La nuit des morts vivants
États-Unis : 1990
Titre original : Night of the living dead
Réalisation : Tom Savini
Scénario : John A. Russo, George A. Romero
Acteurs : Tony Todd, Patricia Tallman, Tom Towles
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h28
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 5 mai 1991
Date de sortie DVD/BR : 12 octobre 2019
Un phénomène inexpliqué s’abat sur une région des Etats-Unis : les morts ressuscitent puis se jettent sur les vivants qui, infectés par leurs morsures, se transforment eux-mêmes en morts-vivants. Une jeune femme, Barbara, et un homme, Ben, se réfugient dans une maison isolée qu’encerclent bientôt les créatures enragées. Ils ignorent que d’autres survivants s’y cachent. Commence alors une longue et sanglante nuit…
Le film
[5/5]
L’idée de produire un remake d’un film aussi « séminal » que La nuit des morts vivants pouvait paraître absurde, nulle et non avenue. C’était sans compter sur le talent de Tom Savini et de ses équipes qui, en 1990, sont pourtant parvenus à réaliser cet exploit : celui de proposer un prolongement bienvenu au film de George A. Romero, à la fois innovant, respectueux et d’une efficacité redoutable.
Largement annoncé par la presse spécialisée à l’époque (notamment par le Mad Movies de l’âge d’or), le film de Tom Savini fut finalement présenté en « séance de minuit » lors de l’édition 1991 du festival international du film fantastique d’Avoriaz, pour sortir dans les salles françaises quelques mois plus tard, en province uniquement si l’on en croit le site de référence EncycloCiné.com. Si IMDb évoque une sortie du film en France en avril 1993, la date du 5 mai 1991 parait plus crédible, d’autant qu’elle est confirmée par les numéros 69 de Mad Movies et 29 de Ciné-News. En revanche, aucun renseignement n’est fourni sur une éventuelle portée « nationale » de son exploitation dans les salles françaises.
Passé relativement inaperçue auprès du grand public de l’époque, alors peu amateur de cinéma horrifique, cette cuvée 90’s de La nuit des morts vivants serait finalement redécouverte quelques années plus tard grâce à l’explosion du format DVD. Pourtant, tout était déjà à l’écran en ce début des années 90 : une ambiance poisseuse et oppressante, un film sec qui sent presque physiquement la mort, et surtout des effets spéciaux sobres mais peu ragoutants. En effet, difficile pour qui aura découvert le film il y a quelques années d’oublier les visages blafards, jaunâtres ou décomposés, de ces morts vivants conçus par Savini et ses deux protégés, Everett Burrell et John Vulich.
Car si le scénario est connu et ne prendra que peu de libertés avec le film original, l’atmosphère de cette Nuit des morts vivants demeure tendue et morbide tout au long du déroulement de l’intrigue : une réussite impressionnante due en grande partie à la sécheresse du métrage, mais aussi et surtout à l’imagerie mortifère développée par les effets spéciaux du film. Tom Savini a tiré les leçons de 20 ans de films de zombies, et en particulier des éléments amenés au genre par un film tel que Le retour des morts vivants. Ainsi, les revenants de son remake n’apparaîtront pas, comme dans le film de Romero, comme une menace collective et indistincte, mais bel et bien comme une poignée d’individus possédant chacun leur background et leurs caractéristiques propres : il y a l’oncle Rege, redneck nu sous sa salopette, le zombie du cimetière, qui se balade avec sa composition florale plantée dans l’épaule, le zombie chauve et absolument flippant, le flic ou cette ex-mère se baladant avec une poupée dans les bras…
Là où Tom Savini fait également très fort, c’est dans la façon dont il détourne quelques-unes des attentes d’un public qui, dans la plupart des cas, connaît parfaitement le film de Romero. Ainsi, l’introduction au cimetière vous réservera à coup sûr quelques surprises, de même que la deuxième partie de l’intrigue, le personnage de Barbara ayant été remis au goût du jour et ne demeurant pas dans un état catatonique tout le long du film comme dans la version de 1968. A l’époque de sa sortie, La nuit des morts vivants version 1990 a également pas mal fait parler à cause de son final, qui ne reprenait pas l’idée nihiliste et très politisée qui fermait le film de Romero. Cependant, l’attaque anti-rednecks et anti-NRA est toujours de la partie, le film apportant en plus une petite réflexion philosophique déjà largement entamée par Romero dans Zombie (1978) et Le jour des morts vivants (1985) : à savoir de déterminer qui des vivants ou des morts sont les plus dangereux (idée qui sera également largement reprise dans la série The walking dead). « They’re us. We’re them and they’re us » déclarera le personnage de Patricia Tallman avant de demander à deux rednecks « having fun ? », et de s’entendre répondre « Gimme a break », comme si la portée de ces interrogations légitimes n’avait finalement aucune importance.
Et puisque l’on évoquait Patricia Tallman, terminons avec deux mots sur le casting : on retrouvera à ses côtés plusieurs visages connus du cinéma d’horreur. Il s’agit du premier film notable de Tony Todd, qui deviendrait deux ans plus tard une figure incontournable de l’horreur moderne avec son rôle de Candyman. Les amoureux du cinéma de Rob Zombie seront également heureux de retrouver les tronches inimitables de Bill Moseley et Tom Towles, qui seraient quelques années plus tard ensemble à l’affiche de trois films du cinéaste / rocker : La maison des 1000 morts (2003), The devil’s rejects (2005) et Halloween (2007). Tom Towles est malheureusement décédé en 2015.
