La colonie
Allemagne, Suisse : 2021
Titre original : Tides
Réalisation : Tim Fehlbaum
Scénario : Tim Fehlbaum, Jo Rogers, Tim Trachte…
Acteurs : Nora Arnezeder, Sarah-Sofie Boussnina, Iain Glen
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Genre : Science-Fiction
Durée : 1h44
Date de sortie DVD/BR : 20 septembre 2021
Dans un avenir proche. Après qu’une catastrophe mondiale ait anéanti presque toute l’humanité, l’astronaute Blake est renvoyée sur Terre depuis la colonie spatiale Kepler pour vérifier si la Terre est redevenue habitable. Sur place, elle découvre d’étranges survivants…
Le film
[3,5/5]
Il y a une dizaine d’années, les éditeurs vidéo proposaient encore régulièrement au consommateur une large sélection de « Direct To Video » venus de tous les pays du monde, et faisant les délices des amoureux de cinéma de genre. Sous l’impulsion de Netflix, le grand fossoyeur du DVD / Blu-ray en France, les ventes dans le domaine de la vidéo physique ont malheureusement beaucoup décliné, et les éditeurs doivent aujourd’hui survivre avec les miettes d’un marché en chute libre, dominé par les Steelbooks et autres « belles éditions » à destination des collectionneurs.
Du côté du « DTV », la tendance a également changé : les rois de l’action (Scott Adkins, Jean-Claude Van Damme, Dolph Lundgren) et les inédits de l’horreur US la plus extrême ont déserté les linéaires, au profit d’un cinéma de genre beaucoup plus proche de nous, venu d’Europe. L’intérêt des éditeurs pour le cinéma produit par nos voisins européens est sans doute en partie économique, mais également culturel : alors que les français se plaignent régulièrement de la maigre production hexagonale en termes de cinéma de genre, on ne peut en effet s’empêcher d’éprouver une certaine curiosité vis-à-vis de ce qui se fait dans le même domaine autour de nous.
En l’occurrence, le nom de Tim Fehlbaum, réalisateur et scénariste du film de science-fiction La colonie, ne vous est peut-être pas inconnu : il était en effet déjà à la barre du post-nuke Hell en 2011. Son premier long-métrage avait également déjà fait l’objet d’une coproduction entre l’Allemagne et la Suisse. En voilà donc un qui a de la suite dans les idées, et qui est parvenu en l’espace de dix ans à mettre sur pied un nouveau projet de SF intégralement produit en Europe.
La colonie prend donc le parti de mettre en scène une planète Terre dont les ressources ont été totalement pillées au fil des siècles : une terre désolée, où quelques poignées de survivants doivent composer avec les caprices des marées – ils vivent en communauté dans des espèces de campements flottants, dérivant au gré des vagues quand les conditions météorologiques ne leur permettent pas de mettre le pied à terre. On saluera d’entrée de jeu l’originalité du propos, qui s’avère certes inspirée de Waterworld mais qui parvient tout de même sans aucun problème à imposer son identité ; les références à Mad Max 2 sont également nombreuses, mais le récit et les péripéties imaginés par Tim Fehlbaum lui permettent de ne jamais réellement plier sous le poids de ses influences.
La rigueur avec laquelle le cinéaste allemand a conçu son univers à l’écran est vraiment remarquable : les décors, les effets spéciaux et la photo de La colonie sont littéralement somptueux, surtout pour une production aussi modeste. Les éventuelles limites de budget ne viendront à aucun moment titiller le spectateur, l’ensemble est parfaitement cohérent, et la mise en scène suffisamment énergique pour réussir à plonger le public dans l’inconnu – il sera à bien des moments aussi paumé et secoué que l’héroïne du film, incarnée par Nora Arnezeder. Cette dernière est d’ailleurs tellement androgyne que l’on mettra quelques minutes de métrage à déterminer s’il s’agit d’un homme ou d’une femme – on comprendra le choix du cinéaste un peu plus tard dans l’intrigue.
Bien écrit, bien tenu, bien rythmé, La colonie marque clairement une évolution dans la carrière de cinéaste de Tim Fehlbaum. En effet, son premier film, Hell, était une très belle coquille vide, techniquement superbe mais ne parvenant pas réellement à emmener le spectateur avec lui. Avec La colonie, il parvient à nous tenir d’avantage en haleine. Pour autant, cette nouvelle incursion dans la SF souffre toujours un peu de son classicisme forcené, de son manque de folie. En dépit de ses qualités, La colonie ne quitte jamais les chemins balisés du genre, et ne parvient finalement jamais à surprendre le spectateur, qui a plus ou moins toujours un coup d’avance sur l’intrigue. Néanmoins, la splendeur visuelle et la classe qu’il affiche dans quasiment chaque plan rendront à coup sûr La colonie particulièrement attachant pour un grand nombre de spectateurs…
Le Blu-ray
[4/5]
La colonie vient tout juste de sortir chez Metropolitan Vidéo. Côté Blu-ray, la sublime photo de Markus Förderer, complice de longue date de Tim Fehlbaum, est bien rendue par le transfert aux petits oignons mitonné par l’éditeur : le piqué est solide, le niveau de détail assez époustouflant, et les couleurs rendent hommage aux teintes légèrement désaturées voulues par les auteurs du film. Du beau travail ! Niveau son, VF et VO sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1 d’une étonnante sobriété. Néanmoins, l’immersion est excellente – la spatialisation joue la carte de l’ambiance, discrète, mais finalement assez efficace. Pas de bonus.