La momie
États-Unis : 2017
Titre original : The mummy
Réalisateur : Alex Kurtzman
Scénario : David Koepp, Christopher McQuarrie, Dylan Kussman
Acteurs : Tom Cruise, Sofia Boutella, Annabelle Wallis
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h50
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 14 juin 2017
Date de sortie DVD : 24 octobre 2017
Bien qu’elle ait été consciencieusement enterrée dans un tombeau au fin fond d’un insondable désert, une princesse de l’ancienne Égypte, dont le destin lui a été injustement ravi, revient à la vie et va déverser sur notre monde des siècles de rancœurs accumulées et de terreur dépassant l’entendement humain. Des sables du Moyen Orient aux pavés de Londres en passant par les ténébreux labyrinthes d’antiques tombeaux dérobés, La Momie nous transporte dans un monde à la fois terrifiant et merveilleux, peuplé de monstres et de divinités, dépoussiérant au passage un mythe vieux comme le monde…
Le film
[3,5/5]
La gestion d’un Blockbuster, de son tournage à sa sortie, est tout un Art. Infos, annonces, trailers, entretiens avec le casting, promo, date de sortie… La distillation des différents éléments de promo et le calcul savant du « bon moment » pour la sortie en salles détermineront à coup sûr une partie du succès du film. Si la conjonction des éléments est parfois favorable au film, qui bénéficie d’entrée de jeu d’un « buzz » positif, dans le cas de La momie, tout est allé de travers, et le film s’est essuyé un bide monumental aux États-Unis : 80 millions de dollars de recettes, pour un budget de 125. Panique chez Universal, qui espérait relancer avec ce film sa franchise « Dark Universe », univers étendu autour des films de monstres de la Universal, trois ans après le four de Dracula untold, qui était déjà censé lancer le bouzin en 2014. Les exécutifs du studio seront prompts à mettre l’insuccès du film sur le dos de Tom Cruise et de son obsession du contrôle, considérée comme intrusive et responsable de l’échec de La momie. Peu importe finalement si cette justification paraît absurde : en effet, Tom Cruise semble depuis une quinzaine d’années contrôler de cette façon tous les films dans lesquels il tourne (notamment la franchise Mission : Impossible), tout en continuant à prendre des risques et en livrant avec une régularité de métronome des films absolument gigantesques, qui devinrent le plus souvent d’immenses succès au box-office.
La critique française « respectable », toujours encline à saisir au vol un bouc émissaire à qui en mettre plein la gueule pendant une trentaine de jours, s’est donc rapidement acharnée sur La momie, cible facile, histoire de préparer avec un peu d’avance les « Flops » de fin d’année en balançant des tonnes de tweets et statuts incendiaires sur les réseaux sociaux. Le script de Christopher McQuarrie, David Koepp et Dylan Kussman est qualifié de « stupide », on critique le mélange fantastique / humour, trouve le film « épuisant », « foutraque », etc, etc. Parallèlement, Wonder Woman, un autre blockbuster sorti approximativement à la même période, sera louangé de toutes parts, malgré des effets spéciaux à moitié terminés, le même mélange de gravité et d’humour potache et surtout un script totalement con au coeur duquel une héroïne traverse les champs de bataille en bikini en n’essuyant que des tirs au niveau de ses bras et où l’on croise dans le décor une péniche nommée « Édith Piaf » en 1918. Mais revenons à La momie. Bien sûr, on a quand même lu parmi le flot de critiques négatives quelques rares magazines sortant de « l’esprit de secte » pour livrer quelques avis plus modérés et positifs (Les inrocks, Télérama, Le journal du Dimanche). De toutes façons, malgré l’acharnement critique à son encontre, largement suivi par une partie des blogueurs inondant les réseaux, le film a tout de même réuni 1,4 millions de spectateurs dans les salles françaises, et accumulé plus de 400 millions de dollars de recettes dans le monde entier, avant même son exploitation vidéo. Il y a donc fort à parier qu’au final, La momie aura multiplié son budget initial par quatre, ce qui reste une bonne affaire pour Universal, et permettra donc probablement de lancer la production de La fiancée de Frankenstein, deuxième film du « Dark Universe » et réalisé par Bill Condon, que l’on sait fan de James Whale depuis sa déclaration d’amour au cinéaste avec Ni dieux ni démons en 1998.