Le Blu-ray
[5/5]
Disponible chez Sidonis Calysta dans un superbe digibook dénotant une fois de plus du soin apporté par l’éditeur français afin de fournir au consommateur des éditions Blu-ray qui soient également de « beaux objets » de collection, La nuit des morts vivants s’offre donc aujourd’hui un lifting Haute Définition sur galette Blu-ray, qui s’offre aujourd’hui une édition Digibook ornée d’un visuel lenticulaire mettant en scène Heather Mazur et contenant également un livret de 24 pages signé Marc Toullec. L’ancien de Mad Movies (qui avait écrit sur le film de Tom Savini dans les numéros 69 et 71 de la revue) semble aujourd’hui définitivement recyclé dans les suppléments destinés au marché de la vidéo, puisqu’il travaille aujourd’hui régulièrement avec ESC Éditions, Rimini Éditions et Sidonis Calysta.
Du côté du master, et aussi bien côté image que côté son, l’éditeur nous propose une édition de très bonne tenue ; le film est présenté dans son format respecté et en 1080p. La restauration a fait place nette des taches et autres points blancs, et l’ensemble affiche une belle stabilité. L’encodage préserve globalement la granulation d’origine, avec une définition parfois surprenante et des couleurs désaturées parfaitement retranscrites. Le mixage audio français d’origine ainsi que la VO sont proposés en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine, dans les deux cas parfaitement clair, net et précis. La version originale bénéficie en outre d’une version multicanal DTS-HD Master Audio 5.1 ample et dynamique, nous proposant des passages explosifs tout en respectant l’esprit du film.
Côté suppléments, les amoureux du film seront assurément aux anges. On retrouvera en effet, outre le livret de 24 pages écrit par Marc Toullec intégré au boîtier Digibook, une pléiade de suppléments passionnants. On commencera avec un making of rétrospectif (1999, 24 minutes) hérité de l’édition DVD du film, mais demeurant tout à fait intéressant : il nous donne en effet à découvrir énormément d’anecdotes et d’images du tournage. On aura également l’opportunité de voir des images « gore » censurées, qui donnent à penser que l’extrême sécheresse du film a en partie été imposée par le MPAA, comité de censure américain. Certaines des anecdotes du making of seront reprises à l’identique dans un passionnant entretien avec Tom Savini (2016, 28 minutes), qui, un peu plus de quinze ans après le premier sujet, évoque sans langue de bois ses déceptions vis à vis du film. Il évoque notamment ses idées avortées, comme celle de commencer le film en noir et blanc, et décrira également deux séquences folles présentes dans le storyboard qu’il n’a pu tourner par manque de temps et de moyens. Au final, il considère que la version de La nuit des morts vivants que nous connaissons aujourd’hui ne représente que 30% de sa vision. Honnête et amusant, il ne mâche pas ses mots, en particulier lorsque David Gregory, auteur du sujet (et par ailleurs réalisateur œuvrant dans le cinéma d’horreur), évoque les rumeurs selon lesquelles ses problèmes de drogue auraient forcé George Romero à terminer le film à sa place… Un très bon moment. C’est également David Gregory que l’on retrouvera aux commandes des deux interviews suivantes. On commencera avec un entretien avec Patricia Tallman (2016, 16 minutes), qui évoquera ses souvenirs du film et confirmera également que malgré la présence de George A. Romero sur le plateau durant la dernière semaine de tournage, c’est bel et bien Tom Savini qui restait aux commandes du projet. On terminera ensuite avec un entretien avec Everett Burrell et John Vulich (2016, 21 minutes), responsables des effets spéciaux sur cette version 90 de La nuit des morts vivants. Les deux experts évoquent leur méthodologie de travail sur le film, très précise mais très morbide puisqu’ils se sont réellement documenté en prenant une large sélection de photos dans une véritable morgue. Ils évoquent également l’enthousiasme de Tom Savini et les nombreuses idées de scènes qu’il a du abandonner en chemin. Au total, ce sont donc une heure et demi de suppléments absolument passionnants qu’est allé nous rechercher l’éditeur français ; tout juste pourra-t-on légèrement tiquer sur les nombreuses fautes d’orthographe présentes dans les sous-titres, autant sur le film que sur les bonus… On notera enfin que l’image du boitier Blu-ray utilisée par les différents sites de vente en ligne comporte également une faute, puisqu’on peut y lire le nom de « Georges » A. Romero, écrit à la française, avec un « S » au bout de George. On espère que cette coquille aura été rectifiée avant de partir à l’impression !
Vous n’avez pas du bien regarder le blu-ray car j’ai acheté les yeux fermés le jour de sa sortie, « la nuit des morts-vivants » version 90, car c’est un film que j’affectionne, mais franchement si l’image est bonne et les suppléments biens présents (mention au boulot sur le livret), que dire du lamentable sous-titrage FR: fautes d’orthographes nombreuses (sur des mots comme « camionnettes », sérieux? ou alors « état de trance », etc), traduction approximative niveau « google trad » ( exemple: « heads up! » traduit « retournons les! » ou bien « we can get away! » traduit « on ne peut pas partir! » bonjour le contre sens!). A ce niveau de traduction, autant inclure le sous-titres anglais pour avoir quelque chose de fiable! Bref, assez déçu, d’autant plus que les sous-titres, surtout venant de l’anglais sur un film comme ça, c’est pas le plus difficile…
Bonjour Raphrez, en effet, les sous-titres comportent de nombreuses fautes d’orthographe et autres approximations, comme je l’ai souligné en toute fin d’article. C’est malheureusement autant le cas sur le film que sur les suppléments, et même si beaucoup de gens ne s’en rendront même pas compte, cela agacera ceux qui comme nous ont un peu de difficultés avec le fait de voir la langue de Molière aussi malmenée. C’est vraiment dommage il est vrai, mais le plaisir de revoir le film dans d’excellentes conditions a primé sur tout le reste pour ma part.