La Cage
France : 1975
Titre original : –
Réalisation : Pierre Granier-Deferre
Scénario : Pierre Granier-Deferre, Pascal Jardin
Acteurs : Lino Ventura, Ingrid Thulin, William Sabatier
Éditeur : StudioCanal
Durée : 1h30
Genre : Drame, Thriller
Date de sortie cinéma : 11 juin 1975
Date de sortie DVD/BR : 14 juin 2023
Une femme amoureuse imagine un stratagème diabolique pour retenir prisonnier l’homme qui l’a quittée : elle l’enferme dans une cage aux solides barreaux…
Le Film
[4/5]
Souvent critiqué pour l’extrême classicisme de sa mise en scène, Pierre Granier-Deferre n’en demeure pas moins un artisan du cinéma français étant parvenu à marquer son temps, en dépit de sa farouche opposition à la Nouvelle Vague. On ira même jusqu’à affirmer que dans certains cas, le recours du cinéaste à une mise en scène on ne peut plus traditionnelle s’avère une véritable valeur ajoutée à son cinéma : c’est par exemple le cas pour La Cage, un drame psychologique sorti sur les écrans en 1975, et mettant en scène Lino Ventura et Ingrid Thulin.
Ainsi, n’en déplaise à François Truffaut, il convient de noter les vertus d’un certain classicisme formel, et La Cage en est un exemple flagrant : la réalisation de Pierre Granier-Deferre convient ici en effet parfaitement à la tension – et même à l’émotion teintée d’humour noir – distillée tout au long du film par le scénario de ce huis-clos étouffant, signé par Pierre Granier-Deferre et Pascal Jardin à partir de la pièce de théâtre de Jack Jacquine. Le sentiment de claustrophobie développé par le film se voit en effet amplifié par l’utilisation de plans longs, et les champs/contrechamps enchainés par le cinéaste tout au long du récit permettent au spectateur de se familiariser rapidement avec les décors, ainsi qu’avec les limites exiguës des espaces où évoluent les personnages.
Porté par l’interprétation sans faille de ses deux têtes d’affiche, La Cage repose en réalité sur les dialogues et interactions à l’écran entre Lino Ventura et Ingrid Thulin. En dépit de ses longs tunnels de dialogue, le film de Pierre Granier-Deferre parvient à retenir l’attention du spectateur tout au long des quatre-dix minutes que durera leur bras de fer psychologique. Ainsi, et malgré le classicisme formel pour lequel a opté le cinéaste, La Cage évite le piège du simple « théâtre filmé », et ne s’avère jamais vraiment « statique », et encore moins ennuyeux. Lino Ventura est extraordinaire en homme « normal » tentant de faire le point sur sa vie afin de sauver sa peau, et dans le rôle de la dérangée de service, Ingrid Thulin réussit le tour de force de nous apparaître tout à la fois effrayante et profondément attachante dans ce rôle de femme brisée. Remarquable !
Le Blu-ray
[4,5/5]
Grand oublié des carrières de Lino Ventura et de Pierre Granier-Deferre, La Cage débarque finalement aujourd’hui dans une belle édition Blu-ray que beaucoup de cinéphiles attendaient de pied ferme. Le film intègre donc la collection « Nos Années 70 » dirigée par Jérôme Wybon pour StudioCanal, et côté Blu-ray, c’est du tout bon : La Cage a visiblement bénéficié d’une belle restauration et dès les premiers plans du film, on constatera que le ravalement de façade a été fait avec soin. Le piqué est précis, le grain d’origine a été préservé, et les couleurs sont naturelles. Bref, on est en présence d’un très beau Blu-ray, et du côté des enceintes, c’est la classe également. En effet, La Cage nous est proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine : le rendu acoustique est solide et équilibré, les dialogues clairs et les ambiances bien préservées.
Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord une courte présentation du film par Jérôme Wybon (4 minutes). Ce dernier abordera rapidement la genèse du film et sa place dans la filmographie de Lino Ventura, et explicitera quelques propos tenus par Ventura dans les suppléments. On continuera ensuite avec un reportage d’époque sur le tournage du film (4 minutes), qui permettra au réalisateur ainsi qu’aux deux acteurs principaux de revenir sur le film ainsi que sur leurs personnages. Ce court module sera complété d’un autre reportage d’époque sur le tournage (14 minutes), qui sera l’occasion pour Lino Ventura d’évoquer sa philosophie du métier de producteur et d’aborder ses projets à venir aux États-Unis.