La belle de San Francisco
États-Unis : 1945
Titre original : Flame of Barbary Coast
Réalisation : Joseph Kane
Scénario : Borden Chase
Acteurs : John Wayne, Ann Dvorak, Joseph Schildkraut
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h31
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 19 mai 1948
Date de sortie DVD/BR : 10 août 2020
Cow-boy du Montana, Duke Fergus arrive à San Francisco où il se découvre une passion pour le jeu. Tandis qu’il bat les cartes, il tombe amoureux de la chanteuse Flaxen Terry, la petite amie du patron de saloon qui vient de le plumer. Pour la séduire et l’attirer à lui, il ouvre son propre établissement. C’est à ce moment qu’un tremblement de terre ravage la ville…
Le film
[3,5/5]
Petite société de production spécialisée dans la série B et le western, Republic Pictures a surtout contribué à révéler John Wayne, qui resterait fidèle au studio de 1935 à 1952. Les cinéphiles trop jeunes pour avoir découvert les grandes heures de John Wayne dans les salles mais suffisamment âgés pour avoir assisté à l’explosion du format DVD connaissent forcément le studio Republic Pictures. Parfois même sans en être forcément conscients, d’ailleurs. Mais la Republic Pictures a en effet fait une percée en France au tournant des années 2000 par le biais des Éditions Atlas et de leur fameuse collection « Les plus grands westerns ». Une collection de DVD en dents de scie, oscillant entre le meilleur et le pire, et qui avait finalement usé toutes les patiences en enchaînant mois après moi les films mineurs de John Wayne, tous plus soporifiques les uns que les autres. Ce qui était d’autant plus épuisant que ces films nous étaient le plus souvent servis dans des conditions techniques déplorables.
La belle de San Francisco, qui bénéficie aujourd’hui d’un épatant upgrade technique grâce à Sidonis Calysta, faisait donc à l’origine partie de cette collection, dans un master à gerber. Il faisait d’ailleurs probablement partie du lot que vous avez revendu à un papy western à la brocante il y a quelques années. Aujourd’hui, immanquablement, l’arrivée du film dans la prestigieuse collection « Western de légende », accompagné des présentations de Patrick Brion et de Jean-François Giré vous fera vous interroger : et si presque vingt ans après sa sortie chez Atlas le film méritait une réhabilitation ?
Réalisé en 1945, La belle de San Francisco était en quelque sorte un film « événement » pour la Republic Pictures, dans le sens où on célébrait cette année-là les dix ans d’existence du studio. Pour célébrer cet événement en bonne et due forme, un confortable budget de 600.000 dollars fut alloué au projet, dont la réalisation fut confiée à Joseph Kane, vieux briscard spécialiste du sérial et du western, qui tournait alors une dizaine de westerns à petit budget par an (!) et affichait donc déjà à l’époque une filmographie longue comme ma bite. Secondé par quelques-uns des techniciens les plus solides du studio – notamment Howard et Theodore Lydecker aux effets spéciaux – et bénéficiant d’un planning de tournage s’étalant sur quinze jours, qui permettra à l’équipe du film de créer à l’écran un sympathique tremblement de terre.
On aurait un peu tendance à l’oublier de nos jours, mais ce grand tremblement de terre mis en scène dans la deuxième partie de La belle de San Francisco – et qui constitue d’ailleurs la principale originalité du film – est en fait tiré d’une catastrophe naturelle s’étant vraiment produite en 1906 à San Francisco. Plus de cent ans plus tard, ce tremblement de terre et l’incendie qui en résulta restent parmi les plus grandes catastrophes naturelles ayant touché une grande ville américaine. Cet événement dramatique avait d’ailleurs déjà été évoqué au cinéma avant le film avec John Wayne, dans Frisco Jenny (1932) puis dans San Francisco (1936).
Ayant toujours un train de retard sur les autres, c’est donc seulement en 1945 que Republic Pictures aborderait ce tragique événement. Mais l’entreprise fut largement couronnée de succès, La belle de San Francisco ayant été largement plébiscité par le public à sa sortie. Ce succès est à mettre à l’actif non seulement de la scène de tremblement de terre, mais également de la présence de John Wayne et, peut-être, de la représentation inhabituelle du « méchant » du film (Joseph Schildkraut), beaucoup plus nuancé et moins manichéen que d’habitude – surtout dans les films de John Wayne.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Il n’y a pas à discuter un seul instant : le Blu-ray de La belle de San Francisco édité par Sidonis Calysta marque un upgrade RENVERSANT par rapport à la précédente édition DVD du film, que l’on devait aux Éditions Atlas. La redécouverte du film est totale, et nous confirme que l’on ne connaissait pas réellement le film de Joseph Kane depuis des décennies. Le piqué est d’une belle précision dans l’ensemble, mais son rendu peut logiquement fluctuer d’une séquence à une autre, ce qui est imputable aux conditions de tournage du film en elles-mêmes. Le noir et blanc et les contrastes sont solides, et l’image n’a pas subi les outrages du réducteur de bruit. Du côté des enceintes, la VO et la VF sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, tout à fait satisfaisantes l’une comme l’autre. La version française est plutôt surannée et provoquera immanquablement quelques sourires.
Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord une présentation du film par Patrick Brion (5 minutes). Le boss de la collection « Western de légende » évoquera la longue carrière de Joseph Kane, avant de revenir sur le film, et notamment sur la séquence du tremblement de terre, véritable « sommet du film ». Cependant, il regrette l’utilisation de John Wayne à contre-emploi. On terminera ensuite avec une présentation du film par Jean-François Giré (9 minutes). Il admettra qu’il s’agit là d’un western « de série », mais insiste sur le fait que ce dernier a beaucoup de charme. Il reviendra également sur le fait que le scénario soit signé Borden Chase, grand artisan du western ayant offert au genre une poignée de pépites, ainsi que sur la carrière de Joseph Kane, véritable institution au sein de la Republic Pictures.