Test Blu-ray : Hundreds of Beavers

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Hundreds of Beavers

États-Unis : 2022
Titre original : –
Réalisation : Mike Cheslik
Scénario : Mike Cheslik, Ryland Brickson Cole Tews
Acteurs : Ryland Brickson Cole Tews, Olivia Graves, Doug Mancheski
Éditeur : Doriane Films
Durée : 1h48
Genre : Comédie
Date de sortie DVD/BR : 9 décembre 2024

Dans cette épopée hivernale surnaturelle du 19e siècle, Jean Kayak, un vendeur de jus de pomme ivre doit passer de zéro à héros et devenir le plus grand trappeur d’Amérique du Nord en capturant des centaines de castors…

Le film

[5/5]

On a parfois tendance à qualifier une comédie aux accents surréalistes de « cartoonesque », mais aucun film mettant en scène des personnages réels ne mérite probablement autant ce qualificatif que Hundreds of Beavers. En vérité, il s’agit même sans aucun doute de la raison d’être du film de Mike Cheslik : retrouver dans un film « live » l’essence des dessins animés de Chuck Jones, et en particulier – étant donné le contexte du film – ceux de « Bip Bip et le Coyote ».

Bien sûr, il y a aussi un peu de Monty Python là-dessous, et pas mal de slapstick et de burlesque, dans le sens où Hundreds of Beavers reprend la forme et les codes des films de l’époque du muet, mais la vraie nature du film, c’est de proposer au public un grand cartoon live, bien débile et volontiers enfantin, avec des acteurs de chair et d’os. Et mine de rien, derrière l’aspect potache de la production, volontiers mis en avant par ses auteurs (qui, lors de la tournée américaine du film, on fait de chaque projection un happening humoristique totalement déjanté), la mise en chantier d’un tel projet représente un véritable défi cinématographique, que Mike Cheslik et son acteur principal / coscénariste Ryland Brickson Cole Tews ont réussi haut la main.

Car le fait est que Hundreds of Beavers va bien au-delà du simple court-métrage décalé tourné entre potes et faisant le buzz sur Internet : il s’agit bel et bien d’un vrai film de cinéma, totalement barré et à 100% original qui, dans sa radicalité et son refus forcené de la moindre concession commerciale et/ou grand public, pourra s’imposer comme un équivalent dans le genre comique de ce que propose l’américain Robert Eggers depuis une dizaine d’années dans le domaine de l’horreur. En d’autres termes, Mike Cheslik fait « son truc », et il le fait jusqu’au bout, détournant avec une habileté folle toutes les contraintes budgétaires afin de nous offrir « sa » vision artistique, « son » truc à lui, qui ne ressemble à aucun autre.

Alors voilà, vous vous dites peut-être qu’il peut paraître un peu étrange, voire même un peu déplacé, d’évoquer aussi sérieusement un film aussi con que Hundreds of Beavers. Mais qu’on le veuille ou non, faire rire est une affaire sérieuse, et Mike Cheslik nous propose avec son premier long-métrage quelque-chose qui dépasse de très loin le délire éthylique avec des gars déguisés en castors, et qui touche véritablement au génie absolu – on est ici en présence d’une œuvre qui pourrait être amenée à faire date, de la même manière que celles tournées par les Monty Python dans les années 70/80 (le Flying Circus, Sacré Graal, La Vie de Brian, Le Sens de la vie) ou des premières œuvres tournées par les ZAZ (Y a-t-il un pilote dans l’avion, Top Secret, Y a-t-il un flic pour sauver la reine).

Ainsi, et contre toute attente, on n’hésitera pas à parler de chef d’œuvre en évoquant Hundreds of Beavers, car derrière le non-sens permanent, Mike Cheslik fait les choses avec le plus grand sérieux, faisant même preuve d’une créativité remarquable en dépit de son budget étriqué, et utilisant tout ce qu’il peut pour donner vie à cette guerre de l’homme contre l’animal (lapins, ratons laveurs, poissons, castors, loups, pic vert), prenant parfois des allures de véritable épopée fantastique, sauvage, et qui pourra sans aucun doute également paraître vaguement épuisante à certains spectateurs. Parce que comme on l’a dit un peu plus haut, Mike Cheslik fait son truc et il le fait à fond – son film ne dure ainsi pas 70 ou 80 minutes, mais bel et bien 108 minutes. 1h48 de folie et d’humour, portées par la performance hallucinée et infatigable de Ryland Brickson Cole Tews.