Pour peu que l’on ne soit pas allergique aux blockbusters américains, La momie est en effet un excellent divertissement, un film « popcorn » qui ne mérite aucunement l’acharnement médiatique dont il a été la cible. Certes, on remarquera de petits problèmes d’écriture sur certains personnages, mal introduits et/ou mal exploités, tels que celui Jake Johnson (Chris, le fantôme que l’on croirait sorti du Loup-garou de Londres) ou de Russell Crowe (qui campe un Dr Jekyll / Mr Hyde pas forcément très convaincant). Mais dans l’ensemble, le film parvient à convaincre le spectateur, et remplit pleinement sa fonction de divertissement. En effet, La momie enchaîne les rebondissements avec un sens du rythme remarquable, déploie un panel d’effets spéciaux littéralement bluffants, s’avère occasionnellement très amusant (le premier affrontement entre Cruise et la momie, avec Annabelle Wallis scandant « Casse-lui la gueule ! » en arrière-plan est assez irrésistible) et propose des cascades littéralement épiques, que l’on croirait issues d’un épisode de Mission : Impossible. Le film d’Alex Kurtzman fait également preuve d’une belle volonté de dépaysement (surtout dans son premier tiers), en ne laissant pas de côté l’aspect « aventures » qui avait fait le succès de la trilogie de Stephen Sommers. On sourit également régulièrement à la découverte des multiples clins d’yeux et autres références aux Universal Monsters. Et bien sûr il y a cette fameuse « momie ». Bénéficiant d’un design visuel impressionnant, la créature est clairement mise en valeur par la photographie magnifique de Ben Seresin, qui sublime également les décors et les passages les plus « iconiques » ; le sens du cadre de l’inconnu Alex Kurtzman termine de faire de La momie un grand spectacle de qualité, mêlant fantastique et humour avec un certain brio.
Le Blu-ray
[5/5]
C’est bien sûr Universal Pictures qui édite aujourd’hui le Blu-ray de La momie, et comme à son habitude, l’éditeur nous livre une galette techniquement impeccable. Le master est d’une superbe précision, affichant un piqué d’une précision absolue, des couleurs incroyables, des contrastes solides et des noirs solides et profonds. Les (nombreuses) scènes nocturnes ne font preuve d’aucun signe de faiblesse : du travail d’orfèvre. Côté son, Universal Pictures fait très fort puisque le film bénéficie d’une piste Dolby Atmos à la fois en version originale ET en version française. Les amplis non compatibles décoderont ces deux pistes tonitruantes en Dolby TrueHD 5.1. Les deux mixages s’avèrent donc d’un dynamisme échevelé, surtout sur les scènes d’action naturellement, et quand les éléments commencent à se déchaîner durant la dernière bobine, tous les canaux y vont de leur puissance et le caisson de basses sollicité à intervalles très réguliers. Le film étant déjà très impressionnant, ce mixage ajoute encore à l’ambiance et participe pleinement à l’immersion du spectateur au cœur du film. Un sans-faute absolu !
Du côté des suppléments, outre le commentaire audio du réalisateur Alex Kurtzman, accompagné des acteurs Sofia Boutella, Annabelle Wallis et Jake Johnson, on retrouvera avec plaisir les différents modules de making of et autres featurettes carrées et informatives made in Universal. La plupart reviennent, interviews à l’appui, sur la dimension épique du film, avec notamment un sujet sur le tournage en gravité zéro de la scène du crash d’avion, sur les personnages (Ahmanet, le Dr.Jekyll, Nick Morton…), l’attachement à garder un certain « réalisme » dans les scènes d’action et le design de la momie. Plusieurs featurettes reviennent également sur la personnalité et l’implication de Tom Cruise sur le tournage, qui se ressent également dans le module de conversation entre Cruise et Kurtzman, durant lequel l’acteur nous livre son show habituel. On poursuivra ensuite avec une courte série de scènes coupées ou étendues, et on terminera avec une très intéressante bande dessinée animée intitulée « La renaissance d’Ahmanet ».