Jessica Forever
France : 2019
Réalisation : Caroline Poggi, Jonathan Vinel
Scénario : Caroline Poggi, Jonathan Vinel
Acteurs : Aomi Muyock, Sebastian Urzendowsky, Augustin Raguenet
Éditeur : Le pacte
Durée : 1h37
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 1 mai 2019
Date de sortie DVD/BR : 11 septembre 2019
Jessica est une reine mais elle pourrait aussi bien être un chevalier, une mère, une magicienne, une déesse ou une star. Jessica, c’est surtout celle qui a sauvé tous ces enfants perdus, ces garçons solitaires, orphelins et persécutés qui n’ont jamais connu l’amour et qui sont devenus des monstres. Ensemble, ils forment une famille et cherchent à créer un monde dans lequel ils auront le droit de rester vivants…
Le film
[?/5]
Nanar mystique, touchant occasionnellement au sublime d’un strict point de vue formel et pictural, Jessica Forever est un véritable OVNI dans la production cinématographique française contemporaine. Récit de science-fiction dystopique volontairement abscons, le film de Caroline Poggi et Jonathan Vinel brouille constamment les cartes, joue avec les codes et les attentes du spectateur pour, finalement, ne jamais se poser réellement où on l’attend.
Fable absurde du conditionnement sectaire ? Poème naïf et surréaliste à la beauté éthérée ? Mise en évidence de l’infantilisme, du militarisme, de l’irresponsabilité et du consumérisme forcené de la société occidentale ? Pensum vide de sens, pompeux et solennel ? Expérience cinématographique radicale, Jessica forever est un peu tout cela à la fois.
L’essentiel afin d’apprécier le spectacle sera de se laisser porter par cette proposition de cinéma absolument unique, porté par un romantisme et une candeur qui forcent le respect. Bien sûr, si vous vous révélez hermétique à l’univers développé par les deux cinéastes, vous risquez fort de trouver le temps long, voire même de vous laisser envahir par un rire nerveux et incontrôlable. Reste que dans tous les cas, on ne peut que saluer la naissance d’un nouveau duo de cinéastes dont l’œuvre risque bien de diviser un moment.
Le Blu-ray
[5/5]
Vous nous excuserez cette familiarité, mais il fallait une sacrée paire de balloches pour oser proposer Jessica forever sur support Blu-ray. Non seulement parce que le film a terminé sa course dans les salles obscures en réunissant moins de 10.000 spectateurs, mais aussi et surtout parce que comme on le disait quelques lignes au-dessus, il s’agit vraiment d’un film pour le moins singulier, qui sera amené à diviser son public. On salue donc bien bas Le pacte pour cette édition, qui de notre point de vue tient presque commercialement de l’acte kamikaze – il fallait donc une sacrée paire de cojones pour oser éditer cet OVNI filmique qui, formellement, le mérite cependant largement. Jessica forever sort donc ces jours-ci sur support Blu-ray, et il fallait bien ce support pour rendre justice aux plans superbes composés par Caroline Poggi, Jonathan Vinel et leur directrice de la photo Marine Atlan. L’image – encodée en 1080p – est tout simplement magnifique, précise, bien définie et les couleurs explosent de naturel. La profondeur de champ fait des merveilles, les noirs tiennent la route malgré une légère pixellisation occasionnelle sur les arrière-plans : c’est du très beau travail. Niveau son, le film est proposé dans un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 relativement sobre (le film n’incite pas non plus forcément à la démonstration de force acoustique) mais bien enveloppant et efficace. On notera que l’éditeur propose également un mixage DTS-HD Master Audio 2.0, satisfaisant et plus équilibré si vous regardez le film sur une simple TV, sans Home Cinema.
Du côté des suppléments, les amateurs du cinéma développé par le duo de cinéastes se régaleront avec rien de moins que deux heures de suppléments en Haute Définition ! On commencera avec un entretien avec Caroline Poggi et Jonathan Vinel (38 minutes), au cœur duquel ils reviendront sur leur conception du cinéma ainsi que sur leur rencontre et leurs débuts dans le petit monde du court-métrage. L’interview est très complète et très intéressante. On complétera ce tour du propriétaire avec trois courts-métrages signés Poggi / Vinel : Chiens (2013, 24 minutes), Tant qu’il nous reste des fusils à pompe (2014, 30 minutes) et enfin After school knife fight (2017, 21 minutes). Tous les trois s’avèrent dans la droite lignée de leur long-métrage – l’occasion de se rendre compte de l’évolution de leur style depuis leurs débuts.