La Nuit du 12
France, Belgique : 2022
Titre original : –
Réalisation : Dominik Moll
Scénario : Dominik Moll, Gilles Marchand
Acteurs : Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Anouk Grinberg
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h55
Genre : Policier
Date de sortie cinéma : 13 juillet 2022
Date de sortie DVD/BR : 23 novembre 2022
À la PJ, chaque enquêteur tombe un jour ou l’autre sur un crime qu’il n’arrive pas à résoudre et qui le hante. Pour Yohan c’est l’assassinat de Clara. Les interrogatoires se succèdent, les suspects ne manquent pas, et les doutes de Yohan ne cessent de grandir. Une seule chose est certaine, le crime a eu lieu la nuit du 12…
Le film
[4/5]
Cinéaste peu prolifique, auteur de seulement sept longs-métrages en l’espace de trente ans, Dominik Moll avait été découvert du grand public en 2000 avec Harry, un ami qui vous veut du bien. Un peu plus de vingt ans plus tard, il joue à nouveau la carte du suspense avec La Nuit du 12, un film policier tournant autour d’un meurtre non élucidé. Le panneau d’ouverture du film rappelle d’ailleurs au spectateur que l’histoire dramatique entourant la mort de la Carla, 21 ans, brûlée vive alors qu’elle rentrait d’une fête dans la nuit du 12 octobre 2016, n’est pas un cas isolé : malheureusement, 20 % des crimes commis en France ne sont jamais résolus.
Au cœur de La Nuit du 12, il y a donc deux flics : Yohan (Bastien Bouillon), qui vient tout juste d’être nommé commissaire, et Marceau (Bouli Lanners), un policier plus aguerri, miné par des problèmes de couple qui commencent à le faire sérieusement douter de sa vocation. Paradoxalement proches en dépit de caractères diamétralement opposés, les deux flics se retrouvent dans leur caractère obsessionnel, et dans l’impossibilité pour eux de laisser impuni le meurtre de la jeune Carla. Leur sentiment d’impuissance ne fera que croître au fil des rebondissements de l’enquête…
La Nuit du 12 est adapté d’une partie de l’ouvrage « 18.3 – une année à la PJ » de Pauline Guéna (Éditions Denoël, 2020), qui relatait l’expérience d’immersion de l’autrice à la PJ de Versailles. Par conséquent, Dominik Moll et son coscénariste Gilles Marchand optent pour une approche réaliste, et même quasi-documentaire, des mécanismes de l’enquête. Pourtant, d’une façon finalement assez paradoxale, le suspense fonctionne à plein régime tout au long du film, le spectateur vibrant à l’unisson avec ces personnages de flics, si humains, si proches de nous dans leurs failles, leurs faiblesses, leur désarroi.
A sa manière, La Nuit du 12 dresse donc un état des lieux de la police d’aujourd’hui, qui se double d’ailleurs d’un amer constat d’échec quant aux résultats obtenus par quelques poignées d’hommes et de femmes qui font de leur mieux, mais qui ne restent finalement que des hommes. Le sentiment de culpabilité et de désarroi éprouvé par ces derniers classe le film dans la tradition des grands films policiers nous proposant des enquêtes non résolues, tels que Memories of murder (Bong Joon-ho, 2003) ou Zodiac (David Fincher, 2007).
Devant la caméra, Bouli Lanners est comme à son habitude absolument extraordinaire de colère rentrée, toujours au bord de l’implosion. A ses côtés, Bastien Bouillon ne sera pas sans rappeler, dans son jeu très « intérieur », le Laurent Lucas de Harry, un ami qui vous veut du bien. On notera également la présence à l’écran de Pierre Lottin, dans un rôle radicalement différent de celui qu’il tenait dans Les Tuche, et, surtout, d’Anouk Grinberg, bouleversante en procureure désireuse de boucler l’enquête, envers et contre tous.
Le Blu-ray
[4/5]
Éditeur français dont les sorties en Haute-Définition demeurent finalement assez rares (et donc précieuses), Blaq Out nous invite aujourd’hui à découvrir La Nuit du 12 sur support Blu-ray. Comme à son habitude, l’éditeur nous propose un master assez sublime : piqué, contrastes, couleurs, profondeur de champ… Tout est au taquet, et admirablement géré ; le niveau de détail est élevé, et malgré les nombreuses scènes nocturnes, les noirs ne faiblissent jamais, denses et profonds. En deux mots comme en cent, tout est parfait, c’est du très beau travail technique. Niveau son, l’éditeur se révèle également fidèle à ses habitudes, en nous offrant un solide mixage DTS-HD Master Audio 5.1, qui ne joue certes pas la carte d’un dynamisme en mode bourrin de la mort qui tue, mais qui fait le boulot du point de vue de l’ambiance. Les canaux arrière et le caisson de basse sont sollicités de façon très régulière, et le tout s’avère tout particulièrement fréquentable.
Dans la section bonus, on trouvera un entretien avec Dominik Moll (24 minutes), qui reviendra sur la genèse du projet, sur le livre de Pauline Guéna ainsi que sur ses influences ou encore sa collaboration de longue date avec Gilles Marchand et la façon dont ils se partagent le travail d’écriture.