La Soif de l’or
France : 1993
Titre original : –
Réalisation : Gérard Oury
Scénario : Gérard Oury, Christian Clavier, Marcel Jullian
Acteurs : Christian Clavier, Tsilla Chelton, Catherine Jacob
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h21
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 14 juin 1974
Date de sortie DVD/BR : 21 septembre 2022
Depuis trois ans, Urbain Donnadieu a soustrait chaque jour 60 000 F à la société dont sa femme l’a dépossédé. Il détient maintenant mille lingots d’or qu’il doit transporter en Suisse avec la complicité de sa grand-mère. Mais sa femme découvre leur machination. Dès lors, c’est une course poursuite acharnée qui commence entre ces malades de l’or, cet or qui les enfièvre jusqu’à leur faire perdre raison…
Le film
[3/5]
1993. Les Visiteurs explose tous les records au box-office français : avec 13,7 millions d’entrées, le film de Jean-Marie Poiré se classe en quelques semaines sur le podium des films français ayant attiré le plus de monde dans les salles obscures. A l’époque, un film et un seul était parvenu à réunir autant de spectateurs au cinéma dans l’hexagone : La Grande vadrouille de Gérard Oury (1966).
La rencontre de Christian Clavier, nouveau roi de la comédie populaire, et de Gérard Oury, représentant de la « vieille garde » de l’humour made in France, était dès lors devenue inévitable… Mais cette rencontre au sommet avait en fait déjà eu lieu, grâce à Gaumont : à l’automne 1992, Gérard Oury et Christian Clavier avaient en effet commencé le tournage de L’Or du pingouin, anciennement intitulé Le pignouf de l’avenue Foch, qui sortirait – finalement sous le titre La Soif de l’or – sept mois à peine après les aventures de Godefroy de Montmirail et Jacquouille la fripouille.
Un timing parfait pour orchestrer le retour d’un Christian Clavier gesticulant et gueulant comme un joyeux hystérique. L’idée de départ de La Soif de l’or est intéressante : le fait de voir une poignée de personnages radins et arrivistes aveuglés par l’appât du gain se lancer dans une course-poursuite acharnée pour quelques lingots d’or est assez amusante. Malheureusement, ce postulat de départ s’avère au final assez peu (ou mal) exploité, dans le sens où le film n’atteint jamais le niveau de folie d’un épisode des Fous du Volant.
Pourtant, le pitch de départ se prêtait à toutes les exubérances, et le traitement des deux couples de personnages au cœur du film tenait bel et bien du dessin animé : Christian Clavier et Tsilla Chelton composent en effet des « radins » si outrancièrement exagérés que leurs personnages emmènent rapidement le spectateur hors des rails d’un quelconque réalisme. A leurs trousses, Catherine Jacob et Philippe Khorsand sont d’excellents « méchants » de pacotille, à la fois grotesques et attachants.
On aurait ainsi aimé voir également débouler aux trousses de Christian Clavier quelques policiers, truands, banquiers corrompus, maris jaloux, amours de jeunesse et autres personnages attirés par l’argent, mais rien n’y fera : le personnage principal de La Soif de l’or ne sera poursuivi que par les deux antagonistes introduits en début de film – dommage. Pour autant, Gérard Oury savait toujours parfaitement comment torcher un divertissement solide, et il profite de cette relative platitude de l’intrigue pour insuffler au film un rythme absolument fou : il est littéralement impossible de s’ennuyer devant La Soif de l’or, qui nous propose une excellente dynamique de comédie, ni trop rapide, ni trop longue, et qui passera finalement comme une lettre à la poste, si tant est que vous supportiez le cabotinage d’un Christian Clavier totalement en roue libre.
Le Blu-ray
[4/5]
C’est naturellement sous les couleurs de Gaumont que débarque ce mois-ci le Blu-ray de La Soif de l’or. Et côté image, c’est du tout bon : l’image du film de Gérard Oury a été restaurée, et la préservation maniaque du grain argentique ne gâchera en rien le rendu Haute Définition du film, riche d’un niveau de détail très satisfaisant. La jolie photo du film signée Tonino Delli Colli (Il était une fois en Amérique) est respectée et les couleurs sont naturelles et parfaitement saturées. Côté son, le film nous est proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 et impose une bande son étonnamment efficace, offrant une belle clarté à l’ensemble.
Dans la section suppléments, on trouvera un entretien avec Catherine Jacob (13 minutes). L’actrice, aujourd’hui âgée de 66 ans, reviendra sur le fait qu’elle avait accepté de tourner La Soif de l’or non pas pour son scénario, mais pour faire plaisir à son père, qui adorait La Grande vadrouille. Elle évoquera sa première rencontre avec Gérard Oury, qui désirait la faire tourner parce qu’elle « avait l’air d’une bitch », et l’ampleur pharaonique et complètement disproportionnée du tournage chapeauté par la Gaumont. Enfin, elle se remémorera ses camarades de jeu de l’époque : Philippe Khorsand, qui croulait sous les dettes, Christian Clavier, qui a toujours été très sympa avec elle, même s’il l’était moins avec d’autres, ou encore Tsilla Chelton et ses caprices de star. Un bon moment, sans langue de bois !