La Tour sombre
États-Unis : 2017
Titre original : The Dark tower
Réalisation : Nikolaj Arcel
Scénario : Akiva Goldsman, Jeff Pinkner, Anders Thomas Jensen, Nikolaj Arcel
Acteurs : Idris Elba, Matthew McConaughey, Tom Taylor
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 1h35
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 9 août 2017
Date de sortie DVD/BR : 13 décembre 2017
Le dernier Pistolero, Roland Deschain, est condamné à livrer une éternelle bataille contre Walter O’Dim, alias l’Homme en noir, qu’il doit à tout prix empêcher de détruire la Tour sombre, clé de voûte de la cohésion de l’univers. Le destin de tous les mondes est en jeu, le bien et le mal vont s’affronter dans l’ultime combat, car Roland est le seul à pouvoir défendre la Tour contre l’Homme en noir…
Le film
[3,5/5]
Il semble difficile d’évoquer La Tour sombre, adaptation cinématographique d’une série de bouquins signés Stephen King, sans aborder dans un premier temps la saga littéraire, qui compte à ce jour huit copieux volumes et plus de 4000 pages. La rédaction de la saga s’étale à ce jour sur une trentaine d’années : le premier tome de La Tour sombre date de 1982, le dernier en date est paru en 2012. Depuis une vingtaine d’années environ, Stephen King développe dans toute son œuvre des « passerelles » entre ses différents romans, parsemant chaque nouvelle parution de clins d’yeux plus ou moins appuyés à d’autres de ses écrits. Avec son histoire de « Tour » servant de colonne vertébrale à différents univers parallèles, la saga La tour sombre se pose quasiment en terre d’expérimentations pour Stephen King : au fur et à mesure de son évolution, la saga servira principalement à « lier » entre elles les œuvres de King, à créer des passerelles permettant au romancier de revenir, à loisir, sur certains livres au sujet desquels il aurait peut-être l’impression, malgré leur publication, de ne pas en avoir « terminé », d’avoir encore quelque-chose à dire.
De fait, La Tour sombre est probablement l’œuvre la plus complexe et la plus mystérieuse de toute la carrière de Stephen King. Il s’agit d’un très étrange objet littéraire, riche de plusieurs dizaines de personnages récurrents – dont Stephen King lui-même – et orchestrant des liens avec des dizaines d’œuvres antérieures du romancier : Cœurs perdus en Atlantide, Salem, Le fléau, Shining, Les yeux du dragon, Brume, Ça, Bazaar, Insomnie et beaucoup d’autres se retrouvent donc « revisités » par les héros et différents arcs narratifs de La Tour sombre. Pour de simples questions de droits, une « adaptation » fidèle et littérale de l’œuvre paraissait rigoureusement impossible. Il était tout aussi impossible de « condenser » les huit volumes en un seul film.
La batterie de scénaristes (Akiva Goldsman, Jeff Pinkner, Anders Thomas Jensen et Nikolaj Arcel) s’étant attelé à la tâche a donc choisi de s’attarder sur un arc narratif relativement tardif dans la saga, en prenant d’énormes libertés avec l’intrigue d’origine. Le scénario du film se concentre sur une poignée de personnages, en citera quelques autres, et dans l’ensemble, on ne pourra que s’incliner devant ce qui s’impose non pas tellement comme une « adaptation » mais d’avantage comme une « déclinaison » sur l’univers de La Tour sombre. Visuellement époustouflant, rapide, concis, ne développant que superficiellement les personnages, La Tour sombre version cinéma s’impose comme une introduction en douceur à un univers aussi complexe que foisonnant. Et si Nikolaj Arcel n’a certes pas encore les épaules pour filmer des scènes d’action monumentales que l’on aurait aimé voir atterrir dans les mains d’un John Woo, si les scènes épiques manquent également un peu d’envergure, le film développe un côté brut de décoffrage vraiment très plaisant, et le rythme ne faiblit jamais, à tel point qu’il paraît impossible de s’ennuyer. Par ailleurs, les auteurs du film se sont également amusé à tisser des liens entre La Tour sombre et d’autres œuvres du « King », sous la forme d’amusants clins d’yeux que l’on pourra s’amuser à repérer au détour de tel ou tel plan : le chien de Cujo, une miniature de la Plymouth Fury de Christine, une photo de l’Overlook Hotel de Shining, l’affiche de Rita Hayworth tout droit sortie des Évadés…
Malgré ses qualités, La tour sombre fut un échec commercial aux États-Unis – mais Sony Pictures est largement rentré dans ses frais avec l’exploitation du film dans le reste du monde. Les USA donnant le « la » pour la mise en chantier d’une éventuelle suite, on craint que les aventures de Roland le pistolero ne soient tuées dans l’œuf. A moins bien sûr que Stephen King ait pu avoir l’opportunité de spécifier par contrat que l’adaptation devait forcément prendre la forme d’une trilogie de films… L’avenir nous le dira ; en attendant, on est probablement ici en présence de l’adaptation la plus directe et la plus « fun » que l’on ait pu voir des écrits de Stephen King depuis La nuit déchirée, le petit chef d’œuvre incompris de Mick Garris – une introduction simple, directe et nimbée de mystère à un univers riche et foisonnant, ne demandant qu’à être développé dans une ou plusieurs suites.
Le Blu-ray
[5/5]
La tour sombre nous proposant un spectacle visuellement éblouissant, le Blu-ray édité par Sony Pictures nous propose fort logiquement une galette HD littéralement somptueuse. La définition n’est jamais prise en défaut, et l’ensemble nous propose un piqué d’une précision absolu doublé d’un niveau de détails tout simplement extraordinaire. Couleurs et contrastes s’affichent aussi sous leur meilleur jour ; en un mot comme en cent il s’agit tout bonnement du top du top en matière de Blu-ray. Côté son, la VO est proposée dans un impressionnant mixage Auro-3D (que les amplis non équipés décoderont en DTS-HD Master Audio 5.1), mais la VF n’est pas en reste, puisqu’elle s’offre également un solide DTS-HD Master Audio 5.1. En termes de spectacle sonore multi-canal, les deux bandes sonores afficheront donc une spatialisation complètement folle et des basses omniprésentes, en particulier durant les scènes d’action.
Du côté des suppléments, Sony Pictures nous gâte avec une interactivité placée sous le signe du romancier Stephen King : outre les classiques sélections de scènes coupées et/ou étendues et le traditionnel bêtisier, on trouvera un making of en plusieurs parties revenant sur les challenges liés à l’adaptation d’une œuvre aussi vaste ; Stephen King y aborde son travail sur la série de livre ainsi que ses inspirations, et si on notera quelques redondances d’un sujet à l’autre, l’ensemble est bien mené et s’avère toujours intéressant. On continuera avec des featurettes un poil plus classiques sur les personnages du pistolero et de l’homme en noir, pour terminer avec trois teasers du film absolument formidables, réunis sous le titre « Coup d’œil par le trou de la serrure ».
On notera l’existence d’une « édition exclusive Steelbook », qui nous proposera un Blu-ray supplémentaire, contenant un mini-making of moins axé sur Stephen King, mais nous proposant une vingtaine de minutes d’entretiens avec l’équipe et d’images du tournage, et revenant notamment sur les costumes et les armes du Pistolero.