L’I.A. du mal
États-Unis : 2024
Titre original : AfrAId
Réalisation : Chris Weitz
Scénario : Chris Weitz
Acteurs : John Cho, Katherine Waterston, Havana Rose Liu
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 1h24
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 28 août 2024
Date de sortie DVD/BR : 8 janvier 2025
Curtis et sa famille sont sélectionnés pour tester un nouvel appareil révolutionnaire : un assistant familial numérique appelé AIA. Rapidement le robot apprend les comportements de la famille et commence à anticiper leurs besoins. Il souhaite s’assurer que rien – ni personne – ne se met en travers du chemin de la famille…
Le film
[3/5]
Comme son titre l’indique, L’IA du mal est un film qui, derrière son appartenance au genre fantastique, interroge le public sur les développements récents en termes d’intelligence artificielle (IA). Cette technologie a en effet fait un tel bond en avant ces dernières années qu’elle soulève aujourd’hui une poignée de problèmes éthiques et philosophiques assez préoccupants. Bien sûr, ces interrogations ne datent pas d’hier, mais elles tendent clairement de nos jours à devenir de véritables sujets de société, dont on trouve aujourd’hui des traces dans de nombreux films, n’appartenant d’ailleurs pas forcément uniquement à la science-fiction ou au fantastique.
Toujours à l’affut d’un concept porteur qui lui permettrait de produire un ou des film(s) à succès en partant d’un budget minime, Jason Blum a dû se régaler à la lecture du pitch de L’IA du mal, dans le sens où « l’entité » contre laquelle vont lutter les personnages du film n’est, ni plus ni moins, qu’une petite boite de plastique lumineuse, comparable aux assistants personnels intelligents de type OK Google ou Amazon Alexa. De fait, « AIA », la méchante IA du film, utilise les méandres du réseau de notre monde ultra-connecté pour atteindre tel ou tel personnage, ce qui, d’un point de vue budgétaire, ne nécessite pas énormément d’investissements. Mieux encore : le fait d’utiliser de simples diodes réagissant selon un code couleur enfantin (bleu = tout va bien, rouge = danger) permet non seulement de faire des économies, mais de plus de faire un clin d’œil à Stanley Kubrick et à son 2001, odyssée de l’espace.
On imagine donc que le projet de L’IA du mal, porté par Chris Weitz qui l’a tout à la fois écrit et réalisé, a dû taper dans l’œil de Jason Blum, qui en l’espace de 25 ans maintenant, est devenu, à l’image de Roger Corman dans les années 70, une personnalité absolument incontournable du fantastique et de l’horreur sur grand écran. Le producteur est ainsi parvenu à faire de Blumhouse Productions un véritable empire, enchainant les films d’horreur à budget restreint, révélant de grands cinéastes (James Wan, Jordan Peele…) et privilégiant la mise en place de concepts forts, qui trouvent souvent une résonnance importante chez les cinéphiles les plus jeunes. S’offrant très régulièrement d’énormes succès dans les salles obscures, Jason Blum n’a cependant jamais changé son fusil d’épaule et se contente encore aujourd’hui de miser sur de petits budgets, ce qui permet aux cinéastes de son cheptel de bénéficier d’une certaine liberté créative, dans les limites bien sûr de leur budget limité.
Il va sans dire que L’IA du mal s’intègre tout à fait dans cette optique de film « concept », davantage porté par un pitch malicieux que par son casting et/ou sa mise en exécution. D’ailleurs, on pourra remarquer que Chris Weitz et son équipe, qui ont commencé le tournage de leur film en décembre 2022, se sont en quelque sorte fait court-circuiter et/ou griller la politesse par Brad Falchuk et le regretté Manny Coto, co-auteurs du script de « Daphne », le deuxième épisode de la troisième saison du show American Horror Stories. Cet épisode utilise pour ainsi dire le même pitch de départ que celui de Chris Weitz, pour un résultat à l’écran fatalement assez similaire. Tout juste pourra-t-on alléguer que la série créée par Ryan Murphy et Brad Falchuk s’adresse sans doute davantage à un public adulte, alors que le public-cible de L’IA du mal est plutôt tourné vers les adolescents.
Le film de Chris Weitz est porté par un casting composé de quelques têtes connues, parmi lesquelles celles de John Cho (que Chris Weitz avait « découvert » en 2000 avec American Pie), Katherine Waterston et David Dastmalchian (The Suicide Squad). Dans les premières minutes du film, on pourra noter un petit clin d’œil au rôle le plus emblématique de John Cho, et qui risque bien de le poursuivre toute sa vie : celui d’Harold dans la franchise Harold & Kumar. En effet, le personnage incarné par Cho dans L’IA du mal a un fils nommé « Cal » – si l’orthographe est différente, la sonorité est la même et il sera bien difficile de ne pas faire le rapprochement avec Kal Penn, l’interprète de Kumar dans la trilogie. Et pour rendre plus menaçante une IA maléfique qui n’a pas de corps, le film lui donnera également une incarnation « physique » sous les traits de Havana Rose Liu, que l’on avait pu repérer dans « Organ », le quatrième épisode de la troisième saison de… American Horror Stories, également écrit par Manny Cotto. La boucle est bouclée !
Le Blu-ray
[4/5]
L’IA du mal vient tout juste d’atteindre les rayons de vos revendeurs, sous les couleurs de Sony Pictures. Côté master, l’éditeur démontre à nouveau son extraordinaire savoir-faire technique, et nous livre ici une véritable galette de démonstration, à la définition et au piqué d’une précision excellente, offrant également des couleurs littéralement explosives et des contrastes soignés. Le niveau de détail est époustouflant, la superbe photo signée de l’excellent Javier Aguirresarobe ressort parfaitement en Haute-Définition, avec une précision hallucinante, surtout en ce qui concerne la gestion des noirs, littéralement imparable : on est vraiment en présence d’une galette et d’un master d’exception. Côté son, la version originale ainsi que la version française sont proposées dans d’impressionnants mixages DTS-HD Master Audio 5.1, au rendu ample et dynamique, voire même carrément explosif au niveau des basses : du très beau travail acoustique.
Au rayon des suppléments, Sony Pictures nous propose tout d’abord une sympathique sélection de scènes coupées et/ou alternatives (environ 15 minutes). La plupart s’avèrent assez intéressantes, et ont probablement écartées du montage final soit pour des questions de rythme, soit parce qu’elles en révélaient un peu trop, notamment en ce qui concerne la première apparition de Melody (Havana Rose Liu). On aura également droit à quelques plans supplémentaires sur la livraison d’AIA, à une discussion post-cession d’entreprise un peu plus longue entre Curtis (John Cho) et son patron Marcus (Keith Carradine), à une dispute du couple central plus « intime » ainsi qu’à une intéressante fin alternative, encore un peu plus sombre que celle conservée par Chris Weitz. On terminera le tour des bonus avec un court making of (6 minutes), qui donnera la parole à l’équipe et reviendra sur le concept d’intelligence artificielle.