En plus du formidable film de Mike Cheslik, le Blu-ray de Hundreds of Beavers édité par Doriane Films propose également au public français de découvrir le long-métrage Lake Michigan Monster, produit, écrit, réalisé et interprété par Ryland Brickson Cole Tews en 2018. Le film suit l’histoire du capitaine Seafield (interprété par Ryland Brickson Cole Tews lui-même), qui affirme que son père a été enlevé d’un bateau de pêche puis tué par un monstre émergeant des profondeurs du lac Michigan. Il décide donc de réunir l’« équipe du siècle » pour l’aider dans sa quête de venger la mort de son père en tuant la bête. Ces acolytes comprennent l’expert en armement Sean Shaughnessy (Erick West), l’opérateur de sonar Nedge Pepsi (Beulah Peters) et l’ancien marine Dick Flynn (Daniel Long).

Grosso modo, l’intrigue de Lake Michigan Monster mettra en scène un certain nombre de plans afin de tuer le monstre, une nouvelle tentative arrivant inlassablement après l’échec de la précédente. La première partie du film est souvent inventive sur le plan narratif et stylistique, avec une poignée de séquences animées et beaucoup, beaucoup d’idées visuelles et de cadrages décalés. L’ensemble présente tout de même un petit « ventre mou » en son milieu ; c’est régulièrement assez drôle mais un poil répétitif. Néanmoins, on ne trouvera pas vraiment le temps de s’ennuyer, car le film est très court, et, surtout, parce que son dernier acte bascule dans un délire si totalement surréaliste qu’il nous fera oublier toutes les réserves que l’on aura pu émettre jusque-là !

Le Blu-ray

[5/5]

Hundreds of Beavers est disponible depuis le mois de décembre au format Blu-ray, sous les couleurs de Doriane Films. Le film de Mike Cheslik est d’ailleurs couplé à l’excellent Lake Michigan Monster, tourné quatre ans auparavant mais partageant le même esprit absurde de fusion entre le burlesque et le cartoon. Nous pouvons donc enfin découvrir ces deux comédies délirantes et inventives dans la meilleure définition possible. Et le fait est qu’en dépit de son noir et blanc volontairement granuleux et old-school, le Blu-ray nous propose des transferts 1080p qui mettent en valeur chaque détail avec une belle précision, et permettent à l’esthétique cartoonesque des deux films de briller avec une clarté inégalée. Le noir et blanc est particulièrement mis en valeur grâce à une gestion des contrastes très solide, et une palette qui n’apparaît jamais ni trop sombre ni trop lumineuse, ce qui permet à la texture visuelle du film de rester aussi dynamiques que délicates.

Côté son, les deux films sont proposés en DTS-HD Master Audio 5.1, et ces mixages multicanaux s’avèrent à la hauteur de l’expérience immersive des deux films, et rendent un vibrant hommage au travail abattu en ce concerne leur « Sound Design ». Et bien que Hundreds of Beavers utilise les codes du cinéma muet, la piste audio met en évidence toute l’attention portée par le film aux effets sonores et à la musique, qui sont déployés avec précision et inventivité, soulignant encore davantage l’esthétique fantaisiste et cartoonesque du film. On notera par ailleurs que les deux films sont également proposés en DTS-HD Master Audio 2.0, qui s’avérera l’option la plus naturelle et cohérente si vous n’utilisez pas de système de spatialisation sonore.

Du côté des suppléments, chaque film nous est proposé avec deux pistes de commentaires audio différentes : la première est enregistrée « sobre », la deuxième est « arrosée ». Dans le premier commentaire, les intervenants discutent de la réalisation du film, et nous fourniront tout un tas d’informations sur les coulisses. On entend les canettes de bière commencer à s’ouvrir. Durant le deuxième commentaire, tout le monde n’est certes pas totalement torché, mais un peu plus détendu, et les intervenants continuent de parler du film tout en buvant et en riant davantage. Les intervenants sur les commentaires audio de Hundreds of Beavers sont, entre autres, Mike Cheslik, Jay Brown, Erick West, Ryland Brickson Cole Tews et Daniel Long. Sur ceux de Lake Michigan Monster, on trouvera à peu de choses près les mêmes personnes, à savoir Ryland Brickson Cole Tews, Daniel Long, Beulah Peters, Erick West et Mike Cheslik.

Chaque film est également accompagné de sa bande-annonce, et dans le cas de Hundreds of Beavers, on trouvera une featurette revenant sur la tournée américaine du film (8 minutes), suivant l’équipe du film tout au long d’une série de projections et échanges avec le public, tournant évidemment au happening quand les membres de l’équipe se rendent compte que des castors se sont infiltrés dans le public et entreprennent de leur casser la gueule. Plutôt amusant !

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