Heat – Director’s Definitive Edition
États-Unis : 1995
Titre original : –
Réalisateur : Michael Mann
Scénario : Michael Mann
Acteurs : Al Pacino, Robert De Niro, Val Kilmer
Éditeur : 20th Century Fox
Durée : 2h50
Genre : Policier, Thriller
Date de sortie cinéma : 21 févier 1996
Date de sortie DVD/BR : 22 février 2017
Neil McCauley est un criminel orgueilleux et indépendant. Au cours d’un hold-up spectaculaire, Waingro, un complice de fraîche date, craque et abat les convoyeurs. Furieux, Neil décide de le liquider, mais l’homme s’enfuit. Pour coincer Neil, on lance à ses trousses le lieutenant Hanna, un pro aguerri qui ne vit que pour son métier…
Le film
[5/5]
Dés sa sortie en 1995, Heat a tout de suite été considéré par la critique internationale comme un classique immédiat, « LA » référence en matière de film policier et l’aboutissement ultime de la carrière de Michael Mann. Si quelques voix dissonantes s’élevaient à l’époque, c’était le plus souvent pour exprimer une préférence presque irrationnelle pour Le Solitaire (1981) ou Manhunter (1986), comme on peut préférer un « premier jet », un croquis ou un « brouillon » à une œuvre terminée qui, dans sa perfection formelle, a quelque chose de plus définitif, de plus universel peut-être, qui pourra paradoxalement toucher un peu moins certains spectateurs. Tout est une question de sensibilité : l’influence de William Friedkin, ou des années 80 en général, indissociables du rendu final de Manhunter, ne sont plus par exemple perceptibles qu’en de très rares instants dans Heat, le style de Michael Mann s’étant très affiné en dix ans…
Si tout le monde semblait déjà reconnaître la nature de chef d’œuvre de Heat en 1995, il s’agissait pourtant d’une illusion : pour une nouvelle génération de cinéphiles, natifs de 1975 à 1982, la vision du polar américain avait été bouleversée à jamais par Reservoir dogs (1992), puis par la vague de thrillers écrits/imaginés par Quentin Tarantino, ou tournés en adoptant ce nouveau point de vue, iconoclaste, violent et cool. Il y a fort à parier pour que de nombreux cinéphiles en herbe ayant découvert Heat à l’adolescence aient rejeté, à l’image de l’auteur de ces lignes, cette histoire aux allures de tragédie antique, autant que la vision old school et pleine d’emphase des relations entre flics et truands développée par Michael Mann, basée sur l’honneur, le respect mutuel et la grandeur d’âme.
Cependant, le temps remplit son office et ceux qui, il y a vingt ans, trouvaient Heat aussi long que vain et prétentieux, se verront sans doute aujourd’hui contraints de réviser leur jugement, et de se rendre à l’évidence en faisant leur mea culpa : avec ce film, Michael Mann signait non seulement un grand film, mais peut-être également le plus grand chef d’œuvre du cinéma policier des années 90. Les deux monstres sacrés du genre, Robert De Niro et Al Pacino, s’affrontent et se confondent presque, comme les deux faces opposées d’une même pièce, dans une intrigue qui les enferme dans leurs métiers autant que dans leur maîtrise professionnelle (« I don’t know how to do anything else » – « Neither do I »), tels des fantômes solitaires, des spectres à la poursuite d’eux-mêmes, déprimés et solitaires, et qui gardent cependant à l’esprit le rêve de ce qu’ils auraient pu être s’ils s’étaient laissés aller à l’amour.
Si on est toujours en droit, pour de simples questions de spontanéité, de préférer les « brouillons » de Michael Mann (Le solitaire, Manhunter ou encore le téléfilm L.A. Takedown, qui reprend exactement la même histoire), Heat n’en demeure pas moins l’aboutissement de ses quinze premières années de carrière au cinéma : le « digest » le plus maîtrisé de toutes ses obsessions, s’offrant qui plus est une photo sublime et des acteurs en état de grâce. Assurément l’un des films les plus importants des années 90.
Le Blu-ray
[5/5]
Jusqu’ici disponible en Blu-ray chez Warner, Heat change donc d’éditeur à l’occasion de cette « Director’s Definitive Edition » qui célèbre les vingt ans du film. C’est donc 20th Century Fox qui hérite du film de Michael Mann, et nous livre une galette Haute Définition absolument impeccable. Il faut dire aussi que l’éditeur commence à avoir l’habitude en matière de beaux Blu-ray. Il fallait un bon savoir-faire technique pour réussir à proposer un beau rendu sur un film tel que Heat, avec sa photo désaturée signée Dante Spinotti, et l’éditeur s’en sort haut la main : outre une définition et un piqué de haut vol, le master nous propose une gestion des noirs absolument impeccable. C’est un travail littéralement sublime, probablement grâce à l’utilisation d’un master 4K supervisé par le réalisateur lui-même. Côté son, comme d’hab’ on a droit à deux mixages solidement spatialisés : la VO explose en DTS-HD Master Audio 5.1, laissant la part belle aux ambiances, immersives en diable, et la VF doit se contenter d’un mixage en DTS 5.1 : toujours pas de HD à l’horizon donc, mais une version française nettement plus convaincante que le Dolby Digital 5.1 de l’édition Warner de 2009.
Du côté de la section suppléments, outre les suppléments déjà disponibles sur l’édition Warner (un commentaire audio de Michael Mann enfin sous-titré, 10 minutes de scènes coupées, un passionnant making of de quasiment une heure, un retour sur la scène de conversation entre De Niro et Pacino, et une balade dans Los Angeles afin de retrouver les lieux du tournage et les traditionnelles bandes-annonces), on retrouvera avec grand plaisir deux panels de questions / réponses avec Michael Mann, enregistrés à Toronto en 2015 (35 minutes) et à l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences en 2016 (64 minutes). Cela sera l’occasion pour le spectateur de se régaler des propos de Michael Mann, Robert De Niro, Al Pacino et Christopher Nolan. Ils y reviendront entre autres sur le tournage de Heat et les méthodes de Michael Mann, sur les personnages et le style visuel du film ou encore sur son impact dans la culture populaire contemporaine. Une édition plus que complète pour un film époustouflant !