Test Blu-ray : L’Ambassadeur

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L’Ambassadeur

États-Unis, Israël : 1984
Titre original : The Ambassador
Réalisation : J. Lee Thompson
Scénario : Max Jack
Acteurs : Robert Mitchum, Ellen Burstyn, Rock Hudson
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h37
Genre : Thriller, Action
Date de sortie cinéma : 23 mai 1984 (Festival de Cannes)
Date de sortie DVD/BR : 1 mars 2022

Années 80. Avec l’aide de son conseiller, un ambassadeur américain en Israël tente d’instaurer la paix en Palestine au moyen de méthodes non conventionnelles alors que sa femme entame une liaison avec un responsable de l’OLP. Ses efforts sont contrariés à chaque étape. Tentative d’assassinat, chantages se multiplient. Les intérêts en cause deviennent des enjeux majeurs…

Le film

[3/5]

Cousins et collaborateurs, les fondateurs de la Cannon Menahem Golan et Yoram Globus étaient des producteurs israéliens s’étant spécialisés dans les films américains populaires et musclés. Par conséquent, au fil des années 80, ils ont produit une petite poignée de films mettant en scène les conflits au Moyen-Orient, mais des films tels que L’Ambassadeur (1984) ou Delta Force (1986) tendent à nous laisser penser qu’ils ont bien fait de se lancer dans le cinéma plutôt que dans la géopolitique…

Avec son personnage d’ambassadeur américain bien décidé à apporter la paix au Moyen-Orient par le biais de son charisme et d’un peu de dialogue estudiantin, L’Ambassadeur s’affirme comme un bien étrange long-métrage, prônant le dialogue et la paix tout en transposant en Israël le rythme traditionnel – et un peu plan-plan – des films d’action américains de l’époque. Le scénario de Max Jack – surréalistement adapté du roman d’Elmore Leonard « Paiement Cash » – enchaîne donc les scènes dédiées à l’apaisement entre les parties belligérantes (Israël et Palestine surtout) et les scènes de sexe (un peu) et de violence (beaucoup), qui permettront au vétéran J. Lee Thompson d’y aller franco, dynamisant le spectacle à grands renforts de fusillades et d’impacts de balles sanguinolents.

Autrefois considéré comme un cinéaste talentueux (Les Nerfs à vif, Les Canons de Navarone…), J. Lee Thompson avait entamé sa période de pré-retraite en signant un contrat avec la Cannon, pour qui il devint un des réalisateurs les plus assidus. Cette décision contribua à faire dégringoler sa côte de popularité auprès de la critique : la Cannon n’était pas en odeur de sainteté à l’époque, et le cinéaste fut souvent catalogué de manière très négative durant les dernières années de sa carrière –il était en effet envisagé au pire comme un tâcheron, au mieux comme un mercenaire.

Le fait est cependant que les aspects les plus convaincants de L’Ambassadeur sont probablement à mettre au crédit de J. Lee Thompson, qui se démène afin d’apporter un peu d’énergie au cœur d’un récit assez morne. Il n’y a en effet pas grand-chose de surprenant dans le film, en dehors peut-être de la prestation dénudée d’Ellen Burstyn, alors âgée de 52 ans. Robert Mitchum et Rock Hudson ne semblent pas très impliqués, les enjeux géopolitiques du film paraissent extrêmement naïfs, et finalement, il n’y aura que la mise en scène de l’action qui permettra au film de maintenir l’intérêt du spectateur en éveil.

Et sur ce point, J. Lee Thompson s’avère relativement généreux, puisque le film nous donne à voir des poursuites en voiture, en hélicoptère, des tentatives d’assassinat… Sans compter bien sûr l’odieuse vidéo mettant en scène les ébats de la femme de l’ambassadeur (Ellen Burstyn) avec son amant (Fabio Testi). Autant de détails musclés qui, certes, sèmeront la division au sein du foyer du personnage incarné par Robert Mitchum, mais qui ne le gêneront que partiellement dans sa quête principale : celle de pacifier le Moyen-Orient. A ce titre, la dernière séquence de L’Ambassadeur s’avère assez amusante d’optimisme et de naïveté, même si elle fera sans doute lever les yeux au ciel aux plus cyniques d’entre nous.

Le Blu-ray

[4/5]

Après quelques retards logistiques, L’Ambassadeur débarque donc finalement début mars au format Blu-ray sous les couleurs de Sidonis Calysta, et s’offre une galette Haute Définition tout à fait recommandable. Le film a semble-t-il été restauré, et si l’on excepte quelques plans malheureux, l’ensemble affiche une belle propreté, un grain globalement préservé, un piqué accru et des couleurs et des noirs très intenses et soignés. Côté son, le film de J. Lee Thompson nous est proposé dans deux mixages (VF / VO) en DTS HD Master Audio 2.0, qui s’avèrent assez bien équilibrées, détachant soigneusement les dialogues, la musique et les bruitages. La version française est d’époque, et le doublage est notamment assuré par Jean-Claude Michel, Raymond Loyer et Philippe Dumat. Pour la petite histoire, à l’époque de la sortie du film, le comédien Jean-Claude Michel était non seulement la voix française régulière de Robert Mitchum mais aussi celle de Rock Hudson. Ne pouvant doubler les deux acteurs en même temps, il assurerait finalement le doublage de la voix de Mitchum, tandis que Rock Hudson serait doublé par Raymond Loyer.

Du côté des suppléments, outre une petite sélection de bandes-annonces du film, on trouvera tout d’abord une présentation du film par Patrick Brion (8 minutes). Contrairement à ses habitudes, Patrick Brion reviendra ici tout d’abord un peu sur la genèse du film, afin d’en expliquer les défauts : l’adaptation / trahison d’Elmore Leonard, le casting au dernier moment de Rock Hudson… Il reviendra ensuite rapidement sur la carrière de J. Lee Thompson, puis sur la portée morale du film.

On enchaînera ensuite avec une présentation du film par Emmanuel Laborie (19 minutes), un peu moins agréable à suivre côté image et son car tournée par le biais d’une webcam. Le réalisateur / scénariste, également auteur de plusieurs ouvrages sur le cinéma, commencera en abordant la production du film (initialement prévu avec Joe Don Baker), avant de revenir sur les différences avec le roman d’Elmore Leonard, et sur le scénario du film, qu’il qualifie de « plutôt habile ». Il prendra ensuite assez longuement la défense de J. Lee Thompson, sur l’ensemble de sa carrière et plus particulièrement sur L’Ambassadeur, notamment parce qu’il tire le meilleur d’un budget « sous-alimenté » par Golan et Globus. Il évoquera également les prestations de Robert Mitchum et Rock Hudson, qui cachetonnaient tous deux mais semblaient selon lui vouloir défendre leurs personnages. Enfin, il se remémorera avoir un reportage sur le tournage du film dans 7 sur 7. Pourtant, et malgré l’émission de TF1, L’Ambassadeur ne sortirait finalement pas dans les salles obscures. En revanche, si Emmanuel Laborie affirme qu’il faudrait attendre dix ans avant la sortie du film en VHS, il s’agit clairement d’une erreur : la première édition du film chez UGC Vidéo est en effet sortie en 1985.

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