Il a déjà tes yeux
France, Belgique : 2017
Titre original : –
Réalisateur : Lucien Jean-Baptiste
Scénario : Marie-Françoise Colombani, Lucien Jean-Baptiste, Sébastien Mounier
Acteurs : Lucien Jean-Baptiste, Aïssa Maïga, Zabou Breitman
Éditeur : TF1 Vidéo
Durée : 1h35
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 18 janvier 2017
Date de sortie DVD/BR : 23 mai 2017
Paul est marié à Sali. Tout irait pour le mieux s’ils arrivaient à avoir un enfant. Jusqu’au jour où Sali reçoit l’appel qu’ils attendent depuis si longtemps : leur dossier d’adoption est approuvé. Il est adorable, il a 6 mois, il s’appelle Benjamin. Il est blond aux yeux bleus et il est blanc. Eux… sont noirs…
Le film
[3,5/5]
Depuis quelques années, le cinéma français, sous l’influence de l’immense popularité d’Omar Sy, a redécouvert ses acteurs et cinéastes noirs. En 2009, avec La première étoile, Lucien Jean-Baptiste réunissait 1,6 millions de français dans les salles ; en 2011 et 2014, Fabrice Eboué et Thomas Ngijol dépassaient également le million d’entrées avec Case Départ et Le crocodile du Botswanga. Début 2017, avec Il a déjà tes yeux, Lucien Jean-Baptiste (encore lui), parvenait à nouveau à attirer 1,3 millions de français vers les salles obscures.
Pour autant, le public noir n’a jamais été vraiment considéré comme une « cible » dans l’hexagone, et que cela soit aujourd’hui ou hier, il n’y a jamais eu, à proprement parler, de « blaxploitation » en France, dans le sens où aucun film n’a jamais, à notre connaissance du moins, tenu le radical discours d’affirmation raciale (forcément très politisé) que véhiculaient les « classiques » de la blaxploitation dans les années 70 aux États-Unis. Ainsi, plutôt que de représenter les « blancs » comme des personnages négatifs et racistes, toujours enclins à opprimer les « noirs », les films français abordant la question de la « blackitude » et mettant en scène des personnages de couleur l’ont toujours fait sous l’angle de la comédie, développant le plus souvent un ton assez uniforme de « feel good movie ». Ces films dans leur ensemble – on pense également, pour les plus anciens, à Black mic mac (Thomas Gilou, 1986) ou à Romuald et Juliette (Coline Serreau, 1989) – sont généralement plutôt tournés vers des idées très « politiquement correctes » d’acceptation et de tolérance, même si on reconnaîtra que les films de Fabrice Eboué et Thomas Ngijol mettent clairement le doigt sur des sujets sensibles.
De sujet sensible, il n’en sera en revanche pas du tout question dans Il a déjà tes yeux, qui permet surtout à Lucien Jean-Baptiste de dresser une galerie de personnages hauts en couleurs, tout en dressant pendant les 90 minutes réglementaires un hymne à la tolérance et aux valeurs de la République. L’acteur / cinéaste a confiance dans le peuple français, capable d’avancer dans le bon sens de façon à ce que chacun trouve sa place, dans l’amour et le respect des autres. Les plus cyniques d’entre nous pourront certes sans aucun doute accuser Il a déjà tes yeux de naïveté, mais le fait est que le film remplit parfaitement son rôle de divertissement en mode « feel good », en partie grâce à ses acteurs (Zabou Breitmann et Vincent Elbaz sont impériaux), mais également grâce à son dernier acte, prenant place à l’hôpital, qui rappellera forcément les ressorts comiques et l’énergie déployée par Patrick Braoudé sur Neuf mois (1994). Patrick Braoudé, qui d’ailleurs, avait commencé en tant que scénariste sur… Black mic mac. La boucle est bouclée !
Le Blu-ray
[4/5]
Côté Blu-ray, comme à son habitude, TF1 Vidéo fait le boulot et nous propose une galette de haute volée. L’image est très belle, avec une définition sans le moindre problème, des couleurs pétantes et un piqué précis : il n’y a quasi rien à redire niveau image. L’éditeur nous propose également un boulot soigné du côté des pistes audio, la version française s’imposant sans peine en DTS-HD Master Audio 5.1, dans un mixage enveloppant et dynamique, prenant toute son ampleur dans les passages les plus « choraux ».
Du côté des suppléments, on trouvera quelques amusants spots tournés par Lucien Jean-Baptiste pour la promotion du film sur le Net, ainsi qu’une série de scènes coupées et/ou étendues, pour la plupart très agréables et prolongeant un peu le plaisir pris devant le film.