Test Blu-ray : Hana et Alice mènent l’enquête

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Hana et Alice mènent l’enquête

 
Japon : 2015
Titre original : Hana to Arisu satsujin jiken
Réalisateur : Shunji Iwai
Scénario : Shunji Iwai
Acteurs (VO) : Yû Aoi, Anne Suzuki, Shôko Aida
Éditeur : @Anime
Durée : 1h40
Genre : Animation, Comédie
Date de sortie cinéma : 11 mai 2016
Date de sortie Blu-ray : 23 novembre 2016

 

 

Alice intègre un nouveau collège où circule une étrange rumeur concernant un meurtre commis un an plus tôt. La victime est un mystérieux « Judas ». Une de ses camarades de classe et voisine, Hana, vit recluse chez elle. De nombreux commérages courent à son sujet, notamment le fait qu’elle connaîtrait des détails à propos de l’affaire « Judas ». Un jour, Alice pénètre secrètement dans la maison de Hana mais celle-ci l’y attend déjà. Pourquoi Hana vit-elle isolée du monde ? Qui est Judas ? Alice décide de mener l’enquête et se lance dans une aventure qui lui fera découvrir une amitié sincère…

 

 

Le film

[4/5]

Quand Hana et Alice mènent l’enquête est sorti dans les salles françaises en mai dernier (dans un tout petit circuit de 55 salles), de nombreux cinéphiles se sont demandé qui pouvait bien être ce Shunji Iwai, crédité en tant que réalisateur sur ce film d’animation. Tous ? Non ! Car, comme le dit la rengaine célèbre, un petit village d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur. Ce village, c’est Strasbourg, qui avait programmé Vampire, joli film signé Shunji Iwai, lors de l’édition 2011 du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg. Porté par un casting féminin aux petits oignons, Vampire s’avérait un long-métrage étonnant et original, proposant comme son titre l’indique clairement une variation sur le thème archi-rebattu du vampire. Et clairement, cette coproduction américano-japonaise parvenait à emmener le spectateur au gré de son rythme incertain tout en imposant une vraie vision d’auteur, contemplative, poétique et désespérée. Petit détail d’importance : Vampire était un film « live ». Car Hana et Alice mènent l’enquête a beau être le treizième film de cinéma de Shunji Iwai, il s’agit en revanche de son premier film d’animation.

Passer du cinéma traditionnel à l’animation est un cap que d’autres cinéastes ont passé avant Iwai. Mais afin sans doute de ne pas opérer une rupture trop importante dans ses méthodes de travail, le cinéaste japonais a opté pour un procédé relativement peu utilisé : celui de la rotoscopie, qui consiste à redessiner « au dessus » des prises de vue enregistrées avec de véritables acteurs. Parmi les films notables utilisant ce système, on se souvient notamment du Seigneur des Anneaux version Ralph Bakshi (1978), ou des films de Richard Linklater Waking life (2001) et A scanner darkly (2006). Ainsi, le rendu visuel d’Hana et Alice mènent l’enquête s’avère aussi poétique que déroutant – il suffit de jeter un œil aux commentaires des internautes sur Allociné pour se convaincre que la rotoscopie ne fait pas l’unanimité…

Un autre élément marquant fait également office de « passerelle » entre le cinéma traditionnel et l’animation pour Shunji Iwai : le dessin animé qui nous intéresse aujourd’hui est en fait le « prequel » d’un film « live » tourné par le cinéaste en 2004 (et pas du tout un remake comme on peut le lire un peu partout sur la toile). Plus de dix ans après, Anne Suzuki et Yû Aoi, actrices du film original, reprennent donc leurs rôles respectifs d’Hana et Alice. Et dans un pays où l’animation est considéré comme un Art à part entière (ce n’est malheureusement toujours pas le cas en Occident où animation rime encore trop souvent avec « enfants »), cette option permettait de filmer les « débuts » du duo sans avoir recours à d’artificiels effets de « rajeunissement » des deux actrices.

Empruntant dans un premier temps autant au cinéma fantastique qu’au film « d’enquête » traditionnel que son titre français laissait pourtant augurer, Hana et Alice mènent l’enquête ne cache cependant pas longtemps sa véritable nature : celle d’un récit de coming of age prenant la forme d’une flânerie entre deux jeunes filles s’ouvrant leur cœur et se découvrant l’une l’autre. Les deux personnages principaux dégagent d’ailleurs une personnalité attachante, et le spectateur se laissera sans la moindre réserve porter par la beauté visuelle du film, qui développe au fil de sa narration une espèce de « flottement » quasi-onirique très plaisant. Drôle et poétique, Hana et Alice mélange les styles d’animation en un ensemble d’une justesse et d’une beauté visuelle peu conventionnelles et tout à fait surprenantes ; la mise en scène est par ailleurs remarquable, ne cédant jamais à la facilité et dénotant d’un sens du cadre tout à fait épatant. Laissez-vous donc porter par l’expérience !

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

C’est donc chez l’excellent éditeur @Anime qu’est sorti sur support Blu-ray cet excellent Hana et Alice mènent l’enquête. Comme d’habitude avec l’éditeur, pas de mauvaises surprises à l’horizon : l’image est littéralement sublime, avec un piqué d’une précision et des couleurs vives et éclatantes, rendant vraiment honneur au très beau travail sur l’image effectué sur le film. Côté son, VF et VO japonaises sont encodées en DTS-HD Master Audio 5.1, dans des mixages immersifs jouant la carte payante de l’ambiance et des effets de spatialisation discrets.

Du côté des suppléments, on trouvera un entretien avec Mamoto Shinkai, réalisateur de Your name, qui sort dans les salles françaises fin décembre et rencontrera, on l’espère, le succès qu’il mérite après un raz-de-marée au box-office japonais (dix milliards de Yen de recettes !). Le cinéaste et ami de Shunji Iwai revient sur la réussite graphique et narrative de Hana et Alice mènent l’enquête, dont la maitrise semble même l’étonner. L’entretien est détendu et cordial, et tellement intéressant qu’on aurait aimé le voir se prolonger au-delà des 26 minutes qui le composent.

On notera également l’existence d’une édition « Collector » Combo Blu-ray + DVD dans la lignée des luxueux combos déjà édités par @Anime, contenant trois cartes postales ainsi qu’un livret de 20 pages contenant des croquis préparatoires et un entretien avec le réalisateur Shunji Iwai.

 

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