La Nuit des juges
États-Unis : 1983
Titre original : The star chamber
Réalisation : Peter Hyams
Scénario : Peter Hyams, Roderick Taylor
Acteurs : Michael Douglas, Hal Holbrook, Yaphet Kotto
Éditeur : L’atelier d’images
Durée : 1h48
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 4 janvier 1984
Date de sortie DVD/BR : 1 octobre 2019
Contraint de relaxer plusieurs criminels dangereux, le juge Steve Hardin est poussé à bout par l’impuissance de la justice. Il découvre alors l’existence d’un tribunal secret regroupant des confrères influents, déterminés à prononcer et faire exécuter les peines capitales pour ces coupables qui ont échappé au système. Cet idéaliste se retrouve face à un véritable cas de conscience…
Le film
[5/5]
Peter Hyams s’est, au fil des films, façonné une image de cinéaste bourrin et habile, indéniablement sympathique. S’il ne tourne plus beaucoup ces dernières années, un regard sur sa filmographie nous confirme que Peter Hyams possède un don bien réel pour mettre en boite des films populaires diablement efficaces, même s’ils n’ont évidemment pas tous forcément marqué les mémoires avec la même intensité. Mais à la différence d’un cinéaste tel que Russell Mulcahy, qui a explosé à peu près à la même époque mais qui s’est vite laissé dépasser par ses sujets – et n’a finalement livré en 20 ans qu’une enfilade de nanars au cœur desquels on a bien du mal à sauver une poignée de films – Hyams s’est spécialisé au fil des films dans les actioners simples et secs, notamment ceux qu’il a tourné avec Jean-Claude Van Damme, les brutaux Timecop et Mort subite.
Mais il n’en a pas toujours été ainsi, et redécouvrir aujourd’hui les débuts de réalisateur de Peter Hyams devrait en surprendre plus d’un, et aura assurément de quoi impressionner les mémoires cinéphiles de façon durable. Déjà en 1974 avec Les casseurs de gangs, démarcation brutale de French connection, il s’imposait comme un élève soigneux de William Friedkin ; Capricorn One (1978) et Outland – Loin de la Terre (1981) confirmeraient ensuite cette excellente première impression, avec une volonté de traiter la SF de façon drastique, avec sobriété et réalisme. Mais le meilleur restait encore à venir…
Sorti sur les écrans du monde entier en 1983, La nuit des juges marque le retour de Peter Hyams au polar, par le biais d’une intrigue centrée sur les rouages obscurs de la machine judiciaire américaine. Ouvertement contestataire, pointant du doigt les dysfonctionnements gravissimes de la justice US, le film de Peter Hyams nous propose une plongée immersive et révoltante au cœur d’un système corrompu où sous prétexte d’un vice de forme, un tueur peut se retrouver libre de continuer sa dégueulasse besogne sans être inquiété. Alors bien sûr, à l’image de films tels que Un justicier dans la ville (Michael Winner, 1974) Exterminator : Le droit de tuer (James Glickenhaus, 1980) ou Vigilante (William Lustig, 1983), La nuit des juges pourra certes afficher les atours d’un film réactionnaire, prônant la loi du talion et une justice pour le moins expéditive. Pour autant, le film atteint son but de manière tout à fait remarquable, proposant une montée en tension – et en indignation – allant crescendo et attirant à lui tous les suffrages, si tant est bien-sûr que vous soyez sensible à ce genre de récit.
Carré et solidement mis en scène et en images, grâce notamment au soin maniaque apporté à la photo du métrage signée Richard Hannah, La nuit des juges s’avère porté par une montée en tension sans faille, un casting solide (Michael Douglas, Hal Holbrook et Yaphet Kotto sont littéralement impeccables) et une bande originale extraordinaire signée Michael Small (compositeur méconnu mais collaborateur régulier d’Alan J. Pakula). En deux mots comme en cent, le film s’impose sans peine comme l’un des meilleurs films de Peter Hyams, même si le manque de diffusion semble le condamner à rester toujours aussi injustement dans l’ombre. Pourtant, La nuit des juges apparaît comme toujours aussi moderne de nos jours, et réussit à traverser les décennies sans prendre le moindre coup de vieux. Une sacrée claque !
Le Blu-ray
[4,5/5]
C’est L’atelier d’images qui nous propose aujourd’hui de voir et revoir La nuit des juges, petit classique oublié de Peter Hyams, sur galette Haute-Définition : ça sera là l’occasion pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu de rattraper cette lacune et de se faire leur propre idée sur ce film décidément puissant et inclassable. Et pour ce faire, L’atelier d’images a tout particulièrement soigné son Blu-ray, qui propose une image précise, avec des couleurs qui pètent et des contrastes nickel. Le grain cinéma est pleinement respecté, même s’il est peut-être un poil trop accentué sur les scènes les plus sombres. Néanmoins, La nuit des juges s’offre sans conteste une très belle galette HD. Côté son, le mixage de la version originale est proposé en DTS-HD Master Audio 5.1 et s’avère bien enveloppant, dynamique et vraiment punchy. La version française, proposée avec son doublage d’origine (avec notamment les voix de Marc Cassot et Med Hondo, mais – une fois n’est pas coutume – la voix française de Michael Douglas ne sera pas assurée par Patrick Floersheim mais par Georges Poujouly), s’impose quant à elle dans un solide mixage DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine, fidèle à la façon dont on connaît le film depuis de nombreuses années maintenant.
Dans la section suppléments, l’éditeur nous propose, outre la traditionnelle bande-annonce d’époque, une très riche présentation du film par Philippe Guedj, journaliste cinéma sur Le Point Pop, le site du Point entièrement dédié à la culture populaire. Très complète, cette analyse du film d’une durée de 52 minutes reviendra sur le mélange des genres pratiqué par l’intrigue, replacera La nuit des juges dans la carrière de Peter Hyams (plutôt que l’habituelle trilogie de science-fiction Capricorn One / Outland / 2010, il propose une trilogie « du complot » ou du simulacre composée par Capricorn One / Outland / La nuit des juges), avant de revenir sur le casting du film : Michael Douglas bien sûr, mais également les seconds-rôles Hal Holbrook, Yaphet Kotto, Don Calfa, Joe Regalbuto, James B. Sikking ou Sharon Gless. Il s’attardera également de façon remarquable sur la sublime photo du film ainsi que sur sa musique. Du beau travail !
On notera également que le Blu-ray de La nuit des juges édité par L’atelier d’images est présenté dans un superbe Steelbook aux couleurs du film.