un penchant assez affirmé pour l’autodestruction, ce qui rendra l’identification avec le spectateur assez difficile.
Conscient de cet état de fait, Blake Edwards construit la première demi-heure de L’Amour est une grande aventure de façon extrêmement « mécanique » : les dialogues et situations sont très travaillés, et les effets comiques interviennent essentiellement par un travail habile sur le montage. Cette méthode mènera à certaines séquences absolument imparables de drôlerie, telles que celle de l’incendie de la maison, et permettra au spectateur de s’habituer au personnage interprété par John Ritter, à découvrir que derrière les problèmes d’alcoolisme et de dépendance aux femmes, qui ont tué son inspiration et sa productivité se cache un homme désireux d’avancer, de changer, et c’est pour cette raison qu’il va régulièrement voir un psy et passe de longues heures à essayer de mettre son âme à nu.
En d’autres termes, le spectateur se rendra compte que Zach n’est pas « uniquement » un connard et un ivrogne, ce qui le rendra plus facile à tolérer, et permettra enfin un début d’identification. C’est important, dans le sens où Blake Edwards veut vraiment que l’on comprenne le héros de L’Amour est une grande aventure, et même que l’on ressente pour lui une espèce d’empathie mêlée de pitié, surtout au moment où, comme la plupart des toxicomanes, Zach finit par faire une overdose. Au-delà de ses passages humoristiques les plus débridés (on pense forcément à l’incontournable séquence des préservatifs phosphorescents), le film parviendra donc tout de même à toucher le spectateur.
L’autre grande réussite de L’Amour est une grande aventure réside dans son casting, ainsi que dans l’alchimie qui existe entre John Ritter et ses camarades de jeu. Si le scénario tourne clairement autour de Zach, l’harmonie entre les différents acteurs évoluant à l’écran est assez remarquable, et on le ressentira tout particulièrement dans les nombreuses séquences de soirées et/ou d’événements qui mettent en scène plusieurs personnages en même temps, et qui nous apparaissent toutes comme parfaitement spontanées. De fait, même les acteurs les plus secondaires peuvent trouver une occasion de briller, à la façon de DeeDee Rescher, qui part en fou-rire à chaque fois qu’elle aperçoit le personnage interprété par John Ritter.
Le Blu-ray
[4/5]
Après Boire et déboires en 2021, ESC Éditions continue d’honorer la mémoire de Blake Edwards, avec la sortie au format Blu-ray de L’Amour est une grande aventure. On espère que ce nouveau film sera suivi d’autres sorties en Haute-Définition, et peut-être enfin d’une remasterisation des six films de la saga La Panthère rose avec Peter Sellers, quasiment tous inédits en Blu-ray en France. Côté master, l’image du Blu-ray de L’Amour est une grande aventure s’avère très solide, affichant un grain globalement préservé et des couleurs superbes. Les contrastes sont fins et affirmés et si le master n’a pas été restauré, il semble ne pas avoir trop souffert des dégâts du temps (jaunissement, taches ou autres griffes…). Bref, le résultat est extrêmement satisfaisant. Côté son, la bande-son est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0, en VF comme en VO. Les dialogues sont clairs et bien découpés, sans souffle notable, et la musique d’Henry Mancini est bien mise en avant. Du côté de la version française, on reconnaîtra les voix de Yves-Marie Maurin (Mitch Buchannon), Bernard Tiphaine (Chuck Norris), ou encore Luq Hamet (Marty McFly).
Du côté des suppléments, on trouvera une présentation du film par Nicolas Truffinet (23 minutes), qui s’efforcera de replacer le film dans la carrière de Blake Edwards, et de revenir sur quelques aspects remarquables du film.