La Course à la mort de l’an 2000
États-Unis : 1975
Titre original : Death Race 2000
Réalisation : Paul Bartel
Scénario : Robert Thom, Charles B. Griffith
Acteurs : David Carradine, Simone Griffeth, Sylvester Stallone
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h20
Genre : Action, Comédie
Date de sortie cinéma : 16 juin 1976
Date de sortie DVD/BR : 23 août 2022
Provinces-Unies d’Amérique, an 2000. La vingtième édition de la Course Transcontinentale est sur le point d’être lancée. Cinq bolides conduits par un couple pilote-navigateur doivent traverser le pays d’est en ouest et marquer le plus de points… en écrasant des piétons ! Le jeune fougueux Machine Gun Joe est déterminé à s’imposer face au héros national Frankenstein. Mais les participants ignorent qu’un groupe de résistants s’est formé afin de mettre un terme à cette ignoble course…
Le film
[4/5]
Le recours à la science-fiction dystopique, qui se base sur une représentation du futur ouvertement négative en extrapolant sur certaines dérives sociales, éthiques, économiques ou écologiques du monde dans lequel nous vivons, a eu son heure de gloire dans le cinéma américain des années 70. Profondément marquée par le scandale du Watergate (1972-1974), par la débâcle de la guerre du Vietnam ou encore par le premier choc pétrolier de 1973, le cinéma américain voit l’avenir en noir, sur un mode cynique et désabusé, ne semblant plus guère entretenir d’espoir vis-à-vis des puissants de ce monde.
Même s’il s’avère ouvertement comique dans ses excès, voire même cartoonesque (impossible de ne pas penser aux Fous du Volant de Hanna et Barbera), La Course à la mort de l’An 2000 s’inscrit tout de même pleinement dans cette vague de films. Plus subversif qu’il n’en a l’air, le film de Paul Bartel transportait le spectateur de 1975 en l’an 2000 : après une sévère crise économique, les États-Unis y sont devenus les Provinces-Unies, une dictature régie par un Président omnipotent. Pour contenter les masses, comme à l’époque des jeux du cirque (ou comme avec le Rollerball), on leur donne la Course Transcontinentale, une longue course automobile ralliant New York à Los Angeles. Le but pour les participants est d’obtenir un maximum de points, notamment en écrasant des piétons, qui sont classés par catégories (un enfant ou un vieillard rapporte plus de points qu’un adulte). Cinq concurrents sont en course, et chacun d’entre eux est associé à un copilote de sexe opposé. Et comme chaque année, le favori de l’épreuve est Frankenstein (David Carradine), coureur recouvert de cuir de la tête aux pieds, notamment pour cacher les cicatrices qui lui ont valu sa renommée.
La Course à la mort de l’An 2000 est donc un sport automobile barbare, mais la compétition érigée en cause nationale semble représenter pour la classe dominante le seul moyen de canaliser les colères et les frustrations du peuple. Le postulat de départ, fort similaire à celui de Rollerball, sorti la même année, est tiré d’une nouvelle d’Ib Melchior intitulée « The Racer », qui s’avérait très sérieuse et premier degré. Cependant, sous l’impulsion de Paul Bartel et de ses scénaristes Chuck Griffith et Robert Thom, le film prendrait rapidement des allures de satire féroce, aux relents absurdes, iconoclastes et politiquement incorrects. Menée à cent à l’heure, cette production Roger Corman sponsorisée par Acme nous propose ainsi une réjouissante charge à l’encontre des dérives voyeuristes de la TV trash et du déclin des valeurs traditionnelles, mais pointe également du doigt le culte autour du monde du sport, et les personnalités montées de toutes pièces pour devenir des idoles. Carrément grotesques, les pilotes de La Course à la mort de l’An 2000 sont ainsi représentés comme de véritables caricatures : on trouvera l’empereur romain Néron (Martin Kove), la cow-girl Calamity Jane (Mary Woronov), la valkyrie nazie (Roberta Collins), la monstre de Frankenstein (David Carradine) et le gangster tout droit sorti de la prohibition (Sylvester Stallone).
Inventif et irrévérencieux, La Course à la mort de l’An 2000 a certes pris un petit coup de vieux d’un strict point de vue visuel. Mais derrière le kitsch de façade se cache bel et bien un authentique brûlot conscientisé, à la fois rigolard et complaisant, ringard et brillant. Techniquement, le film est encore très solide, même si le montage est un peu bâclé. Les acteurs sont bons, et le réalisateur Paul Bartel met en scène cette vaste fuite en avant avec suffisamment de style et de savoir-faire pour que le film tourne à plein régime pendant ses nombreuses scènes d’action, et emmène le spectateur avec lui pendant une heure vingt de délire motorisé.
Le Blu-ray
[4/5]
Six ans après la première salve de Blu-ray / DVD édités au sein de la « Midnight Collection », Carlotta Films nous propose aujourd’hui une nouvelles sélection de films issus de nos souvenirs humides de vidéoclubs. En effet, pour ceux qui n’auraient pas suivi, l’idée forte de la « Midnight Collection » est de nous faire redécouvrir une poignée de films cultes des années 70/80, le tout étant présenté dans des visuels des DVD / Blu-ray qui reprennent l’esprit des jaquettes VHS d’époque.
Carlotta nous propose donc aujourd’hui de (re)découvrir La Course à la mort de l’An 2000 dans un Blu-ray proposé au format respecté et encodé en 1080p. Côté image, le master comporte encore quelques petits défauts, telles que des petites tâches et/ ou griffes, mais dans l’ensemble, le piqué est d’une belle précision, le grain argentique (très prononcé) a été scrupuleusement préservé, même s’il est naturellement un peu plus épais pendant les séquences nocturnes ou en basse lumière.
Côté son, la VO et la VF d’origine sont proposées en DTS-HD Master Audio 1.0, toutes deux s’avérant parfaitement claires et relativement stables. Dans la section suppléments, on ne trouvera que la traditionnelle bande-annonce du film.
La Course à la mort de l’An 2000 est officiellement inédit en France au format Blu-ray, et il s’agit d’un des arguments de vente de Carlotta Films. Pour autant, on soulignera l’existence d’une « première » édition de La Course à la mort de l’An 2000 en France. Le film était en effet disponible depuis 2011 dans une édition Blu-ray pirate vendue – de façon assez scandaleuse – dans la grande distribution (Leclerc, Auchan). Death Race 2000 faisait partie, avec des films tels que King of New York, Short circuit, The Gate, The last starfighter ou Running man, de cette vague de films édités par les boites « fantômes » Rone et Fusion de façon tout à fait illicite, sans paiement préalable des droits des films.